
Une patrouille de la Finul a été brièvement arrêtée à Chaqra (caza de Bint Jbeil) par des habitants, le mardi 20 mai 2025, avant que l'arrivée de l'armée libanaise ne permette aux Casques bleus de poursuivre leur chemin. Photo obtenue par notre correspondant dans le Sud, Mountasser Abdallah.
Une patrouille de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a une nouvelle fois été arrêtée mardi par des habitants au Liban-Sud, cette fois-ci à Chaqra (caza de Bint Jbeil), rapporte notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah. Alors que ce genre de scènes oblige d'ordinaire les Casques bleus à faire demi-tour, l'intervention de l'armée libanaise a cette fois-ci permis à la patrouille de poursuivre son chemin.
« Le problème a été rapidement résolu : une patrouille a été arrêtée, puis l’armée libanaise est intervenue peu après, ce qui a permis aux Casques bleus de poursuivre leur chemin », affirme à L'Orient-Le Jour le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti. « La résolution 1701 donne à la Finul l’autorité de se déplacer librement et de mener des patrouilles, avec ou sans l'armée libanaise », poursuit-il, rappelant que « cela fait partie de (son) mandat, et la liberté de mouvement est essentielle à l’accomplissement de (ses) missions mandatées ».
Théoriquement, la force onusienne peut se déplacer de manière indépendante « dans les secteurs où ses forces sont déployées » (article 12 de la résolution 1701 de l’ONU), mais, sous la pression du Hezbollah, la liberté de déplacement de la Finul au Liban-Sud sans l’armée libanaise a été remise en cause ces dernières années.
La résolution 1701, votée après la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël, a considérablement élargi les prérogatives de la Finul, présente au Liban-Sud depuis 1978. Cette résolution sert de cadre à l'accord de cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024 entre le Liban et l'État hébreu. Les Casques bleus sont amenés à aider l'armée libanaise à démanteler l'infrastructure du Hezbollah au sud du Litani. Il y a une semaine, la Finul a déclaré avoir découvert plus de 225 caches d'armes dans le sud du pays depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, et avoir permis à l'armée libanaise de se « redéploye(r) sur plus de 120 positions permanentes au sud du (fleuve) Litani », situé à environ 30 km de la frontière israélienne.
Les capacités limitées de l'armée libanaise, qui doit également se déployer sur la frontière avec la Syrie, où des affrontements ont éclaté ces derniers mois entre clans chiites et nouvelles forces de sécurité syrienne, oblige la Finul à multiplier ces dernières semaines les patrouilles sans l'armée libanaise. C'est ce que reprochent les habitants du Liban-Sud à la Finul. Certains experts estiment que les habitants arrêtant la Finul obéissent à des injonctions du Hezbollah, qui souhaiterait conserver des infrastructures au Liban-Sud. Il y a moins d'un mois, un responsable de sécurité avait déclaré à l'AFP que l'armée libanaise avait démantelé plus de 90 % de l’infrastructure du Hezbollah au sud du fleuve Litani. Le parti chiite affirme coopérer entièrement avec l’État libanais dans cette zone.
La Finul est active de manière unilatérale. S'il y a un Etat qui bombarde le Liban (au phosphore blanc, outre ses coupes des oliviers) et assassine à Gaza et en Cisjordanie, c'est Israël. Que fait la Finul face aux exactions israéliennes ? Les libanais du Sud sont en droit de se poser des questions sur son mandat.
12 h 40, le 21 mai 2025