Cet ensemble. Netanyahu n’en veut pas du tout et soutient qu’il faut revenir à la case départ «sans conditions préliminaires», entendre en passant outre non seulement aux engagements de ses prédécesseurs mais encore aux principes de Madrid et à la devise «la terre moyennant la paix». Il fait valoir qu’il n’est tenu à rien du moment qu’aucun accord, aucun point de détail n’a été signé par le gouvernement israélien précédent avec la Syrie, qu’on serait donc là en présence de simples «suggestions verbales», contrairement aux accords d’Oslo conclus avec les Palestiniens. Netanyahu ajoute que sa politique diverge nettement de celle des travaillistes, que c’est sur base de son rejet même des positions de Rabin-Pérès que le peuple de son pays lui a confié le pouvoir et qu’il entend ne pas décevoir son électorat...
Toujours est-il que Rabin en son temps avait posé sinon des conditions du moins des questions: «Le retrait du Golan, avait-il remarqué, on sait ce que c’est exactement; il serait dès lors également bon de savoir comment la Syrie entend la paix complète qui devrait suivre et ce qu’elle compte offrir à Israël en échange de son départ...» Damas avait répondu qu’il admettrait le principe d’une normalisation par étapes dans des secteurs déterminés qui feraient l’objet de négociations précises.
En tout cas, les deux parties avaient remis aux Américains un relevé des points sur lesquels elle étaient tombées d’accord, mais en précisant que cela restait théorique, en attendant de discuter d’autres points et d’aboutir à un règlement global. Comme on sait, l’entrée en campagne pour les élections israéliennes anticipées est venue suspendre les pourparlers en février 96. Puis l’agression israélienne élargie d’avril contre le Liban, appelée «Raisins de la colère» est venue compliquer un dossier que l’avènement de Netanyahu allait compromettre pour de bon.
On est donc dans une situation d’impasse et rapprocher des points de vue aussi opposés relève du tour de force. les Américains s’y efforcent pourtant et selon des sources informées, proposent pour commencer que — sans les prendre pour défintivement acquis — on remette sur le tapis les points qui avaient déjà fait l’objet d’un accord de principe du temps des travaillistes, afin de voir dans quelle mesure ils peuvent être acceptés par le Likoud, et au prix de quelles retouches... Cette approche diplomatique, apparemment habile, peut en réalité n’aboutir qu’à un mince gain de temps. Car il est très probable qu’en ce qui concerne le fond, c’est-à-dire la restitution du Golan, Netanyahu continue à se refuser à tout engagement et fait capoter de la sorte tout le processus. Ce qui est d’ailleurs clairement son objectif de départ, vu qu’il renie les principes de Madrid et qu’à la paix il préfère selon ses termes «la sécurité d’Israël, qui passe stratégiquement par l’annexion du haut plateau».
Il reste à savoir si Clinton, que le premier ministre israélien doit rencontrer ce mois-ci à Washington, va savoir le persuader de mettre suffisamment d’eau dans son vin pour que les pourparlers puissent reprendre...
E.K.
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