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Actualités - ANALYSE

Un danger qu'on oublie un peu trop : l'implantation..

Un de ces vrais problèmes que la permanente agitation factice des vibrions de la politique occulte: la présence palestinienne au Liban. On a beau se féliciter de l’unanimité nationale contre l’idée de l’implantation rien ne permet de croire qu’elle ne triomphera pas en définitive, si elle n’est déjà un fait accompli. Tout simplement parce que ce pays n’a pas les moyens de contrer la volonté, tout aussi unanime sur ce point précis, des autres parties concernées, les Israéliens, les Américains, les Arabes et les Palestiniens eux-mêmes quoi qu’ils en disent.
L’Etat hébreu interdit catégoriquement le retour en Cisjordanie d’une diaspora qui rendrait trop forte la pression démographique palestinienne autour de Jérusalem. De son côté, Arafat ne voit pas comment il peut accueillir les expatriés à Gaza-Jéricho, territoire qui a déjà une des plus fortes densités de natalité au monde et ne parvient pas à surnager économiquement. S’entendant en la matière comme larrons en foire, Israéliens et Palestiniens ont donc omis toute mention du problème des refugiés, pourtant si important, dans les accords d’Oslo. Pour se donner bonne conscience, l’autorité palestinienne a annoncé qu’elle aborderait le dossier dans le cadre de la «négociation finale», portant sur le statut même de l’entité palestinienne et sur Jérusalem.
Or, si l’on compte que c’est seulement en août 1998 (date retenue après médiation du roi Hussein, car Netanyahu ne voulait rien entendre!) que la majeure partie de la Cisjordanie reviendrait à l’administration civile palestinienne, il y a fort à craindre que la question des refugiés soit en réalité renvoyée aux calendes grecques.

Intransigeance

D’autant qu’avec la «bonne volonté» manifeste du Likoud, tout le processus est maintenant sur le fil du rasoir. Les Israéliens, on le sait, ne veulent pas entendre parler d’un Etat palestinien et proclament qu’ils ne cèderont jamais sur Jérusalem qui devra être leur capitale à eux et à nul autre. De plus, forts de leur propre expérience (ils avaient commencé au début du siècle par réclamer un «foyer» à eux en Palestine avant d’y fonder de force un Etat) ils se méfient de toute proposition visant à reconnaître l’existence d’une entité politique palestinienne indépendante, qu’elle prenne ou non le nom d’Etat. Tout ce qu’ils acceptent de concéder aux Palestiniens, comme c’est déjà le cas à Gaza-Jéricho, c’est un régime d’autonomie administrative, policière et municipale, sans armée, sans pouvoir de conclusion de traités internationaux, sans mainmise exclusive sur les ressources de base et sans contrôle de l’espace aérien.
Ses positions, la droite israélienne actuellement au pouvoir en a discuté récemment avec ses adversaires travaillistes et cela a donné les inquiétantes résolutions communes suivantes:
— Jérusalem restera la capitale unifiée de l’Etat hébreu et il n’est pas question d’y revenir à la situation qui prévalait avant la guerre de juin 1967 ou de lui donner un quelconque autre statut.
— Pas question non plus, sauf pour quelques exceptions humanitaires ne présentant «aucun caractère de danger», de permettre le retour des déplacés palestiniens à leurs localités d’origine.
— Maintien de l’armée israélienne sur les contreforts surplombant la vallée du Jourdain, aux abords de la mer Morte et sur les principales collines de la Cisjordanie.
— Maintien également des principales concentrations de colons juifs en Cisjordanie et dans Gaza-Jéricho. Certaines petites implantations peuvent être déplacées et reliées aux grandes colonies.
— Pas question de permettre la création d’une armée palestinienne, les Palestiniens n’étant autorisés à disposer que d’une police dotée d’un armement léger, armes de poing et véhicules blindés anti-émeute.
A dire vrai, les deux principaux partis israéliens ne se sont pas entendus sur tout et continuent, par exemple, à discuter des frontières que devrait avoir la région autonome palestinienne, aussi bien sur le terrain que dans le domaine de ses relations extérieures... Il n’en reste pas moins que, comme on l’a vu, sur le barrage au retour de la diaspora palestinienne, évaluée à près d’un million d’âmes , ils sont tout à fait d’accord.
Et comme les arafatistes de leur côté laissent entendre qu’il doit y avoir «un droit du non-retour», accompagné de compensations matérielles pour les déplacés comme pour les pays d’accueil, le Liban risque fort de garder à tout jamais les dizaines de milliers de familles palestiniennes qu’il héberge. Et qu’il faudra alors, d’une façon ou d’une autre, intégrer, ce qui aggraverait encore plus les déséquilibres internes. Socio-politiques mais aussi économiques...

Avant-goût

Un avant-goût en a été donné tout récemment encore par une délégation palestinienne venue de Gaza «dialoguer» avec les autorités locales, pour leur répéter les revendications suivantes:
— Faciliter l’embauche des Palestiniens résidents, notamment sur les chantiers, dans les champs et dans le nettoyage (voierie), pour qu’ils puissent améliorer leurs rentrées, leurs conditions de vie et leur situation sociale. La délégation a souligné que les refugiés laissés sans travail, à un moment où le volume des aides financières s’amenuise, sont une proie facile pour les courants extrémistes et les cellules activistes subversives, ce qu’il convient de prévenir dans l’intérêt de tous.
— Faciliter l’entrée au Liban de Palestiniens venant de Jordanie ou d’ailleurs, leur remettre sans difficulté des visas de séjour pour qu’ils puissent accomplir des formalités, des tâches urgentes ou visiter des proches. Autoriser ceux qui quittent le pays à y revenir quand ils le souhaitent.
— Permettre l’ouverture d’un bureau palestinien qui représenterait l’autorité en place à Gaza-Jéricho et aiderait les refugiés dans leurs démarches. Un bureau qui se transformerait en ambassade le jour où un Etat palestinien serait proclamé.
A ce propos, cependant, les émissaires palestiniens ont reconnu qu’ils ont bien peur qu’un tel Etat ne voie jamais le jour et que les accords conclus avec les Israéliens ne débouchent ni sur le règlement de la question de Jérusalem, ni sur le partage des eaux... ni sur le retour des refugiés en Palestine.
Il n’est donc pas exclu qu’on voit un jour se repointer les délégués, canadiens ou autres, qui dans le cadre des multilatérales traitent du problème des réfugiés palestiniens. Et dont les seules propositions à ce jour se résument ainsi: gardez-les chez vous, vous aurez de l’argent...
Le Liban a jusquà présent refusé de telles offres. Mais pourra-t-il continuer à le faire?...

E.K.
Un de ces vrais problèmes que la permanente agitation factice des vibrions de la politique occulte: la présence palestinienne au Liban. On a beau se féliciter de l’unanimité nationale contre l’idée de l’implantation rien ne permet de croire qu’elle ne triomphera pas en définitive, si elle n’est déjà un fait accompli. Tout simplement parce que ce pays n’a pas les...