
Soldats libanais et casques bleus de la FINUL à Kfarchouba, au Liban-Sud, le 26 août 2024. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Alors que les tensions subsistent entre les habitants du Liban-Sud, zone d’opération des Casques bleus, et la force onusienne, et que les pressions s'intensifient avant le renouvellement de son mandat, les responsables libanais ont, de concert, exprimé leur soutien à la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), mettant en garde contre toute décision à son encontre.
Dans ce cadre, le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a affirmé que « le Liban et les enfants du Sud tiennent avant tout au maintien de la Finul dans leurs villages, ainsi qu’à la préservation de la relation bilatérale qui existe entre les deux parties depuis l’arrivée des unités en 1978 », dans un entretien au quotidien An-Nahar.
« Le Hezbollah n'entrave pas leur mission »
Ces propos ont été tenus après un incident violent dans le caza de Tyr, au Liban-Sud, entre les soldats de la paix et des « individus en civil », ce qui a provoqué des réactions au Liban. Cette nouvelle poussée de tensions a conduit la force internationale à appeler les autorités libanaises à «prendre les mesures nécessaires» pour que ses membres puissent accomplir leur mission « sans entrave ni menace ». Des riverains avaient tenté d'expulser la force d'un terrain privé, allant jusqu’à caillasser les véhicules de l’ONU, et les accusant d’avoir tiré en l’air et utilisé des gaz lacrymogènes. Après cet incident, l'armée libanaise s'était déployée dans la zone pour poursuivre les agresseurs.
Interrogé à ce sujet, le chef du Législatif a estimé que « ces incidents surviennent lorsque des patrouilles de la Finul pénètrent sur des terrains privés sans être accompagnées par l’armée libanaise. Le Hezbollah (l'allié de M. Berry) n’entrave pas leur mission, mais nous n’acceptons aucune modification des prérogatives qui leur sont dévolues ». Il a également assuré qu’« aucun diplomate occidental ou onusien ne lui a jamais fait part de l’éventualité d’un retrait de la force internationale du Sud ».
Ali Fayad, député et membre du groupe parlementaire du Hezbollah, a de son côté exprimé son souhait d’établir « une relation positive entre les habitants du Sud et la force onusienne ». Il a souligné l’importance du maintien de la présence de la Finul dans la région, dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1701, « en coordination avec l’armée libanaise, et dans son rôle défini de prévention des violations et des agressions israéliennes, ainsi que d’appui à l’État libanais pour l’affirmation de sa souveraineté ». Il a toutefois reproché aux Casques bleus de pénétrer dans les villages et les propriétés privées « sans coordination ni présence de l’armée libanaise », alors que « les habitants du Sud ne constatent aucun rôle concret de la Finul dans la gestion de la poursuite de l’occupation des terres libanaises par l’ennemi israélien, ni dans la lutte contre les opérations d’infiltration, les assassinats ciblés et les actes hostiles survenus dans la zone d’opérations des forces internationales ». Le vice-président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Ali el-Khatib, a appelé « (ses) concitoyens du Sud à adopter une attitude positive envers les forces onusiennes, conformément aux valeurs morales issues de notre héritage national et islamique ». Il a estimé que « les incidents qui surviennent entre ces forces et les citoyens ne servent ni la cause nationale, ni la libération du territoire, ni l’arrêt de l’agression israélienne, mais sont exploités par cet ennemi (Israël) ainsi que par certains acteurs internes pour nuire à la résistance et à nos nobles objectifs ».
Conséquences imprévisibles
Le chef des Forces libanaises Samir Geagea s'est dit étonné face à ce qui se passe avec les forces de la Finul, sans qu’aucune position claire ne soit prise par les autorités libanaises ». « Si la Finul dépasse les limites de ses prérogatives, les autorités libanaises doivent l'en informer immédiatement. Mais si, comme il ressort clairement de la résolution 1701 et des renouvellements successifs de son mandat, la Finul n'excède pas ses prérogatives, il revient alors aux instances compétentes d’intervenir dès le premier instant, non seulement pour mettre fin aux affrontements qui opposent certains jeunes aux Casques bleus, mais aussi pour arrêter les agresseurs et les traduire en justice. » « Les autorités libanaises doivent arrêter quiconque s’en prend à la Finul et agir de manière à démontrer l’existence d’un véritable État au Liban », a conclu M. Geagea
« Il est important de s’adapter aux cycles du temps, malgré leur dureté, en attendant des conditions politiques meilleures. Dans ce contexte, le maintien des forces internationales au Liban-Sud est plus qu’une nécessité, afin d’éviter un saut dans l’inconnu en ces temps de chaos et de conflits qui règnent dans le monde », a pour sa part estimé sur X leader druze Walid Joumblatt.
« Face à la répétition des attaques contre les forces onusiennes, parallèlement aux révélations sur de nouveaux collaborateurs avec l’ennemi israélien », l’ancien Premier ministre Nagib Mikati a indiqué qu'il incombait au Hezbollah de « redoubler d’efforts pour assainir son environnement, afin de ne pas faire partie de ceux qui participent au projet de renverser la Finul ou de saper son rôle ». Et d'ajouter : « La présence de la Finul dans le sud constitue le prolongement de la tutelle internationale sur le Liban. Le plus grand danger serait que certains considèrent que l’éviction de la Finul est une victoire, car cela plongerait le Liban dans une phase aux conséquences imprévisibles tant sur le plan de la légitimité internationale que sur le terrain. »
Rodolphe Haykal au QG de la Finul
Le commandant en chef de l’armée, Rodolphe Haykal, s’est dans ce contexte rendu au quartier général de la Finul à Naqoura, où il a rencontré son commandant en chef, le général Aroldo Lázaro. Lors de la réunion, les deux responsables ont passé en revue « les derniers développements dans le secteur au sud du Litani » et ont souligné « l’importance d’une coordination et d’une coopération étroites entre l’armée et la Finul, dans le cadre de la résolution 1701 », a rapporté l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Ils ont également insisté sur « le rôle essentiel et nécessaire de la Finul dans les efforts visant à rétablir la stabilité dans le Sud, alors que l’ennemi israélien poursuit ses agressions, ses violations. »
Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, le 27 novembre dernier, une cinquantaine d’incidents ont opposé des habitants du Sud, majoritairement partisans du Hezbollah, aux soldats de la paix, alors que le renouvellement du mandat de la Finul est prévu fin août. Ce renouvellement par le Conseil de sécurité provoque chaque année des remous. En 2024, le débat avait tourné autour de l'ajout dans le texte du mandat d'une mention obligeant les Casques bleus à ne circuler qu'avec une escorte de l'armée libanaise, mais l'article 12 continue de garantir sa liberté de mouvement dans sa zone de déploiement. Début mai, l’armée libanaise a affirmé à notre publication que, faute de moyens, elle laissait de plus en plus les Casques bleus patrouiller seuls.
C une blague ou c une blague ? rouvrir le dossier du soldat irlandais ASSASSINE ? oui et hezbollah n'est qu'une formation de scoutisme catholique !
11 h 13, le 12 juin 2025