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Actualités - ANALYSE

Un gentleman's agréement agrementé de la bénédiction des décideurs

La République s’en remettra, dans la double mesure où elle en a vu bien d’autres et où son existence même, encore toute symbolique, n’a pas pu s’en trouver vraiment menacée... La page des anathèmes disgracieux, pour ne pas dire des offenses personnelles, est maintenant tournée au sein de cette troïka, morte comme la Reine de Montherlant pour M. Nabih Berry; et qui, absente des textes, n’a donc jamais connu vie si l’on en croit Baabda.
Comme on sait, le mérite de ce happy end (vraiment?) revient essentiellement à M. Rafic Hariri et à M.Michel Murr, qui lui avait préparé le terrain.
Le chef du gouvernement est parvenu à faire entendre raison à M. Berry qui voulait tenir une conférence de presse pour riposter aux propos menaçants attribués à M. Elias Hraoui sur «l’ouverture de tous les dossiers...» Parallèlement, le président du Conseil a obtenu l’accord du chef de l’Etat sur le gentleman’s agreement conclu avec Aïn el-Tiné pour l’arrêt des échanges d’artillerie verbaux et des fuites orchestrées en direction des médias.
Cependant, l’opinion l’aura deviné sans peine, la bataille n’a pu prendre fin aussi vite grâce à un soutien discret, mais pressant, des décideurs aux efforts des conciliateurs locaux. Des contacts téléphoniques intensifiés ont eu lieu avec les trois présidents qui ont en outre reçu des messagers, indiquent des sources informées. L’accent a été mis encore une fois sur le thème de l’urgence régionale, de l’indéniable gravité d’une situation marquée par des menaces israéliennes presque sans précédent dirigées contre le Liban comme contre la Syrie, contre les deux ensemble sur territoire libanais. Damas a donc lancé, une fois de plus, un appel pressant à l’unité des rangs internes libanais, surtout au niveau des dirigeants, afin de faire face aux suites de l’accord israélo-palestinien sur Hébron, jugé négatif pour la cause arabe.

Tout seuls

Les mêmes sources confirment cependant en substance qu’en raison de la conjoncture internationalo-régionale, les décideurs «n’ont pas voulu intervenir ouvertement, préférant de loin que les Libanais aient l’air d’avoir réglé leurs différends par eux-mêmes, tout seuls, sans aide, en gens lucides et responsables, sans que nul ne puisse être accusé d’immixtion dans leurs affaires intérieures». Et d’ajouter que, «selon toute probabilité, Damas n’a pas voulu non plus interférer directement au niveau des présidents, pour que les relations restent équidistantes avec tous et n’en soient pas affectées dans un sens ou dans un autre. L’essentiel pour la Syrie reste donc que la coordination entre les deux pays doit rester maximale en cette phase critique de l’évolution régionale et par rapport plus spécialement au processus de négociation, s’il devait jamais redémarrer sous l’impulsion U.S.».
Toujours est-il que le système dit de la troïka ayant amplement prouvé sa nocivité sur plus d’un plan, dont celui des relations interprésidentielles, l’on s’efforce — aujourd’hui que le conflit est dissipé — de lui trouver un substitut pouvant assurer la coopération entre les pouvoirs.
Dans ce contexte, et alors que chacun des trois proteste de son refus de toute résurrection de la troïka, des sources informées indiquent que la médiation Hariri a été articulée sur un engagement collectif: une réunion à trois qui aurait lieu régulièrement une fois la semaine, quel que soit l’état des relations personnelles, pour débattre de tous les sujets ou problèmes d’actualité, dont les retouches constitutionnelles proposées par Baabda, le projet de municipales début juin, la permutation des directeurs généraux...
Autrement dit, une réunion régulière entre les trois pour régler leurs différends et prendre ainsi des décisions en marge du Conseil des ministres et de la Chambre.
La troïka était-elle donc autre chose?
P.A-A.
La République s’en remettra, dans la double mesure où elle en a vu bien d’autres et où son existence même, encore toute symbolique, n’a pas pu s’en trouver vraiment menacée... La page des anathèmes disgracieux, pour ne pas dire des offenses personnelles, est maintenant tournée au sein de cette troïka, morte comme la Reine de Montherlant pour M. Nabih Berry; et qui,...