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Actualités - CHRONOLOGIE

Laissant entendre que la bombe de l'autocar devait exploser au Liban Damas : Israël cherche à saper syro-libanaise La Syrie reproche à washington son manque d'objectivité en tant que parrain du processus de paix

Confirmant ses accusations de la veille contre le Mossad après l’attentat contre l’autobus, la Syrie, suivie en cela par Beyrouth, a entrepris hier de «connecter» avec une insistance particulière cet attentat aux derniers remous sécuritaires au Liban, insinuant que la bombe qui a fait sauter l’autocar le 31 décembre dernier à Damas aurait dû en fait exploser au Liban. Tant par ses journaux que par les commentaires de Radio-Damas, la Syrie a insisté sur «l’unité de destin» avec le Liban, accusant l’Etat hébreu de vouloir créer une tension entre les deux pays. Parallèlement, les autorités syriennes ont reproché à l’administration américaine son «manque d’objectivité» dans cette affaire, faisant valoir que Washington aurait justement dû attendre les preuves des charges syriennes contre Israël, avant de lancer des accusations «d’irresponsabilité»
La radio d’Etat syrienne a affirmé hier soir que l’attentat à l’explosif ayant fait neuf tués et 44 blessés mardi à Damas n’entamerait pas les relations syro-libanaises ni la détermination de la Syrie à recouvrer «ses droits et ses terres».
«Les actes de sabotage et les crimes lâches ne peuvent pas entamer l’unité de position et de destin entre la Syrie et le Liban», a souligné Radio-Damas dans son commentaire politique.
Selon un communiqué officiel diffusé jeudi par l’agence syrienne SANA, «l’autobus, cible de cette lâche action, assurait d’habitude la liaison Alep-Beyrouth».
«Mais en prévision des fêtes du Nouvel An, le parcours de l’autobus a été modifié le jour même de l’incident pour assurer une liaison Damas-Alep au lieu de Alep-Beyrouth», avait précisé le communiqué, laissant entendre que la bombe aurait dû exploser au Liban, où se sont produits récemment des attentats antisyriens que Damas avait attribués aussi à Israël.
Selon la radio, cet acte «va au contraire renforcer les relations syro-libanaises et leur position unifiée ainsi que l’attachement des deux pays frères à la paix basée sur la légalité internationale et le principe de la terre contre la paix».
«Israël se trompe en croyant que les actes lâches peuvent mener la Syrie à céder sa terre ou ses droits», a ajouté la radio.
Les autorités syriennes avaient gardé le silence sur l’attentat de Damas jusqu’à jeudi. Selon des témoins arrivés jeudi en Jordanie, il aurait fait au moins 15 morts et une trentaine de blessés.
Le premier communiqué syrien sur cette affaire accusait «des agents du Mossad» d’avoir «profité des préparatifs du Nouvel An pour mettre à exécution leurs lâches menaces», une allusion claire à des propos récents du «coordinateur des activités israéliennes au Liban», Uri Lubrani.
M. Lubrani avait vivement critiqué une vague d’arrestations menée par les autorités libanaises à la suite d’un attentat contre un minibus syrien qui avait fait un mort le 18 décembre à Tabarja.
Les médias syriens avaient considéré ces propos comme une «reconnaissance officielle israélienne» de sa responsabilité dans l’attentat du 18 décembre, et que M. Lubrani menaçait aussi bien le Liban que la Syrie «d’autres opérations plus spectaculaires».
Selon les autorités libanaises, les attentats antisyriens au Liban sont l’œuvre d’agents à la solde d’Israël qui veut déstabiliser le Liban et visent à porter atteinte aux relations libano-syriennes.
Réagissant en outre vivement aux critiques explicites de l’Administration américaine, qui avait estimé que la Syrie s’était lancée dans des accusations hâtives contre Israël, Damas a reproché hier aux Etats-Unis leur «manque d’objectivité en tant que parrain du processus de paix».
«Le porte-parole américain pouvait ne pas croire à la véracité des accusations syriennes avant de s’en assurer, mais sa précipitation à les qualifier d’irresponsables, sans en tenir la preuve, est regrettable, étonnante et reflète une position qui manque de l’objectivité requise de la part du parrain du processus de paix», a déclaré un officiel syrien cité par l’agence SANA.
Le porte-parole du département d’Etat, Nicholas Burns, avait invité jeudi la Syrie à fournir des preuves de ses accusations selon lesquelles les services de renseignements israéliens étaient derrière l’attentat de Damas. M. Burns a estimé qu’il était «très grave pour un Etat d’accuser un autre d’avoir effectivement commandité des explosions à la bombe dans sa capitale». «Si le gouvernement syrien formule cette accusation et non la presse syrienne, alors on est en droit de penser que le gouvernement syrien souhaiterait avancer des preuves substantielles pour soutenir» ces affirmations, a-t-il ajouté.
«Le porte-parole américain a donné l’impression que son but était de se porter immédiatement volontaire pour disculper celui qui est derrière cette action terroriste condamnable, sans tenir compte des sentiments du citoyen syrien ou arabe», a poursuivi l’officiel syrien, selon l’agence SANA.
Il a également manifesté son «étonnement» du fait que la réaction américaine «ne comporte aucune condamnation de cette action terroriste et n’exprime aucune solidarité avec les familles des victimes».
«Le porte-parole américain pouvait se rappeler au moins des déclarations la semaine dernière de certains responsables israéliens, notamment celle» du coordinateur des activités israéliennes au Liban «Uri Lubrani, qui contenait une menace claire de soutenir des actes terroristes contre le Liban et la Syrie», a ajouté l’officiel syrien. Israël dénonce l’attentat de Damas.

Beyrouth emboîte le pas...

A Beyrouth, le chef de la diplomatie Farès Boueiz a affirmé hier de son côté que l’attentat avait été «planifié par Israël» et était «lié» à l’attaque antisyrienne qui avait fait un mort et un blessé le 18 décembre à Tabarja.
L’attentat de Damas, «planifié par Israël, vise à déstabiliser la Syrie et le Liban, car il est lié à certains incidents qui ont eu lieu récemment au Liban», a déclaré M. Boueiz à la presse.
«Ces actions sont dans le droit fil du comportement du Likoud (le parti du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu) et ont pour but de forcer le Liban et la Syrie à se plier à la conception israélienne de la paix», a-t-il estimé. Diverses autres personnalités libanaises ont soutenu le même point de vue.

... et Israël condamne

Feignant délibérément d’ignorer les accusations portées contre lui, Israël a condamné avec vingt-quatre heures de retard l’attentat de Damas et a réaffirmé n’y être nullement impliqué.
«Nous condamnons sans ambages de tels actes de terrorisme, en Syrie ou ailleurs», a déclaré le chef du gouvernement Benjamin Netanyahu lors de la réunion hebdomadaire du cabinet. «Nous nous opposons à toute atteinte contre des personnes innocentes», a-t-il souligné.
Il a qualifié de «totalement mensongères» les «allégations syriennes sur une responsabilité israélienne dans l’attentat».
Israël, rappelle-t-on, occupe le plateau syrien du Golan et une partie du Liban-Sud. Le gouvernement israélien qui refuse de restituer le Golan, a proposé de dissocier les dossiers libanais et syrien en négociant un retrait israélien du Liban-Sud, sous l’option «Liban d’abord».
Cette proposition a été rejetée par Beyrouth et Damas qui exerce une influence prépondérante au Liban en y maintenant 35.000 soldats.
Confirmant ses accusations de la veille contre le Mossad après l’attentat contre l’autobus, la Syrie, suivie en cela par Beyrouth, a entrepris hier de «connecter» avec une insistance particulière cet attentat aux derniers remous sécuritaires au Liban, insinuant que la bombe qui a fait sauter l’autocar le 31 décembre dernier à Damas aurait dû en fait exploser au Liban....