Attaque islamiste au sud d'Alger : 31 civils égorgés et décapités

ALGER, 2 Février (AFP, Reuter). — Un important commando islamiste a égorgé et décapité 31 personnes dans la nuit de vendredi à samedi lors d’une attaque sans précédent contre la ville de Médéa (80 km au sud d’Alger), alors que le Ramadan, d’une violence jamais égalée en cinq ans, entre dans sa dernière semaine. Cette dernière tuerie porte à près de 300 le nombre de personnes assassinées dans des tueries collectives ou des attentats à l’explosif depuis le début du mois de jeûne, le 10 janvier, selon des bilans partiels.
Alors que les précédents massacres avaient visé des villages isolés, les assaillants ont cette fois attaqué un chef-lieu de préfecture. Ce raid, révélé dimanche par le quotidien privé «El-Watan», a été mené vers minuit par une cinquantaine d’hommes et a visé le quartier Ktiten, à la périphérie de la ville.
Des rescapés ont téléphoné à El-Watan en affirmant que les assaillants semblaient déterminés à «exterminer» tout le quartier, sans le passage d’une patrouille de l’armée qui a donné l’alerte.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, huit villageois, dont un bébé de 13 mois, avaient été assassinés par un groupe islamiste près de Sidi Moussa (30 km au sud d’Alger), selon les services de sécurité.
Jeudi, un général à la retraite, Habib Khelil, a été tué à Oran (ouest). Deux jours avant, le chef syndical Abdelhak Benhamouda avait été tué par balles à Alger. Une grève générale de deuil a été largement suivie samedi à l’appel de la centrale syndicale UGTA.

Nouveau plan
de circulation

L’assassinat d’Abdelhak Benhamouda a été revendiqué par le Front islamique du Jihad armé (FIDA), ont affirmé samedi plusieurs journaux. Ce communiqué, dont l’authenticité n’était pas établie, a affirmé que le FIDA poursuivra ses actions contre «le pouvoir et ses alliés». Le FIDA, installé dans la capitale, est «spécialisé» dans les assassinats d’intellectuels et de personnalités.
La première moitié du ramadan avait été marquée par une série sans précédent de tueries de civils et d’attentats à la voiture piégée dans Alger. Le Groupe islamique armé (GIA) avait averti qu’il intensifierait ses opérations durant le mois de jeûne, et qu’il n’y avait plus «de neutralité dans la guerre», selon un communiqué révélé par un quotidien privé.
Face à la menace des voitures piégées, la préfecture d’Alger a annoncé la mise en place, à partir du 5 février, d’un nouveau plan de circulation, interdisant le stationnement dans les principales rues et places de la ville et sur les périmètres des institutions et établissements publics, a indiqué dimanche la presse.

Echéances
électorales


«La dégradation de la situation sécuritaire est la principale raison de ces mesures qui vont être renforcées dans une phase ultérieure», a expliqué le ministre en charge de la capitale, Chérif Rahmani, cité par le quotidien privé «Liberté».
Les autorités lient la recrudescence des violences à la proximité des échéances électorales, comme avant le référendum de novembre 1996, et alors que se profile l’échéance des législatives, vraisemblablement en mai.
Le département d’Etat a appelée samedi les Américains à éviter de se rendre en Algérie et invité ceux qui s’y trouvent à quitter ce pays, une mesure régulièrement annoncée par les Etats-Unis dans les pays «à risques».
Cette fois, le département d’Etat a ajouté que même une «protection armée n’est pas une garantie de sécurité» et que l’ambassade américaine à Alger avait identifié les ports et les terminaux d’aéroports comme des cibles susceptibles d’être touchées par des attentats.
Selon le dernier rapport du département d’Etat américain sur les droits de l’homme dans le monde, les violences en Algérie ont fait 60.000 morts depuis 1992.