Rassemblement de femmes dans le centre de Téhéran, le 13 juin 2025, pour protester contre la vague de frappes israéliennes sur l'Iran. Photo Atta Kenare /AFP
Israël a déclaré vendredi avoir mené des frappes en Iran, à la veille de pourparlers normalement prévus entre la République islamique et les États-Unis sur l'escalade du programme d'enrichissement de l'uranium de Téhéran, qui devaient avoir lieu à Oman. Il s'agit de la dernière escalade en date depuis le début de la guerre à Gaza en 2023. Les craintes d'une guerre totale entre les deux pays, dont l'inimitié remonte à des décennies de conflits clandestins et comprend des attaques terrestres, maritimes, aériennes et cybernétiques, se renforcent.
Ci-dessous la chronologie des périodes d'escalade entre les deux pays :
1979 - Le Shah d'Iran Mohammad Reza Pahlavi, pro-occidental, qui considérait Israël comme un allié, est chassé du pouvoir par une révolution islamique qui instaure un nouveau régime théocratique chiite dont l'opposition à Israël est un impératif idéologique.
1982 - Alors qu'Israël envahit le Liban, les Gardiens de la révolution iraniens collaborent avec leurs coreligionnaires chiites libanais pour créer le Hezbollah. Israël finira par considérer ce groupe paramilitaire comme l'adversaire le plus dangereux à ses frontières.
1983 - Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, a recours aux attentats suicides pour expulser les forces occidentales et israéliennes du Liban. En novembre, une voiture bourrée d'explosifs fonce sur le quartier général de l'armée israélienne au Liban, faisant des dizaines de morts. Israël se retire ensuite de la majeure partie du Liban.
1992-94 - L'Argentine et Israël accusent l'Iran et le Hezbollah d'avoir orchestré des attentats suicides à la bombe contre l'ambassade d'Israël à Buenos Aires en 1992 et contre un centre juif de la ville en 1994, qui ont tous deux fait des dizaines de morts. L'Iran et le Hezbollah nient toute responsabilité.
2002 - La révélation que l'Iran dispose d'un programme secret d'enrichissement de l'uranium éveille des craintes quant à la possibilité de sa fabrication d'une bombe nucléaire en violation de ses engagements au titre du traité de non-prolifération, ce qu'il nie. Israël demande instamment que des mesures sévères soient prises à l'encontre de la République islamique.
2006 - Israël combat le Hezbollah dans une guerre d'un mois au Liban, mais n'est pas en mesure d'écraser le groupe lourdement armé, et le conflit se termine dans une impasse.
2009 - Dans un discours, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qualifie Israël de « cancer dangereux et mortel ».
2010 - Stuxnet, un virus informatique malveillant probablement mis au point par les États-Unis et Israël, est utilisé pour attaquer une installation d'enrichissement de l'uranium sur le site nucléaire iranien de Natanz. Il s'agit de la première cyberattaque publiquement connue visant des machines industrielles.
2012 - Le scientifique nucléaire iranien Mostafa Ahmadi-Roshan est tué par une bombe placée sur sa voiture par un motocycliste à Téhéran. Un responsable de la ville accuse Israël d'être à l'origine de l'attentat.
2018 - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu salue le retrait du président Donald Trump de l'accord nucléaire iranien conclu avec les puissances mondiales, après des années de lobbying contre l'accord, qualifiant la décision de M. Trump de « décision historique ». En mai, Israël affirme avoir frappé des infrastructures militaires iraniennes en Syrie, où Téhéran soutient le président Bachar el-Assad dans la guerre civile, après que les forces iraniennes ont tiré des roquettes sur les hauteurs du Golan occupées par Israël.
2020 - Israël se félicite de l'assassinat du général Qassem Soleimani, commandant de la branche étrangère des Gardiens de la révolution iraniens, lors d'une attaque de drone américain à Bagdad. L'Iran riposte par des attaques de missiles sur des bases irakiennes abritant des troupes américaines. Une centaine de militaires américains sont blessés.
2021 - L'Iran accuse Israël d'avoir assassiné Mohsen Fakhrizadeh, considéré par les services de renseignement occidentaux comme le cerveau d'un programme iranien secret visant à développer une capacité d'armement nucléaire. Téhéran a longtemps nié une telle ambition.
2022 - Le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Yair Lapid signent un engagement commun pour refuser à l'Iran l'accès à l'arme nucléaire, montrant l'unité d'alliés longtemps divisés sur la diplomatie avec Téhéran. Cet engagement, qui fait partie de la « Déclaration de Jérusalem » couronnant la première visite de Joe Biden en Israël en tant que président, est intervenue un jour après qu'il a déclaré à une chaîne de télévision locale qu'il était ouvert à un recours à la force en « dernier ressort » contre l'Iran. Cela a semblé répondre aux appels israéliens en faveur d'une « menace militaire crédible » de la part des puissances mondiales.
Avril 2024 - Une attaque aérienne israélienne présumée sur le complexe de l'ambassade iranienne à Damas tue sept officiers des Gardiens de la révolution, dont deux commandants de haut rang. Israël ne confirme ni n'infirme sa responsabilité. Le 13 avril, l'Iran répond par un barrage de drones et de missiles lors d'une attaque directe sans précédent sur le territoire israélien, incitant Israël à lancer une frappe sur le sol iranien le 19 avril, selon des sources proches du dossier.
Octobre 2024 - L'Iran tire plus de 180 missiles sur Israël pour se venger de l'assassinat du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le 27 septembre, lors d'une frappe aérienne sur la banlieue sud de Beyrouth, et de l'assassinat du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans la capitale iranienne, le 31 juillet. Israël frappe des sites militaires en Iran plus tard dans le mois, affirmant qu'il riposte aux attaques de Téhéran. Les médias iraniens font état d'explosions survenues pendant plusieurs heures à Téhéran et dans les bases militaires voisines. L'Iran signale des «dégâts limités» sur certains sites.
13 Juin 2025 - Israël mène des frappes en Iran visant à perturber l'infrastructure nucléaire de la République islamique et à cibler des scientifiques travaillant sur une bombe nucléaire dans le cadre d'une opération qui se poursuivra pendant plusieurs jours.
Baptisée « Rising Lion » (Lion qui se lève), l'offensive israélienne vise également des commandants iraniens et des usines de missiles, et déclare un état d'urgence en prévision des représailles iraniennes. Les médias d'État iraniens rapportent que le commandant des Gardiens de la révolution de Téhéran, Hossein Salami, et les scientifiques nucléaires Fereydoun Abbasi-Davani et Mohammad Mehdi Tehranchi ont été tués lors de l'attaque.
Les États-Unis affirment ne pas avoir fourni d'assistance pour l'opération. Les frappes ont eu lieu un jour après que le président Donald Trump a déclaré que le personnel américain était en train de quitter le Moyen-Orient parce que «cela pourrait être un endroit dangereux».