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Actualités - REPORTAGE

Pédagogie du corps et de l'esprit Hoda Khoury : le viniyoga, méthode de maîtrise de soi (photos)

Administrateur à Paris de la «Fédération Viniyoga» qui regroupe 5.000 membres, Hoda Khoury est de passage pour organiser, à Saydet el-Bir, les 6, 7, et 8 février, des rencontres autour de l’«Ayurveda» et de l’alimentation dans le yoga...
En vogue depuis les années cinquante, le yoga, est une discipline antique venue du plus profond de l’Inde. Le yoga, explique Hoda Khoury, revêt plusieurs formes selon qu’il se fond sur la connaissance (Jnana), l’action (Karman), l’effort proprement dit (hatha). Il peut encore se réduire à l’acquisition de pouvoirs supranormaux... Vive, passionnée comme tant de brunes, Hoda Khoury ne tient pas sur le sujet. «Le yoga», affirme-t-elle, «touche à toute la personnalité de l’homme, à tous les paramètres de l’être. On peut l’aborder de plusieurs manières selon les besoins. Exposé un siècle avant Jésus-Christ dans des sutras traditionnellement attribués à Patanjali, cet enseignement insiste particulièrement sur l’importance de l’obstacle qu’opposent les sensations physiques à la réalisation d’un état mystique. Le yoga par sa méthode, par sa technique, par sa discipline nous aide à apaiser toutes les tensions mentales ou physiques, afin d’aller plus loin dans notre quête intérieure».
Le yoga tend donc à la maîtrise de l’esprit comme du corps, ce qui implique évidemment un prodigieux effort de volonté à la base. Pratique nécessite des grands moyens. «La racine du mot yoga est «youg» c’est-à-dire unir, relier la personne à elle-même, relier la personne aux autres et relier la personne à l’univers», poursuit Hoda Khoury. «Mais comme notre mental y fait obstruction, le travail du yoga, le but du yoga est de le placer sous contrôle. C’est pour cela que le yoga n’est pas une connaissance intellectuelle mais une expérience humaine».
«Pour faire du yoga, il ne suffit pas d’être curieux intellectuellement. Le yoga par les livres n’est qu’une connaissance intellectuelle. Il ne suffit pas d’être sportif non plus. Il est important d’avoir un intérêt ou un besoin personnel précis et de trouver un professeur adéquat. J’insiste sur ce point car l’enseignement de cette discipline ne peut être transmis que par l’intermédiaire d’un professeur».
Hoda Khoury qui prêche la méthode «Viniyoga» — école fondée à Madras par Desikachar — ajoute: «Nous traitons toute sorte de problème physique, mental, psychologique... Nous donnons des cours de groupe, mais notre méthode s’applique essentiellement à l’individu. Nous considérons que chaque être humain a des besoins, des paramètres différents. Nous l’aidons donc à évoluer selon sa propre trajectoire personnelle. Il y a des personnes qui viennent pour mincir, d’autres pour méditer, d’autres encore comme les sportifs pour mieux concentrer leur énergie, être en forme physiquement et mentalement... On adapte ainsi le travail aux besoins spécifiques».
«Sans vouloir parler de thérapie au sens médical du terme, le Viniyoga aide la personne à sortir de tous les problèmes psychosomatiques. Très souvent, qui dit obstacle créé par le mental dit souffrance. Or une des définitions du yoga c’est d’éliminer la souffrance, en étant plus «claire» dans l’action présente. Le yoga c’est la présence dans l’action à l’instant présent...».
Le yoga c’est aussi l’étude de soi. «J’ai beau vous parler du yoga pendant une heure, si je ne vous mets pas sur le tapis et je vous demande de faire telle posture avec telle respiration, vous ne comprendriez rien. Le yoga donne conscience à la personne de ses limites, l’aide à les pousser, à agrandir son champ d’action et de connaissance, et en même temps à découvrir ses qualités. Très souvent nous connaissons nos limites, mais nous ignorons nos qualités ou alors nous les surestimons et cela nous crée des problèmes. Le yoga, quelque part c’est l’étude de soi. C’est un processus de purification corporelle, psychologique, mentale. Mais attention, ce n’est pas une religion même si c’est un grand moyen d’évolution spirituelle».
Le yoga n’est pas un sport non plus «même s’il peut aider à avoir une meilleure compétence en ce domaine».
Mais qui sont donc ces gens qui font du yoga? «Des personnes qui sont à la recherche d’une amélioration au niveau physique, au niveau de l’esprit ou au niveau psychologique… Il y a des gens paisibles, il y a des gens nerveux, il y a des malades du cœur, de phobie, du sida, des cancéreux mais aussi des sportifs… Le yoga qui veut dire unir son énergie, concentrer ses capacités… Dans certains cas de maladie grave, les médecins eux-mêmes avouent que le travail de soutien du yoga commence quand il y a un plafonnement du travail scientifique. Il y a quelque chose d’inexpliqué, mais entendons-nous, il n’y a pas de miracle, ni de hasard…»
Ce n’est pas tout. «La respiration est une partie importante du yoga», signale Hoda Khoury. «La relation avec le moi, avec les autres, la méditation, la concentration, la rétraction des sens font partie intégrante du yoga. Il faut parvenir à ne pas être perturbé par ce que l’on voit, ce que l’on entend... On devient plus tolérant». Par la fusion avec l’être intérieur on atteint un état de paix et de sérénité. Le yoga est une manière d’être, un mode de vie. «La pratique du yoga peut transformer complètement un individu». Hoda Khoury raconte qu’aux Etats-Unis, on a observé chez des prisonniers pratiquant le yoga une diminution sensible de l’agressivité et un sentiment de contentement alors que généralement chez les détenus c’est la révolte qui domine. «Le yoga permet de mieux vivre la souffrance. En abordant la souffrance actuelle par une attitude positive, on évite une souffrance ultérieure. Parce que si je vis mal ma souffrance actuelle je produis automatiquement une souffrance beaucoup plus grande. Il faut certes beaucoup d’acceptation mais sans résignation. On doit voir le problème en face et agir: réflexion puis action en somme».
Le yoga c’est aussi une expression de renonciation. «Abandonner le fruit de ses actes. L’action doit être gratuite, sans égoïsme. De plus, l’abandon au niveau physique produit la relaxation, la concentration de la pensée, et à un niveau plus supérieur la maîtrise totale. L’évolution dépend de l’intérêt du sujet, de son effort, de son énergie…
… Et du choix, essentiel, du professeur. Ce dernier éclaire les capacités de l’élève. Il joue le rôle de miroir en réflétant la beauté intérieure du pratiquant».
Le Viniyoga tient également compte de l’Ayurveda, «science de la longue vie», où l’homme est observé par rapport aux éléments de la nature: Kapha (l’eau), Vata (l’air) et Pitta (le feu). «Les symptômes de l’être sont dépendants des humeurs majeures qui le constituent. Ainsi, si j’ai en moi plus de kapha, le corps a plus d’eau, plus de poids, de fluide, et risque par là d’accuser des sinusites et des œdèmes. Le feu par exemple donne des ulcères d’estomac; l’air, des maux articulaires… Le Viniyoga tient donc compte de l’Ayurveda pour aider la personne à réguler sa santé, sa forme, son énergie…»
Approfondir le yoga c’est se sensibiliser à beaucoup de choses dit-on. «Une fois bien au courant de nos limites, de nos problèmes, on devient plus sensible à l’environnement, au relationnel et à la vie. Et paradoxalement moins fragile, puisque conscient… Un homme averti en vaut deux. Je suis consciente d’un risque, je le prévois et je fais le nécessaire pour l’éliminer…»
Quel est le rôle de l’alimentation dans tout cela? Le yoga est-il synonyme de végétarisme? «Le yoga est né en Inde où la religion hindoue interdit la consommation de la viande. Mais il ne faut pas confondre le yoga et la religion hindoue. Les deux ont des points de vue différents. Ceci dit, le fait d’être végétarien est très sain. Pour certaines personnes c’est même très bénéfique. Mais notre enseignement ne proscrit pas la viande. La chair animale est conseillée d’une façon très précise pour un corps qui a besoin de protéines par exemple. Cependant d’une manière générale, une alimentation végétarienne rend la digestion plus facile et le mental plus paisible. En matière de nourriture, chaque corps a ses besoins propres. Chaque cellule est composée de ce qu’on appelle les gounas à savoir le tamas qui est la lourdeur, l’obscurité mais aussi la stabilité; le rajas qui est l’agitation, l’action mais aussi l’activité; et l’élément sattava qui dit la clarté, la lumière et la paix. Ces trois éléments se trouvent également dans chaque aliment. Par exemple la pomme de terre frite constitue le tamas; l’alcool, le café, le rajas; le lait, le yaourt, le miel, le sattava. L’aliment nous transmet ses bienfaits ou ses méfaits. Le yoga et l’alimentation, c’est un travail de discipline, de quête et de confiance. Trois éléments intimement reliés».
Le contrôle des fonctions vitales, la parfaite maîtrise du corps et finalement l’unité avec l’essence même de la personne pour exclure la concupiscence: un régime qu’il serait sans doute bon de suivre, sur le plan national…

Propos recueillis
Par M.M.
Administrateur à Paris de la «Fédération Viniyoga» qui regroupe 5.000 membres, Hoda Khoury est de passage pour organiser, à Saydet el-Bir, les 6, 7, et 8 février, des rencontres autour de l’«Ayurveda» et de l’alimentation dans le yoga...En vogue depuis les années cinquante, le yoga, est une discipline antique venue du plus profond de l’Inde. Le yoga, explique Hoda Khoury, revêt...