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Actualités - ANALYSE

Un clou chasse l'autre : controverse virtuelle sur les municipales...

Dans la querelle sémantique sur la troïka, le gouvernement s’est déclaré neutre. Mais il n’en pense pas moins... le plus grand bien du président Elias Hraoui qui, après tout, appartient lui aussi au créneau exécutif du pouvoir. Il n’est donc pas exclu que, pour soulager Baabda, le Cabinet, déjà en froid sur plus d’un point (dont sa propre composition ou encore l’affaire des officiers) avec M. Nabih Berry, ouvre contre ce dernier un nouveau front. Et il n’est pas improbable qu’il s’agisse des municipales dont la date annoncée, juin prochain, est récusée comme trop avancée par le chef du Législatif.
En fait, le pays administratif se retrouve une fois de plus dans le vide légal: le mandat des conseils municipaux a expiré avec l’année précédente sans être renouvelé. Les élections sont donc une nécessité... mais si vieille en réalité (les précédentes datent de 1962!) qu’on se demande si une fois de plus il ne va pas y avoir report. Techniquement en tout cas, il n’y a aucune raison de prétendre les organiser maintenant plutôt qu’en 92 comme cela était prévu à la naissance de la Deuxième République: rien n’a changé sur ce plan et l’on garde les mêmes listes tronquées d’électeurs, sans assistance informatique et sans cartes de vote individuelles.
La décision se résume donc à son caractère politique. Or, dans ce domaine, les avis au sein du camp dit loyaliste restent très partagés, également à cause d’enjeux politiques électoraux. Certains craignent que des élections précipitées ne leur fassent perdre de l’influence dans leur zone, et d’autres le contraire.

Intérêts de clans

Assez étrangement, les opposants et les loyalistes gouvernementaux sont à peu près sur la même longueur d’onde en ce qui concerne des municipales rapprochées. Le premiers pensent qu’ils ont des chances de l’emporter dans beaucoup de localités, dans la mesure où le pouvoir n’aura pas eu beaucoup de temps pour se préparer à les contrer. Et les deuxièmes estiment, avec sans doute beaucoup de pertinence, qu’en matière de conseils municipaux c’est toujours en définitive l’Exécutif qui mène la danse et contrôle socio-politiquement ces assemblées qui ont besoin de lui à tout moment pour leurs projets ou tout simplement pour fonctionner. Il en ressort que la «politique» vue sous l’angle des municipales n’est pas tout à fait la même que celle vue à travers le prisme des législatives. D’autant que, dans les municipales, qui se déroulent en champ clos localité par localité, s’affrontent — souvent durement — des intérêts de clans et de familles plutôt que des intérêts de régions ou de communautés.
Il n’en reste pas moins que, grosso modo, certains leaderships d’envergure s’expriment aussi en termes de municipales. C’est ainsi qu’au Sud M. Nabih Berry, en tant que leader d’«Amal», se trouverait confronté à un nouveau test de puissance politique face au Hezbollah. Un affrontement d’autant plus préoccupant que les villages de la zone occupée par Israël sont exclus de la consultation... Certains parlementaires font dès lors valoir que techniquement le ministère de l’Intérieur n’est toujours pas prêt, qu’il vaut mieux attendre que l’informatisation ait été parachevée et qu’on sache à quoi s’en tenir par rapport au Sud où il serait anticonstitutionnel de priver des villages de conseils municipaux élus...
Mais un ministre haririen répond en substance que, «qui peut le plus, peut le moins. Nous avons organisé à deux reprises des législatives sans que les parlementaires, et leur chef, n’aient eu à s’en plaindre. Il n’y a aucun problème à organiser des municipales de la même manière, d’autant que dans cette sorte d’élections tout le monde se connaît, ce qui réduit les méfaits des listes d’électeurs imparfaites et rend inutile la carte électorale individuelle. Quant au Sud, il faut en prendre son parti et on ne peut laisser tout l’intérieur en plan en attendant la libération de cette région, car il n’y a pratiquement plus de municipalités fonctionnant d’une manière normale au Liban...»

P.A.-A.
Dans la querelle sémantique sur la troïka, le gouvernement s’est déclaré neutre. Mais il n’en pense pas moins... le plus grand bien du président Elias Hraoui qui, après tout, appartient lui aussi au créneau exécutif du pouvoir. Il n’est donc pas exclu que, pour soulager Baabda, le Cabinet, déjà en froid sur plus d’un point (dont sa propre composition ou encore...