Projet d'union Russie-Bielorussie

La Russie s’est déclarée hier favorable aux avances de la Biélorussie pour une fusion des deux républiques, afin de répondre à l’élargissement de l’OTAN, que Moscou considère comme une menace.
Actuellement hospitalisé pour une double pneumonie, Boris Eltsine a fait part de cette «idée stratégique» dans une lettre à son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko, a annoncé le Kremlin (VOIR AUSSI PAGE 8).
A Minsk, Loukachenko s’est déclaré «très heureux que le président russe réagisse ainsi» à une idée dont il se veut le promoteur et à laquelle il se dit «prêt depuis longtemps».
Les deux Etats slaves s’étaient déjà rapprochés en avril dernier en signant un accord jetant les bases d’une communauté lâche impliquant un resserrement de leurs liens économiques et politiques.
Dans sa lettre à Loukachenko, Eltsine suggère que les deux Etats organisent un référendum pour consulter leurs populations respectives sur une unification «sous une forme ou sous une autre».

Le porte-parole du Kremlin, Sergueï Iastrjembski, a précisé que Eltsine envisageait, dans sa lettre, un gouvernement et un budget unifiés ainsi qu’une fusion du secteur de l’énergie.
Dans les milieux autorisés russes, on reconnaît que le coût d’une telle fusion avec un pays où les réformes économiques et politiques restent lettre morte serait immense, mais on souligne que ses avantages politiques et économiques à long terme le compenseraient.

La décision russe d’envisager ouvertement l’idée de fusion prônée par Loukachenko est à replacer dans le contexte de l’ire du Kremlin devant les perspectives d’élargissement de l’OTAN à ses anciens satellites d’Europe de l’Est.
«La détérioration des relations avec l’Occident pousse Eltsine dans les bras de Loukachenko», analyse un observateur de la télévision russe.