Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Au cours d'une réception en l'honneur des journalistes Elias Abou Rizk appelle le gouvernement au dialogue, sinon, ce sera la catastrophe El-Sabeh répond en soulignant la volonté du pouvoir de protéger les libertés (photo)

Prenant soin de ne pas intervenir dans la crise sécuritaire qui a secoué récemment le pays, la CGTL a attendu le 8 janvier 1997 pour rappeler au gouvernement ses revendications sociales et sa lutte pour les libertés. Et la réception donnée à l’hôtel Beaurivage par la centrale syndicale en l’honneur de la presse a été l’occasion d’un dialogue de sourds, indirect, entre M. Elias Abou Rizk et le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, le premier critiquant violemment ce qu’il a appelé la politique d’appauvrissement du peuple et de restriction des libertés adoptée par le gouvernement et le second affirmant, de son côté, que le gouvernement est particulièrement soucieux de la protection des libertés.
En présence de la plupart des responsables syndicaux, de nombreux journalistes et de quelques politiciens, le président de la CGTL, M. Elias Abou Rizk, a prononcé son premier discours de l’année. C’était d’abord pour lui l’occasion de présenter ses vœux pour l’année 1997, mais surtout de remercier la presse pour le soutien qu’elle a apporté aux initiatives de la centrale syndicale. Après cela, M. Abou Rizk a fait en quelque sorte le point de la situation, exprimant ses craintes pour l’avenir à l’ombre, a-t-il expliqué, des tentatives du gouvernement de museler les médias audiovisuels, de censurer la diffusion par satellite, de domestiquer la presse écrite et de contrôler les associations des droits de l’homme, en prélude à une nouvelle réglementation des partis politiques. M. Abou Rizk a ensuite fustigé les manœuvres du gouvernement visant, selon lui, à contrôler la centrale syndicale ou à l’affaiblir en créant de nouveaux syndicats inféodés au pouvoir ou en essayant de corrompre certains responsables syndicaux.

Année charnière

Dans un discours à la fois violent et précis, M. Abou Rizk a rappelé toutes les initiatives du gouvernement visant, a-t-il affirmé, à dévier le régime de la voie démocratique, ainsi que le peu de cas qu’il a fait des problèmes sociaux, cherchant même à tromper l’opinion publique en niant le fait que près de deux tiers des Libanais vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté.
Le chef de la centrale syndicale a ajouté que «1997 est une année charnière: soit le gouvernement poursuit sa politique d’appauvrissement du peuple et nous allons droit à la catastrophe, soit il accepte d’être plus équitable et nous modifierons tous notre comportement de manière à mettre le Liban sur la voie du sauvetage». Il a ainsi lancé un appel direct au dialogue en vue de mobiliser toutes les forces pour traverser la période délicate qui attend le Liban et la région en général.

La réponse d’ el-Sabeh

Mais cet appel n’a pas été véritablement bien perçu puisque le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, qui se trouvait sur les lieux, a prononcé à son tour un discours dans lequel il a accusé tous ceux qui parlent d’un plan de restriction des libertés d’avoir des objectifs politiques hostiles au gouvernement. M. el-Sabeh a donc voulu rassurer les présents — particulièrement les journalistes — en disant que le gouvernement est particulièrement soucieux de la protection des libertés. «Notre participation à cette réception, a-t-il dit, est la meilleure preuve de notre esprit démocratique». «Vous nous attaquez en ma présence et nul ne vous empêche de le faire», a ajouté le ministre de l’Information qui a toutefois reconnu que l’étape actuelle est très grave et elle nécessite la solidarité de toutes les composantes de la société. M. el-Sabeh a précisé qu’il se trouve à la tribune de la CGTL qui s’est placée dans le camp hostile au gouvernement. «C’est son droit et peut-être son devoir, mais c’est aussi de cette tribune que je veux témoigner en faveur de la liberté».
M. Elias Abou Rizk écoutant le ministre el-Sabeh sous l’œil attentif de plusieurs responsables syndicaux. (Photo Sami Ayad)
Prenant soin de ne pas intervenir dans la crise sécuritaire qui a secoué récemment le pays, la CGTL a attendu le 8 janvier 1997 pour rappeler au gouvernement ses revendications sociales et sa lutte pour les libertés. Et la réception donnée à l’hôtel Beaurivage par la centrale syndicale en l’honneur de la presse a été l’occasion d’un dialogue de sourds, indirect, entre...