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Actualités - CHRONOLOGIE

Le cri révolté de Maurice Papon devant les caméras : "Pourquoi devrai-je jouer les boucs émissaires" ? (photos)

PARIS, 29 Janvier (AFP). — Maurice Papon, 86 ans, l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde (Sud-Ouest) de 1942 à 1944, qui devra comparaître à l’automne devant la Cour d’assises de Bordeaux pour complicité de crime contre l’humanité, s’est demandé mardi soir «pourquoi il joue le rôle de bouc émissaire».
Dans un entretien enregistré d’une demi-heure sur la chaîne de télévision, TF1, M. Papon réagissait à l’arrêt de la Cour de cassation, qui a rejeté jeudi dernier son pourvoi contre son renvoi devant la Cour d’assises. Il a estimé que l’arrêt de la Chambre criminelle est «en contradiction évidente avec sa jurisprudence et sa doctrine», et qu’elle a construit «une théorie qui est contre le droit, selon laquelle «ce n’est pas la peine d’être responsable pour être coupable»».
M. Papon a répété à plusieurs reprises qu’il appartenait à la Résistance, à l’époque des faits qui lui sont reprochés. «J’ai désobéi tout le temps, j’ai servi la résistance, j’ai saboté», a-t-il martelé.
Alors qu’on lui reproche sa responsabilité dans la déportation de 1.560 personnes, hommes, femmes et enfants, vers le camp de Drancy (banlieue parisienne), avant qu’ils soient conduits en Allemagne, M. Papon a affirmé «n’être pour rien» dans les déportations d’enfants, et être même «intervenu pour les mettre hors d’atteinte».
Il a dit «s’honorer» aussi d’avoir fait réaliser les opérations de regroupement des juifs par des gendarmes français, «car les conditions faites par les Allemands à ces pauvres gens étaient honteuses», et d’avoir réquisitionné des wagons de voyageurs pour les transports, au lieu de wagons de marchandises.
Interrogé cependant sur le choix qu’il aurait pu faire de partir à Londres, M. Papon s’est agacé: «Avec une femme malade et un petit enfant?».
Jugeant «bizarre» qu’on lui demande s’il compte fuir la France avant son procès, M. Papon a dit qu’il a «toujours souhaité que la vérité soit faite». «On prétend à tort ou à raison faire le procès de Vichy à travers moi», a-t-il dit, «et j’ai déjà l’impression d’être un personnage secondaire». «Mais, a-t-il prévenu, pour faire le procès de Vichy, on ne pourra pas éviter de parler du rôle de l’Union générale des juifs français, qui a participé, sous la contrainte c’est vrai, à ce genre d’opérations».
«Pourquoi moi?», s’est demandé à plusieurs reprises M. Papon, rappelant qu’il y avait quelque 90 secrétaires généraux de préfectures, comme lui. Pour lui, «on manœuvre pour que la France soit alignée sur l’Allemagne dans la responsabilité de cet affreux génocide». Interrogé sur le sens de ce «on», il a rétorqué: «Demandez à New York».

M. Papon, qui est décidé à «se défendre de tout son cœur et de toute son âme», s’est irrité à plusieurs reprises, notamment lorsque le journaliste qui l’interrogeait a placé devant lui la photo de deux petites filles mortes en déportation. «Vous faites du cinéma», a-t-il lancé au journaliste, avant de jeter la photo de côté. De même, interrogé sur l’envie qu’il pourrait avoir de «demander pardon», il a rétorqué: «On demande pardon quand on est responsable. Pourquoi demander pardon à qui on n’a rien fait?».
PARIS, 29 Janvier (AFP). — Maurice Papon, 86 ans, l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde (Sud-Ouest) de 1942 à 1944, qui devra comparaître à l’automne devant la Cour d’assises de Bordeaux pour complicité de crime contre l’humanité, s’est demandé mardi soir «pourquoi il joue le rôle de bouc émissaire».Dans un entretien enregistré d’une...