Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Leonard , encore et toujours, même en brouillon

NEW YORK-Irène Mosalli
Il incarne l’esprit même de la Renaissance, cet humanisme universel, actuellement au centre d’une fascinante exposition qui se tient à New York, à l’American Museum of Natural History et qui s’intitule «Le Codex Leicester de Léonard: un chef-d’œuvre scientifique».
Cette fois, c’est le premier jet d’un génie qu’on a l’occasion d’admirer, à travers 72 pages manuscrites de Léonard de Vinci.
Ce document rare et précieux avait appartenu durant deux siècles à la famille du comte de Leicester (d’où son label). Il y a deux ans, le milliardaire de L’informatique, Bill Gates, l’avait acquis pour 30 millions de dollars lors d’une vente aux enchères et l’avait prêté pour plusieurs expositions à Rome et à Milan. Aux Etats-Unis, on ne le verra que cette fois à New York.
A noter que le Codex est un livre ancien fait de pages non reliées.
Sur ces feuilles dont il a fait une sorte de brouillon, l’auteur du «Dernier Souper» et de «Mona Lisa» a jeté, en vrac, ses spéculations scientifiques, ses concepts architecturaux et des esquisses réalisées entre 1506 et 1510, quand il avait la cinquantaine (il a vécu de 1452 à 1519). Ce Codex est donc un assemblage de notes destinées à devenir un ouvrage, jamais écrit.
Si on cherche un thème principal, on trouve que c’est l’eau. L’eau qui coule de source, l’eau sous pression, l’eau traçant le contour du globe terrestre, l’eau comme métaphore du sang circulant dans le corps humain ou animal. Léonard de Vinci se penche également sur la nature du clair de lune, l’origine des fossiles et, il exerce son esprit scientifique en croquant des modèles d’outils sondeurs et de grues.
Des précautions ont été prises pour que ce document ne soit pas altéré lors de son exposition. Ses différentes feuilles ont été placées sous vitres scellées. Outre un système d’alarme renforcé, une température et une humidité minutieusement réglées, les casiers sont fortement éclairés pendant une minute, puis, soumis, pendant un long moment, à une très faible lumière, avant d’être, à nouveau, pleinement éclairés. Ceci pour ne pas endommager l’encre et le papier centenaires.
Le texte est rédigé selon le principe de l’écriture réfléchie (qu’on lit à l’aide d’un miroir), exécutée de droite à gauche. Procédé que Léonard de Vinci, qui était gaucher, trouvait commode. Pour faciliter la tâche des visiteurs, on a transféré sur ordinateur le manuscrit dans sa forme originale et dans une traduction en anglais.
Dans une salle adjacente, se trouve une série de maquettes reproduisant divers systèmes de mécanismes imaginés par le célèbre créateur.
De son vivant, Léonard de Vinci n’a jamais publié les résultats de ses recherches. Et, par conséquent, il n’a en rien changé le cours de la Renaissance scientifique. A la question de savoir pourquoi ses idées dans ce domaine suscitent aujourd’hui un tel intérêt, le Dr. Owen Gingerich (du Harvard Smithsonian Center d’astrophysique) répond ainsi dans la préface du catalogue de l’exposition: «Nous avons rarement le cas d’un génie autodidacte qui ait laissé une telle profusion de documents et qui tout simplement n’a rien livré au public de son temps. En d’autres termes, il nous donne l’occasion unique d’explorer le savoir latent de la Renaissance européenne».
Cet être au talent immense était complètement indifférent à la survie de son œuvre au point qu’il versait parfois dans le dilettantisme. N’a-t-il pas utilisé de la peinture à base de jaunes d’œufs pour son «Dernier Souper» qui a dû être restauré à maintes reprises. Son excentricité est allée plus loin avec une série de sculptures en marzipan, dédiées au gouverneur de Milan, Ludovico Sforza. A ce sujet, il avait noté, avec une pointe d’humour: j’ai observé avec peine que mon Seigneur Ludovico et sa cour ont croqué jusqu’au dernier morceau les sculptures que j’avais réalisées pour eux».
Il n’en demeure pas moins, selon l’un des conservateurs du Museum of Natural History, «qu’après avoir étudié le Codex, nul ne peut regarder la nature de la même façon. Alors que nous ne pouvons atteindre sa puissance d’observation, il nous communique son besoin incessant de savoir pourquoi et comment»…
NEW YORK-Irène MosalliIl incarne l’esprit même de la Renaissance, cet humanisme universel, actuellement au centre d’une fascinante exposition qui se tient à New York, à l’American Museum of Natural History et qui s’intitule «Le Codex Leicester de Léonard: un chef-d’œuvre scientifique».Cette fois, c’est le premier jet d’un génie qu’on a l’occasion d’admirer, à travers...