Le président chinois Xi Jinping applaudit après une conférence de presse au Grand Hall du Peuple à Pékin, le 13 mai 2025. Photo AFP / TINGSHU WANG
Guerre en Ukraine, conflits commerciaux: le chancelier allemand et le président chinois ont promis vendredi de « travailler en partenariat » pour relever les nombreux défis mondiaux malgré certains désaccords persistants. Lors de leur premier échange téléphonique depuis l'entrée en fonction de Friedrich Merz, Xi Jinping a souligné que « le monde d'aujourd'hui subit des changements accélérés inédits depuis un siècle », selon des propos rapportés par l'agence Xinhua. « L'importance stratégique et primordiale des relations Chine-Allemagne et Chine-UE devient de plus en plus évidente », a-t-il ajouté.
Fortement exportateurs, ces deux pays éprouvent de grandes difficultés face à un président américain totalement imprévisible. Vendredi à la mi-journée, Donald Trump a menacé l'UE de 50% de droits de douane à partir du 1er juin, faisant plonger les Bourses européennes. Sur le front de la guerre en Ukraine, Friedrich Merz a exhorté son homologue chinois à soutenir les efforts de paix qui se sont intensifiés ces dernières semaines.
« Les deux dirigeants ont discuté de la guerre d'agression russe contre l'Ukraine. Le chancelier a rendu compte des efforts conjoints de l'Europe et des États-Unis pour parvenir à un cessez-le-feu rapide. Il a demandé que ces efforts soient soutenus », selon un communiqué du gouvernement allemand. Le compte-rendu chinois de cet entretien ne mentionne pas explicitement la guerre en Ukraine.
Kiev et Moscou ont tenu en Turquie la semaine dernière leurs premiers pourparlers depuis 2022, année du début de l'invasion russe en Ukraine. Mais depuis, Moscou émet des doutes sur une nouvelle rencontre. Jeudi, après un entretien téléphonique avec M. Xi, le président français Emmanuel Macron avait assuré partager avec son homologue chinois « le même objectif vis-à-vis de la guerre menée par la Russie »: « une paix durable et robuste (qui) commence par un cessez-le-feu immédiat et sans conditions ».
« Concurrence loyale »
Alors que les échanges commerciaux nourris entre la Chine et l'Allemagne sont émaillés de tensions géopolitiques et économiques, M. Merz a souligné lors de son entretien avec Xi l'importance d'une « concurrence loyale » et de la « réciprocité » entre les deux puissances. Quantité de produits chinois subventionnés inondent l'Europe et le marché allemand en particulier, suscitant des inquiétudes quant à l'impact sur l'industrie locale. Cela va des voitures électriques, soutenues par des subventions étatiques, aux panneaux solaires chinois à bas prix, sans omettre le bras de fer en cours sur l'acier.
Partenaire commercial crucial pour l'Allemagne, la Chine a longtemps été ménagée par les responsables allemands. Berlin avait toutefois durci le ton sous le mandat d'Olaf Scholz face à la montée des tensions géopolitiques et à la rivalité économique croissante entré Pékin et l'Union européenne. La politique de « réduction des risques » prônée la semaine dernière par Friedrich Merz pour limiter les dépendances unilatérales vis-à-vis du géant asiatique s’inscrit dans la continuité du précédent gouvernement.
De son côté, M. Xi a demandé à l'Allemagne de soutenir davantage les investissements bilatéraux, selon les médias d'Etat chinois. « J'espère que la partie allemande fournira davantage de soutien politique et de facilitation pour la coopération bilatérale en matière d'investissement, ainsi qu'un environnement commercial équitable, transparent et non discriminatoire pour les entreprises chinoises » a déclaré Xi Jinping, selon des propos rapportés par l'agence Xinhua.
L’Allemagne a également durci sa position sur les investissements chinois pour des raisons de sécurité nationale, bloquant plusieurs acquisitions dans les secteurs sensibles des semi-conducteurs et des satellites en 2022 et 2023, et limitant la prise de participation du géant Cosco dans un port de Hambourg.