Accusée d'avoir organisé un événement anti-saoudien, l'ambassade d'Iran à Beyrouth dément

L'ambassade d'Iran au Liban a catégoriquement démenti vendredi être à l'origine d'un événement au cours duquel auraient été prononcés et diffusés des diatribes et propos insultants à l’encontre de l’Arabie saoudite et son dirigeant de facto, le prince héritier Mohammad ben Salmane.

Selon une vidéo publiée jeudi par le média en ligne Red TV, nouveau venu aux origines peu claires sur la scène médiatique libanaise, un événement aurait été organisé à l'ambassade, en présence de personnalités locales proches du Hezbollah. Au cours de cette conférence, une vidéo aurait été diffusée appelant à « l'annihilation » de l'Arabie saoudite. L'émission de Red TV montre une foule présente dans une salle et des captures d'écran d'une vidéo présumée, dont les sous-titres déroulaient des insultes à l'encontre du royaume saoudien. A aucun moment cependant, les images ne retransmettent le contenu audio du document qui aurait été diffusé. L'on aperçoit parmi les participants à cet événement l'ancien ministre druze Wi'am Wahhab.

Émoi sur les réseaux et polémique

Il s'agit, selon la représentation diplomatique iranienne à Beyrouth, « d'images fabriquées de toutes pièces, qui n’ont rien à voir avec la réalité ni avec le travail journalistique professionnel ». Selon le texte obtenu par L'Orient-Le Jour auprès de l'ambassade, « tout le matériel montré pendant l'événement était exclusivement lié à la documentation de l'agression israélienne contre la République islamique d'Iran, et les pertes qu'elle a causées ». Elle a dénoncé une volonté de « semer la discorde entre les fils d'une même nation » au Liban et de « nuire aux relations de fraternité et de coopération entre les peuples et les gouvernements de la région ». L'ambassade se réserve le droit de prendre des mesures judiciaires contre le site si ceux qui en sont responsables ne se rétractent pas et ne présentent pas d'excuses officielles pour ces allégations.

Avant cette clarification, la publication avait suscité l’émoi sur les réseaux sociaux, provoquant une nouvelle polémique entre les partisans du parti chiite proche de l’Iran, et ses détracteurs proches de l’Arabie saoudite. « C'est là que réside le rôle du président libanais Joseph Aoun : prendre des mesures immédiates à l'encontre de tout ambassadeur qui influencerait la relation du Liban avec un autre État », a réagi sur son compte X Bayrak al-Bayrak, dont le profil arbore le portrait du prince héritier saoudien. « Tant que l’État libanais permettra qu'on s'attaque au royaume, le Liban ne verra pas de dollar jaune ou vert »... renchérit Hamdane Helal, dont les publications semblent montrer qu'il est également partisan de Riyad. « Où est la vidéo qui mentionne ces propos ? Je ne vois qu'une information énoncée sans preuves. Vous n'êtes qu'une bande d'ignorants », répond Ali Saleh, visiblement partisan de l'Iran.

La polémique intervient dans un contexte de guerre depuis une semaine entre Israël et l’Iran et d’attentisme sur une éventuelle entrée américaine dans le conflit. Après avoir laissé planer le doute sur une participation des États-Unis à l’offensive israélienne contre l’Iran, Donald Trump a en effet accordé à Téhéran un délai de deux semaines pour donner une chance à la diplomatie.

Selon l'agence Reuters et le Washington Post, l’Iran a sollicité la médiation de l’Arabie saoudite (qui a condamné l'attaque israélienne), aux côtés du Qatar et du sultanat d’Oman pour obtenir un cessez-le-feu. Si les relations de Téhéran sont privilégiées avec le Qatar et Oman, sa réconciliation avec Riyad n'est scellée que depuis 2023.