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Actualités - ANALYSE

Municipales rapprochées : scepticisme persistant dans les cercles parlementaires

A quatre mois dix jours du 1er juin, date que le gouvernement a fixée pour les municipales et les «moukhtarales», aucune campagne dans les campagnes... C’est comme si localités, candidats et électeurs ne prenaient pas au sérieux ce rendez-vous ou n’y croyaient pas. C’est en réalité la preuve que le Libanais est bien informé: les élections doivent encore décrocher l’aval de la Chambre qui se montre, à la suite de son chef, nettement réticente à l’égard de ce projet, un peu trop avancé au goût des parlementaires.
Un député relève ainsi que «la marge chronologique est trop étroite pour qu’on puisse y insérer l’élaboration, le débat et le vote du plan de décentralisation administrative et de la nouvelle loi sur les municipalités, textes qui en bonne logique doivent être établis avant les élections municipales. La présente session extraordinaire est consacrée en priorité, comme on sait, à la loi de finances et la Chambre n’en a même pas encore entamé la discussion. Il est probable qu’elle n’en aura pas terminé avant la mi-février. La session ordinaire du printemps ne s’ouvre qu’à la mi-mars et il est tout à fait improbable que les deux projets précités, d’une importance et d’une complexité extrêmes, soient expédiés avant début juin. Il faut de plus mettre à jour les listes d’électeurs. Paradoxalement, nous aurions souhaité, souligne ce député, que cela se fasse dès février parce que si le gouvernement est tellement pressé, il vaut mieux encore organiser les élections avant la fin mai, pour préserver la saison touristique d’été et la période des examens officiels. Sinon, s’il n’y a pas moyen d’aller aussi vite, autant reporter les municipales au printemps de 98. A ce moment, non seulement le ministère de l’Intérieur aura corrigé les listes d’électeurs mais il aura encore eu le temps de distribuer des cartes électorales individuelles, comme le veut une loi qui date des années soixante et qui est toujours restée lettre morte».

Tambour battant

Cependant, un ministre note pour sa part, assez cavalièrement, que «tout a déjà été étudié et ressassé jusqu’à plus soif en commissions parlementaires aussi bien le budget 97 que les projets relatifs à la décentralisation administrative ou à la loi sur les municipalités. Les députés, au lieu de couper les cheveux en quatre, seraient donc bien inspirés d’expédier tous ces votes en un tournemain, sans se perdre en vains verbiages à l’adresse des caméras, de la presse et des foules. Ils feraient de la sorte œuvre utile car on pourrait enfin doter le pays, qui en est pratiquement privé depuis vingt ans, d’un réseau actif de municipalités et de «moukhtars», tout retard ne faisant qu’aggraver la situation qui prévaut sur ce plan et qui affecte péniblement la vie quotidienne des gens».
Et d’ajouter que «même si le Parlement devait tenter de faire traîner les choses en ce qui concerne la nouvelle loi sur les municipalités, nous maintiendrions la date du 1er juin et les élections auraient lieu en base de la législation encore en vigueur aujourd’hui. Le gouvernement, comme cela est prévu, réglerait le problème de l’enclave occupée au Sud en y obtenant pour une fois le droit d’y désigner les conseils municipaux, sans élection. En tout cas, dans ces villages comme partout ailleurs dans le pays, il n’est plus possible de perpétuer un statu quo qui équivaut dans beaucoup trop de cas à un vide administratif criant. Les dernières élections remontent au début des années soixante et, depuis, les conseils municipaux et les effectifs des «moukhtars» ont fondu comme neige au soleil, avec tout ce que cela implique comme blocage par rapport à l’existence des localités, à leur hygiène publique, à leurs projets médico-socio-sportivo-culturels comme au développement harmonisé que les regroupements régionaux de communes peuvent entreprendre ensemble. Il n’est pas humain de continuer à faire ployer les mohafez et les caïmacams, en charge des affaires municipales dans les agglomérations qui sont dépourvues de conseils, sous un tel joug qui vient s’ajouter à leurs charges ordinaires».
Mais les députés ripostent qu’en dépit de leur importance «les municipalités ne sont pas une priorité eu égard aux menaces israéliennes qui pèsent sur le pays. Leur organisation, dans ce climat empoisonné, ne peut que provoquer des divisions internes qui risquent d’affaiblir le pays face au péril israélien. D’autant qu’on ne voit pas qui le gouvernement peut bien nommer comme édile effectif dans le Sud occupé sans obtenir l’assentiment de l’occupant et de ses auxiliaires ou sans provoquer des tiraillements entre «Amal» et le Hezbollah...».

E.K.
A quatre mois dix jours du 1er juin, date que le gouvernement a fixée pour les municipales et les «moukhtarales», aucune campagne dans les campagnes... C’est comme si localités, candidats et électeurs ne prenaient pas au sérieux ce rendez-vous ou n’y croyaient pas. C’est en réalité la preuve que le Libanais est bien informé: les élections doivent encore décrocher...