
Le Conseil des ministres réuni le 16 juin 2025 au palais présidentiel de Baabda. Photo tirée du compte X de la présidence libanaise
Le Conseil des ministres, réuni lundi au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’État Joseph Aoun, a approuvé les nominations diplomatiques, a annoncé le ministre de l’Information, Paul Morcos, l’issue de la séance. Ces nominations étaient en suspens depuis 2017.
En ce qui concerne la loi électorale, le ministre a précisé que « des discussions engagées autour des amendements souhaités et qu'un comité ministériel a été formé afin de les examiner. » En effet, le député Ali Hassan Khalil (mouvement chiite Amal), propose deux lois : le premier texte prévoit, en vue du prochain scrutin, l'amendement de la loi électorale de 2017, sur la base de laquelle se sont déroulées les élections législatives de 2018 et de 2022. Il propose de remplacer les 15 circonscriptions actuelles par une seule, sur la base de la proportionnelle. Le second porte sur la création d'un Sénat. Selon la proposition, cette Chambre haute serait composée de 46 membres élus sur une base de quotas confessionnels et de parité entre chrétiens et musulmans, alors que les députés ne seraient plus élus sur une base confessionnelle comme c’est le cas aujourd’hui.
Plan de Tarek Mitri pour le retour des déplacés syriens
Toujours lors de son intervention devant la presse, Paul Morcos, a indiqué que le Conseil avait examiné et approuvé la proposition du vice-président du Conseil, Tarek Mitri, relative au plan de retour des réfugiés et migrants syriens. Leur nombre au Liban est estimé à plus de 1,5 million depuis 2011 et jusqu’à la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024, avec des déplacés internes (au Liban) estimés à 1,2 million au plus fort de la guerre entre le Hezbollah et Israël, entre septembre et novembre 2024. Ce nombre très important de réfugiés pèse sur le Liban, notamment en raison de la crise économique et financière qui frappe le pays depuis 2019.
Le gouvernement a par ailleurs décidé de réexaminer la proposition de création d’un ministère de la Technologie et de l’Intelligence artificielle. Il a aussi donné son accord pour la signature d’un accord avec le Fonds monétaire international en vue de l’établissement d’un bureau du représentant résident du Fonds au Liban.
En outre, le Conseil a approuvé « la hausse du montant de l’allocation logement par bénéficiaire, le faisant passer de 50 000 à 100 000 dollars ». Ces prêts subventionnés au logement seront destinés aux Libanais à revenus faibles et moyens et à des personnes ayant des besoins spéciaux.
Le ministre de l’Énergie et de l'Eau, Joe Saddi, a, pour sa part, indiqué avoir proposé de suspendre la question de l’augmentation du prix des carburants, « tout en soulignant que le principe du soutien aux militaires demeure non négociable. J’ai proposé de revenir devant le Conseil des ministres avec une proposition complète. »
Le 29 mai dernier, le gouvernement de Nawaf Salam décidait d’augmenter les taxes sur les carburants : 100 000 livres prélevées sur chaque 20 litres d’essence vendus (soit 1,1 dollar au taux du marché) et 174 000 livres sur chaque 20 litres de mazout (1,94 dollar). Une taxe qui frappe tous les automobilistes sans distinction, afin de financer des aides mensuelles à l’armée : 14 millions de livres pour les militaires actifs et 12 millions de livres pour les militaires à la retraite, effectives à partir du 1er juillet 2025. Cette décision avait suscité la colère de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) et du syndicat des transporteurs terrestres.
Quant à la demande du ministère de l’Énergie et de l’Eau d’approuver un projet de décret visant à fixer l’indemnité mensuelle forfaitaire du président et des membres de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité, ainsi qu’à celle du ministère des Travaux publics et des Transports visant à approuver un projet de décret relatif à la rémunération du président et des membres du conseil d’administration de l’Autorité de l’aviation civile, il a été décidé de soumettre les deux dossiers au Conseil d’État pour examen.
« Épargner le Liban » du conflit Israël-Iran
Toujours selon M. Morcos, le Premier ministre Nawaf Salam a souligné « la nécessité d’épargner au Liban toute implication, quelle qu’en soit la forme, dans le conflit en cours, en raison des répercussions qui en découleraient et avec lesquelles le pays n’a aucun lien ». Ses propos ont été tenus dans le cadre d’une situation régionale extrêmement tendue, depuis qu’Israël a mené dans la nuit de jeudi à vendredi des attaques contre l’Iran pour mettre un terme à son programme nucléaire, et que ce pays a contre-attaqué en envoyant des missiles vers l’intérieur israélien à plusieurs reprises.
Le président Joseph Aoun a quant à lui insisté sur « la nécessité de déployer tous les efforts possibles afin de tenir le Liban à l’écart des conflits qui ne le concernent pas », exprimant l’espoir que « la situation régionale n’entrave pas les opportunités dont dispose le pays », selon l'Agence nationale d'information.
Le Premier ministre a indiqué avoir demandé au président palestinien Mahmoud Abbas de « mettre en œuvre les décisions relatives aux armes des camps palestiniens », alors que le gouvernement avait fixé pour hier le début des opérations de désarmement des camps palestiniens.
Et les réformes bancaires, c’est pour quand ?
19 h 12, le 16 juin 2025