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Actualités - CHRONOLOGIE

Benhamouda était considéré comme une proche du président Zeroual Les islamistes abattent le principal chef syndical algérien (photo)

Le premier responsable syndical algérien, Abdelhak Benhamouda, chef de la puissante centrale UGTA, opposant de la première heure aux islamistes et proche du président Liamine Zéroual, a été tué par balles, hier, en plein centre d’Alger, devant le siège de son mouvement.
Ce spectaculaire assassinat de l’une des premières personnalités de la vie politique et syndicale algérienne intervient quatre jours après le discours du président Zéroual, qui avait promis «l’extermination» des groupes islamistes (VOIR AUSSI PAGE 7).
L’assassinat de ce «patriote exemplaire» a été attribué par les autorités à un groupe «terroriste», terminologie désignant les islamistes armés.
M. Benhamouda, 51 ans, a été victime de «balles assassines tirées par des traîtres», a déclaré le président Zéroual dans un message de condoléances. Les responsables gouvernementaux condamnaient tous hier soir l’attentat.
Avec la mort de M. Benhamouda, M. Zéroual perd un de ses principaux soutiens.
Le chef de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), qu’il dirigeait depuis 1990, rescapé d’un premier attentat, avait activement fait campagne pour le chef de l’Etat — un homme «sage et ouvert» — lors de la présidentielle de novembre 1995.
Certains Algériens le surnommaient parfois «Lech Walesa», eu égard à son passage, comme le responsable polonais, du syndicalisme à la politique.
M. Benhamouda, ancien enseignant d’une cinquantaine d’années, venait d’annoncer son prochain départ de l’UGTA — qui revendique plus de 3 millions d’adhérents — pour créer un parti politique, qu’il avait qualifié d’avance de «centriste», dans la perspective des prochaines législatives.
Certains observateurs algériens avançaient qu’il serait en fait le chef d’un futur «parti du président» Zéroual.
M. Benhamouda se savait menacé et ne quittait pas son arme.
Vers 13h10 locales (12h10 GMT), il est tombé sous les balles de cinq jeunes gens, arrivés en portant des cartables dans la cour du siège de l’UGTA, Place du 1er mai, une des principales de la capitale.

Quatre balles

M. Benhamouda a eu le temps de sortir son pistolet, de tirer et de blesser un des assaillants avant de s’effondrer, touché par quatre balles.
Une fusillade a opposé gardes du corps et syndicalistes armés aux jeunes gens, dont l’un tirait à la Kalachnikov. Les assaillants ont réussi à s’enfuir vers une cité populaire proche de la place en emportant leur blessé.
Abdelhak Benhamouda a agonisé dans les bras d’un de ses amis, Kamel. «Il m’a dit: «Kamel, mon frère, ils nous ont trahis». Un gardien et un de ses gardes du corps ont aussi été tués. Le garde, Omar, a été achevé à terre d’une balle dans le front.
En France, les trois principaux syndicats — CGT, CFDT et FO — ont condamné cet assassinat. Le secrétaire national du Parti communiste Robert Hue s’est déclaré «bouleversé» par la perte de «l’une des figures les plus marquantes du mouvement démocratique».
A Bruxelles, la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) a sévèrement condamné l’assassinat. «Son militantisme et son dévouement à la cause des travailleurs et pour une société libre et démocratique restera un exemple», a souligné le secrétaire général de la CISL, Bill Jordan.
La CISL a appelé ses 75 organisations syndicales membres à protester auprès des autorités algériennes et à exiger l’ouverture d’une enquête sur l’assassinat d’Abdelhak Benhamouda.
M. Benhamouda avait été en décembre 1991 à l’origine de la création d’un «Comité national de sauvegarde de l’Algérie» (CNSA) pour s’opposer à l’arrivée au Parlement d’une majorité d’élus du Front islamique du salut (FIS-dissous).
Le second tour des élections avait été annulé en janvier 1992, ouvrant la voie à des violences à grande échelle qui ont fait depuis plus de 50.000 morts, selon des sources occidentales.
M. Benhamouda avait été blessé en 1992 au visage lors d’un attentat à Alger. Son frère, Mohamed, et un de ses cousins, Azzedine, ont été tués dans des attentats attribués aux islamistes à Constantine (Est), d’où il était originaire.
Des dizaines de militants syndicalistes et politiques ont été assassinés depuis le début des violences.
Le quotidien arabophone El-Alam Essiassi (Le monde politique) avait annoncé il y a quelques jours que M. Benhamouda aurait été désigné par plusieurs associations, dites de «la famille révolutionnaire» — organisations de masse d’anciens de la guerre d’Indépendance notamment — pour présider le «parti du président» Zéroual.
«Notre mouvement sera centriste, loin de toute forme d’extrémisme», avait affirmé de son côté M. Benhamouda.
Son assassinat survient après quelques jours de répit dans la vague d’attentats à l’explosif et de tueries de civils qui ont fait près de 250 morts depuis le début du Ramadan, le 10 janvier.
La vague de terreur depuis le début du Ramadan avait poussé le chef de l’Etat à s’exprimer à la télévision vendredi soir.
Le chef de l’Etat, dans un discours sans concession, avait annoncé «l’extermination» des «groupes terroristes», qualifiés de «bandes de criminels, traîtres et mercenaires».
Le premier responsable syndical algérien, Abdelhak Benhamouda, chef de la puissante centrale UGTA, opposant de la première heure aux islamistes et proche du président Liamine Zéroual, a été tué par balles, hier, en plein centre d’Alger, devant le siège de son mouvement.Ce spectaculaire assassinat de l’une des premières personnalités de la vie politique et syndicale...