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Cinema- - Entre parenthèses

Guess who’s coming to dinner ?*

Lorsque Sydney Poitier (le gentil Afro-Américain que chacun imaginerait  en gendre... mais pour les autres) pointa à dîner chez le couple Katharine Hepburn-Spencer Tracy, l'instant de surprise était grand et les ondes sismiques se sont faites ressentir sur l'écran tout comme dans la salle et le monde entier. Schocking isn't it ? Un Noir  qui osait franchir le perron d'une famille américaine bien bourgeoise (blanche de surcroît) pour demander la main de leur fille. C'était en 1967 et Stanley Kramer venait de produire un choc tellurique qui allait profondément se faire ressentir par la suite dans le milieu du cinéma.  
Barack Obama est désormais la nouvelle star à Washington. Sa complexe ascension au sommet, qui a été maintes fois analysée, expliquée et commentée, doit aussi être comprise à travers l'histoire d'Hollywood et ses stars afro-américaines. Dans ce continent, obsédé par l'image, le cinéma et la télévision ont certainement contribué à avaliser la venue et l'acceptation d'un Noir par la majorité blanche. Révolues les années d'esclavagisme où l'on voyait une Afro-Américaine à l'écran réduite aux seuls fourneaux et ménages (Gone with the Wind). Révolue aussi la maltraitance de cette partie de la population aperçue dans The Colour Purple, merveilleux film de Spielberg en 1985 où Whoopi Goldberg donna le meilleur d'elle-même.  Il était temps que tout le monde  prenne le bus (Get on the Bus, Spike Lee, 1996) pour ne pas  rater le coche et faire ce qu'il faut, Do the Right Thing (autre film de Spike Lee, sorti en 1989).
Selon Manohla Dargis et A. O. Scott du New York Times, qui ont dressé le portrait de l'homme noir dans l'Amérique virtuelle, «  l'histoire afro-américaine moderne a été, entre autres, une série de premières, et la première vedette de cinéma noire - à remporter l'Oscar du meilleur acteur et à voir son nom au haut des affiches promotionnelles - était Sidney Poitier. Pour une grande partie des années 1960, M. Poitier portait le lourd fardeau d'une importante faction de la population américaine. Surnommé  le « Black Everyman», il est devenu une figure symbolique non seulement pour les Afro-Américains, mais aussi pour la nation entière.
En effet, en 1961, l'année où M. Obama est né, le jeune Sydney Poitier incarnait Walter Lee Younger, le personnage ambitieux de A Raisin in the Sun où il montrait comment un homme noir affirmait son leadership dans une société qui exige son asservissement.  Très vite, le comédien devint ce To Sir with Love, que toute élève des seventies aurait aimé avoir, et enfin celui qui tint tête au raciste Rod Steiger dans In the Heat of the Night. Aujourd'hui, les héritiers de Sydney Poitier sont nombreux. Ils ont pour noms, entre autres,  Denzel Washington, qui campa pour Spike Lee (encore un autre Obamanien) la longue lutte contre le racisme dans Malcolm X  ainsi que l'amour controversé entre un Noir et une Blanche dans Jungle Fever, ou  celui de Morgan Freeman, souvent mentor de jeunes protagonistes blancs. Ce phénomène que l'historien Donald Bogle appelle la « fixation huckfinn » en référence à  Huckelberry Finn : « des films dans lesquels un bon homme blanc, luttant contre le courant dominant (blanc) corrompu, s'associe avec un Noir fiable qui ne rivalise jamais avec le Blanc et qui agit comme un rembourreur d'ego. Le héros blanc voit son statut s'élever à travers cette association parce que les Noirs semblent posséder l'âme que l'homme blanc recherche ».
Cette confrérie afro-américaine d'acteurs et cinéastes aurait-elle balisé le terrain sans le savoir à ce « Béni » de l'an 2009, et « Devine qui est à la Maison-Blanche  ? » serait-il le remake cinquante ans après de l'œuvre de Stranley Kramer, tant attendue par  Spike Lee, Oprah Winfrey et Denzel Washington,  mais qui se déroule cette fois non dans le virtuel mais bel et bien à Washington ?

*Film de Stanley Kramer, 1967.
Lorsque Sydney Poitier (le gentil Afro-Américain que chacun imaginerait  en gendre... mais pour les autres) pointa à dîner chez le couple Katharine Hepburn-Spencer Tracy, l'instant de surprise était grand et les ondes sismiques se sont faites ressentir sur l'écran tout comme dans la salle et le monde entier. Schocking isn't it ? Un Noir ...

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