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Actualités - ANALYSE

Plus que jamais, le sud foyer de tension et d'inquiétude

Sempiternel scénario: Israël tente de ligoter le comité de surveillance du cessez-le-feu au Sud tout comme il s’était ingénié jadis, avec succès, à neutraliser la FINUL pour empêcher le déploiement de l’armée libanaise et rendre impossible l’application de la 425. La force intérimaire de l’ONU, confinée à un rôle de témoin impuissant n’est plus là, comme on sait, que pour jouer les assistantes sociales, ce dont la population sudiste lui est d’ailleurs hautement reconnaissante.
Le fond de la mission FINUL se réduit à des constats de terrain qui alimentent le rapport annuel du secrétariat général de l’ONU recensant, en une routine qui laisse le monde indifférent, les actes de violence, les bombardements, les victimes et les blessés. La seule fois (mais Boutros Boutros-Ghali l’aura payé de son poste même), où ce rapport a eu quelque retentissement, c’est quand il est venu confirmer l’entière culpabilité israélienne dans le massacre de Cana...
A plusieurs reprises depuis l’arrivée des Casques bleus en 1978, Israël a lancé ses forces à l’assaut du Liban, arrivant en 1982 jusqu’à Beyrouth puis provoquant en 1993 comme en 1996 des exodes massifs des sudistes en direction de l’intérieur, par des matraquages d’artillerie de destruction totale. La FINUL, simple cordon sanitaire sans pouvoir coercitif, n’a donc jamais pu imposer le silence des armes dans la zone qui lui est confiée.
Privée de toute expression militaire, cette force n’en a que plus de mérite de s’être accrochée malgré la pression d’une situation constamment dangereuse pour ses effectifs, de ne pas avoir plié bagage comme le souhaite Israël depuis le premier jour.
On peut dès lors estimer que cette présence internationale, pour symbolique qu’elle reste, a empêché Israël d’annexer le Sud et la Békaa-Ouest occupés comme il l’a fait du Golan par une «loi» de la Knesset en 1981.
Mais le péril persiste en la demeure. Car le Likoud revenu au pouvoir en Israël s’efforce ouvertement de gommer les principes de Madrid, en proposant la tenue d’une nouvelle conférence «de paix» qui établisse des règles différentes et qui remplace, pour tout résumer, la formule «la paix moyennant la terre» par «la paix moyennant la sécurité». Autrement dit, et avec un cynisme aussi flagrant qu’absurde, Netanyahu prétend qu’il peut y avoir une paix sans restitution de territoires. Comment, dira-t-on, peut-il renier les engagements pris par un Etat hébreu que dirigeait, lors de Madrid, non pas un travailliste mais son propre prédécesseur à la tête du Likoud, Yitzhak Shamir?

Aveux tardifs

La réponse, c’est ce dernier lui-même qui l’apporte: toujours avec le même tranquille cynisme, il indique qu’il ne s’était rendu à Madrid que contraint et forcé par le président George Bush qui lui bloquait l’accès à un emprunt de 10 milliards de dollars à des fins militaires. Et Shamir, qui avait à l’époque Netanyahu comme bras droit, ajoute sans vergogne qu’il n’avait jamais eu l’intention de jouer le jeu à l’américaine, qu’il nétait absolument déterminé à torpiller le processus Baker ou au moins à l’entraver durablement.
Objectif atteint puisque dans l’intervalle travailliste Rabin et Pérès, retenus par des considérations électorales, n’ont pas été assez vite en besogne et n’ont réussi qu’à conclure des accords incomplets avec les Palestiniens, un arrangement avec la Jordanie, sans aborder le volet Golan et encore moins la question du Liban-Sud. Aujourd’hui, Netanyahu veut tout chambouler et prétend même «réviser de façon restrictive» les accords d’Oslo qui sont pourtant, aux yeux des Palestiniens, le minimum de ce qu’ils pouvaient obtenir.
Parallèlement, il s’efforce de faire en sorte que le comité international de surveillance du cessez-le-feu au Sud ne soit plus qu’un bureau des réclamations qui enregistre les plaintes sans leur donner de suite et se contente de publier des communiqués ménageant la chèvre et le chou... Un but assez facile à réaliser car, comme on sait, cette instance, contrairement à ce que son nom peut laisser penser, ne veille pas au maintien du cessez-le-feu mais à l’application des accords tacites d’avril qui autorisent les actions militaires de part ou d’autre, mais dans des conditions déterminées, à savoir éviter de bombarder des objectifs civils en territoire occupé et de tirer des Katioucha sur la Galilée.
Le comité n’intervient donc qu’après coup, c’est le mot («celui qui a frappé a frappé et celui qui a fui a fui», dit l’adage local) et alors il est trop tard. D’autant que ses sentences ne changent rien à ce qui s’est passé et n’en empêchent pas la réédition, du moment qu’on ne prévoit pas un système de sanctions... Israël s’engouffre dans cette brèche si large et foule presque tous les jours aux pieds les accords d’avril, en bombardant des villages en représailles aux actions menées par la résistance.
Cela pour faire monter la tension et tenter d’aboutir avec l’aide américaine à un nouvel arrangement neutralisant de fait le Hezbollah, qui est sans cesse en butte à des provocations manifestes visant à le pousser à tirer de nouveau des Katioucha sur la Galilée. Autre effet que recherche Israël: qu’on parle de tout sauf de la 425...
Seul Washington, on s’en doute, peut contrer efficacement les plans de Netanyahu, ici ou là. Saura-t-il le faire? Et en ce qui concerne le Sud, le voudra-t-il vraiment? Là est toute la question...

E.K
Sempiternel scénario: Israël tente de ligoter le comité de surveillance du cessez-le-feu au Sud tout comme il s’était ingénié jadis, avec succès, à neutraliser la FINUL pour empêcher le déploiement de l’armée libanaise et rendre impossible l’application de la 425. La force intérimaire de l’ONU, confinée à un rôle de témoin impuissant n’est plus là, comme on...