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Actualités - CHRONOLOGIE

Un militaire israélien tué et neuf autres blessés, katioucha sur la Galilée, raids aériens sur l'Iqlim El-Touffah Le Liban-sud en ébullition Boueiz évoque à Damas l'escalade et la conjoncture politique

La tension au Liban-Sud est à son paroxysme. Les opérations militaires s’y succèdent à un rythme de plus en plus rapide et le comité de surveillance du cessez-le-feu semble incapable de freiner l’escalade qui se poursuit depuis une huitaine de jours. Hier, un soldat israélien a été tué et neuf autres ont été blessés dans deux attaques du Hezbollah qui a eu deux blessés dans ses rangs. L’aviation israélienne a mené des raids contre le massif de l’Iqlim el-Touffah et, en début de soirée, des roquettes Katioucha ont été tirées sur le nord de la Galilée, un tir dont le Hezbollah a nié la responsabilité. L’aggravation de la situation s’est produite quelques heures à peine après la fin d’une réunion-marathon du comité de surveillance qui s’est contenté d’appeler les belligérants à la «retenue»
Ces développements, les plus graves depuis l’agression israélienne d’avril dernier, s’accompagnent d’un climat politique malsain qui s’est manifesté par les multiples déclarations belliqueuses des dirigeants israéliens, par les attentats antisyriens au Liban et à Damas et, bien entendu, par le blocage du processus de paix israélo-arabe dans tous ses volets. Et la rencontre lundi entre le premier ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, et le chef de l’Armée du Liban-Sud (ALS), Antoine Lahd, s’inscrit dans le cadre des provocations israéliennes, selon une source proche du ministère des Affaires étrangères. La situation explosive sur le terrain et la conjoncture politique régionale ont d’ailleurs été évoquées hier à Damas par le chef de la diplomatie, M. Farès Boueiz, avec le vice-président syrien, M. Abdel Halim Khaddam, et le ministre syrien des Affaires étrangères, M. Farouk el-Chareh.

Katioucha, raids
et attaques

Selon notre correspondant dans la Békaa-Ouest, Saïd Maalawi, les duels d’artillerie et les affrontements directs entre l’armée israélienne et les combattants du Hezbollah se sont poursuivis hier pour la huitième journée consécutive.

Hier à l’aube, trois soldats israéliens ont été blessés par une mine antipersonnel alors qu’ils effectuaient une patrouille dans le secteur de Soujoud, dans la partie orientale de la zone occupée. Cette position a été bombardée ou attaquée par des fantassins du Hezbollah à plusieurs reprises ces derniers jours.

Deux des soldats blessés ont été légèrement atteints et le troisième plus sérieusement sans que ses jours soient en danger, ont précisé des sources militaires israéliennes citées par les agences étrangères. Ces militaires appartiennent à une unité d’élite qui avait déjà perdu deux de ses hommes fin décembre par l’explosion d’une bombe. L’armée israélienne a riposté en tirant une centaine d’obus sur les collines et les vallons de l’Iqlim el-Touffah où la résistance dispose de nombreuses bases. Des hélicoptères israéliens sont aussitôt entrés en action pour mitrailler les sentiers empruntés par les combattants du Hezbollah.
Après l’attaque, le Hezbollah a affirmé dans un communiqué qu’il entendait «poursuivre la résistance jusqu’à la libération du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest de toute présence israélienne».
Dans l’après-midi, un soldat israélien a été tué et six autres blessés lors d’un accrochage avec un commando de la résistance près de la localité de Deir Sérian dans la région de Nabatiyé.
Dans un communiqué, le Hezbollah a déclaré qu’une de ses unités a échangé des coups de feu avec des soldats israéliens sur les rives du Litani. «Nous avons fait une dizaine de victimes dans les rangs de l’ennemi et des hélicoptères sont intervenus pour les évacuer», ajoute le communiqué.
Une source des services de sécurité libanais devait préciser un peu plus tard que deux combattants du Hezbollah ont été légèrement atteints lors de cet accrochage. Il s’agit des premiers blessés dans les rangs de la résistance depuis le début de l’année alors que l’armée israélienne déplore un mort et 14 blessés dans ses rangs.
Vers 18h30, plusieurs roquettes de type Katioucha se sont abattues sur le nord de la Galilée sans faire ni victime ni dégâts. Selon des sources des services de sécurité citées par les agences, «trois roquettes ont été tirées des abords des villages de Hinniyé et Kleilé à 10 km au nord de Tyr en direction d’Israël». Ces deux villages se trouvent dans la zone d’opération du bataillon fidjien de la FINUL.

La harcèlement
des pêcheurs

De même source, on ajoute que «douze autres roquettes ont explosé dans le village de Markaba» situé dans la zone occupée.
Le Hezbollah a immédiatement nié être l’auteur de ces tirs qui sont intervenus moins de douze heures après la fin de la réunion du comité de surveillance. Le 13 décembre, trois roquettes s’étaient abattues sur la Galilée pour la première fois depuis la conclusion de l’arrangement du 26 avril 1996.
Moins d’une demi-heure après ces bombardements, des appareils israéliens ont mené plusieurs raids contre l’Iqlim el-Touffah sans faire de victime. En un quart d’heure, plusieurs chasseurs-bombardiers israéliens ont tiré six missiles sur les collines de cette région montagneuse où le Hezbollah est bien implanté.
Toute la soirée, des appareils israéliens ont survolé le secteur de Nabatiyé où la DCA de la résistance et de l’armée libanaise est entrée en action.
Parallèlement à ces développements, la marine israélienne a repris ses harcèlements des pêcheurs libanais pour la première fois depuis neuf mois.
Des vedettes israéliennes ont tiré à la mitrailleuse et sans aucune sommation sur six embarcations de pêche sans faire de victime. Selon le président du syndicat de la pêche, M. Mohammed Bawab, l’incident s’est produit à l’aube à deux kilomètres de la côte au large de Tyr. Une vedette a même percuté une des embarcations qui a pu regagner le rivage bien qu’endommagée.

Boueiz à Damas

Ces développements militaires suscitent l’inquiétude des responsables libanais qui ne manquent pas de souligner la gravité de la situation. Le premier ministre, M. Rafic Hariri, a cependant exclu une guerre. «Israël s’est engagé sur la voie de l’escalade, mais à mon avis une guerre est à exclure», a-t-il dit à l’issue de la réunion ministérielle au palais de Baabda (VOIR PAGE 4).
M. Boueiz a pour sa part déclaré que «la conjoncture présente risque de déboucher sur de graves développements». Le ministre a tenu ces propos à son arrivée hier à la frontière libano-syrienne où il a été accueilli par son homologue syrien, M. Farouk el-Chareh. «L’attitude adoptée par Israël après avoir bloqué le processus de paix et torpillé la conférence de Madrid risque de déboucher sur de graves développements, a-t-il dit. Il est nécessaire de renforcer la coordination (avec la Syrie) pour tenter de prévoir les événements à venir.
A Damas, MM. Chareh et Boueiz ont eu un premier entretien à l’issue duquel le chef de la diplomatie libanaise a déclaré que «la situation embarrassante dans laquelle s’est placé Israël après avoir torpillé le processus de paix explique l’attitude agressive de l’Etat hébreu et son recours à l’escalade militaire».
Il a ajouté que les pressions et les menaces israéliennes ne pousseront pas le Liban à abandonner sa coopération avec la Syrie au niveau des négociations de paix.
M. Boueiz s’est ensuite longuement entretenu avec M. Abdel Halim Khaddam.
De source bien informée, on indique que M. Boueiz et les responsables syriens qu’il a rencontrés ont exprimé leur inquiétude à l’égard de l’escalade militaire au Liban-Sud. Ils ont examiné les moyens susceptibles d’empêcher une explosion militaire d’envergure. Dans ce cadre, ils ont passé en revue «les relations avec les Etats-Unis et l’Iran».
L’incapacité du comité de surveillance à juguler la violence a aussi été évoquée et le Liban va informer Paris et Washington de son point de vue à ce sujet. Beyrouth pourrait aussi demander à ces deux pays d’engager une démarche diplomatique auprès des Nations Unies au cas où l’inefficacité du comité se prolongerait.
De même source, on ajoute que les dirigeants syriens sont plus que jamais convaincus que l’attentat de Damas, l’agression contre le minibus syrien à Tabarja et l’escalade militaire au Liban-Sud s’inscrivent dans le cadre «d’un complot israélien visant à déstabiliser le Liban et la Syrie pour les pousser à accepter les conditions israéliennes pour la reprise des négociations».
La tension au Liban-Sud est à son paroxysme. Les opérations militaires s’y succèdent à un rythme de plus en plus rapide et le comité de surveillance du cessez-le-feu semble incapable de freiner l’escalade qui se poursuit depuis une huitaine de jours. Hier, un soldat israélien a été tué et neuf autres ont été blessés dans deux attaques du Hezbollah qui a eu deux blessés...