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Lifestyle - Cinéma

Cannes : retour sans concession sur al-Sissi et Palme d’or d’honneur pour Denzel Washington

Le thriller politique égyptien « Les Aigles de la République » a secoué lundi le Festival de Cannes, avec la belle prestation du Libano-Suédois, Fares Fares.

Cannes : retour sans concession sur al-Sissi et Palme d’or d’honneur pour Denzel Washington

L’acteur égyptien Amr Waked, le réalisateur suédois Tarik Saleh, l’acteur libano-suédois Fares Fares arrivent pour la projection du film « Les Aigles de la République » le 19 mai 2025. Sameer al-Doumy/AFP

Le secret avait été bien gardé : juste avant la projection hors compétition de Highest 2 Lowest de Spike Lee, son acteur fétiche, Denzel Washington, s’est vu remettre une distinction pour l’ensemble de sa carrière par le réalisateur américain et les dirigeants du festival, Iris Knobloch et Thierry Frémaux. Sur les marches, l’équipe du film avait auparavant assuré le show avec Spike Lee en costume rayé, lunettes rondes et chapeau orange et bleu et la star du rap A$AP Rocky - M. Rihanna à la ville – porteur d’un « grillz » (prothèse dentaire) doré.

Denzel Washington reçoit la Palme d'or honorifique des mains de Spike Lee à côté de la présidente allemande du festival de Cannes, Iris Knobloch. Photo Valery HACHE/AFP

Auparavant, la compétition a vu débarquer dans l’après-midi un sérieux prétendant. Déjà récompensé du prix du scénario à Cannes en 2022 pour La Conspiration du Caire, Tarik Saleh a livré une nouvelle charge contre le président égyptien dans Les Aigles de la République. « Ce n’est pas que je sois un grand admirateur d’al-Sissi et que je veuille le mettre dans chacun des mes films, mais je n’ai pas le choix parce qu’il est une constante », a-t-il déclaré. « Il restera au pouvoir jusqu’à sa mort».

Réaliste

Le personnage récurrent des films de Tarik Saleh dirige d’une main de fer un pays de 110 millions d’habitants. Déjà égratigné dans son film précédent, le président égyptien al-Sissi est plus que jamais dans le viseur des Aigles de la République, en lice pour la Palme d’or. Dans Les Aigles de la République (en salle le 22 octobre), dernier volet du triptyque politico-religieux qui a fait son succès international, Tarik Saleh prête à l’ancien général septuagénaire, aux commandes de l’Égypte depuis 2013, des rêves de grandeur cinématographique.

Star du cinéma local, père absent et amant infidèle, George Fahmy (l’impeccable Fares Fares) est approché par un conseiller de la présidence afin qu’il incarne al-Sissi dans un biopic à sa gloire, où le coup d’État qui l’a porté au pouvoir devient une  « révolution populaire ». Fahmy résiste autant par conviction que par insoumission. Mais les menaces et les pressions vont le contraindre à revêtir les habits de ce général érigé, à des fins de propagande, en héros du peuple. « Al-Sissi a une sorte d’anticharisme comme Poutine, le genre d’anticharisme qui devient iconique », estime Tarik Saleh, qui signe également le scénario.

En vendant son âme aux militaires, George Fahmy, alias « Le pharaon de l’écran », va peu à peu pénétrer les cercles du pouvoir où la paranoïa et les complots rendent l’air irrespirable. Jusqu’à un dénouement explosif. Dans les régimes autoritaires, « il y a toujours une révolution de palais », affirme M. Saleh. « C’est comme ça que le règne de ces gens s’achève. Ça ne viendra pas de l’opposition (...) Poutine sera bien sûr tué par quelqu’un de son entourage », pronostique-t-il ainsi.

L’acteur libano-suédois Fares Fares à la projection du film « Les Aigles de la République » le 19 mai 2025. Sameer aL-Doumy/AFP

Intrigues

Le climat d’intrigues et de trahisons qui irrigue la trame des Aigles de la République n’a rien de fictif, certifie le cinéaste, né à Stockholm d’une mère suédoise et d’un père égyptien. « C’est la réalité, même si c’est de la fiction. Avec la fiction, tout doit être vrai », ajoute Tarik Saleh, selon qui l’armée égyptienne finance ainsi de nombreux films à grand budget qui ont peu de risques d’écorner son image.

Depuis Le Caire confidentiel (2017), qui se déployait pendant la chute du dictateur Hosni Moubarak en 2011, le cinéaste est devenu un « obsessionnel » des arcanes du pouvoir égyptien. « Je suis un nerd sur le sujet », résume le réalisateur de 53 ans, qui dit avoir gardé des proches dans l’entourage du président al-Sissi.

Au vu de la férocité de la charge, le film, comme les précédents de Saleh, a dû être tourné en Turquie. Et il est hautement improbable que les spectateurs le découvrent en salle en Égypte, pays soumis à la censure.

Acteur fétiche de Saleh, le Libano-Suédois Fares Fares a bien conscience de la liberté artistique qui règne, par contraste, en Occident. « Nous avons le luxe de pouvoir faire que ce que l’on veut », dit l’acteur de 52 ans. « Mais personne n’est à l’abri » et « tout le monde est sous pression », ajoute-t-il.

Même en l’absence de censure, il existe « bien des façons » d’influer sur le contenu des films, estime l’acteur, citant notamment les taxes que le président américain Donald Trump envisage d’imposer sur les longs métrages étrangers.

« Qui sait ce qui arrivera ? Dans cinq, dix ans, peut-être qu’on forcera (le démocrate) George Clooney à faire un film sur Trump », plaisante-t-il. « Ou encore pire, de Niro », fervent opposant au président américain.

La course à la Palme doit s’achever samedi. Sont encore attendus des films de deux cinéastes iraniens, Jafar Panahi et Saeed Roustaee, ainsi que Jeunes mères des frères belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, vétérans du cinéma social déjà doublement palmés.

Le secret avait été bien gardé : juste avant la projection hors compétition de Highest 2 Lowest de Spike Lee, son acteur fétiche, Denzel Washington, s’est vu remettre une distinction pour l’ensemble de sa carrière par le réalisateur américain et les dirigeants du festival, Iris Knobloch et Thierry Frémaux. Sur les marches, l’équipe du film avait auparavant assuré le show avec Spike Lee en costume rayé, lunettes rondes et chapeau orange et bleu et la star du rap A$AP Rocky - M. Rihanna à la ville – porteur d’un « grillz » (prothèse dentaire) doré.Denzel Washington reçoit la Palme d'or honorifique des mains de Spike Lee à côté de la présidente allemande du festival de Cannes, Iris Knobloch. Photo Valery HACHE/AFPAuparavant, la compétition a vu débarquer dans l’après-midi un sérieux prétendant. Déjà...
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