
La décharge en feu dans une belle vallée verte. Photo prise par des témoins et fournie par Saydeh Nawwar
Une décharge située au niveau du village de Eddé, qui accueille les déchets de tout le caza de Batroun (Liban-Nord) depuis des décennies, est en feu depuis dimanche soir. De nombreuses plaintes sont parvenues à l’association Terre-Liban, qui a appelé, sur sa page Facebook, les responsables à réagir.
Saydeh Nawwar, habitante de Batroun et militante environnementale et pour les droits des animaux, parle d’un véritable désastre qui dure depuis trois jours. « Les habitants de toutes les localités suffoquent, certains sont asthmatiques et n’arrivent plus à respirer. Plusieurs écoles n’ont pas ouvert leurs portes depuis trois jours », raconte-t-elle à L’Orient-Le Jour.
Solène, mère de famille du village de Bejdarfel, un peu plus haut, assure à L'OLJ que « la fumée nous empêche d’ouvrir les fenêtres depuis trois jours déjà, c’est très dangereux, notamment pour les enfants ». Depuis plusieurs années qu’elle réside dans la région, c’est la première fois qu’elle constate autant de fumée et de désagréments venant de cette décharge.
Interrogé sur la question, le président du conseil municipal de Eddé, récemment réélu, Najm Khattar, assure à L’OLJ qu’« outre l’intervention de la Défense civile, des camionnées de remblais sont utilisées pour combler les cavités par lesquelles s’échappe le méthane, qui ravive le feu ». « Je crois que la lutte contre l’incendie est bien avancée, le feu devrait être totalement éteint d’ici demain (jeudi) », dit-il.
Si plusieurs témoins interrogés notent que cet incident a éclaté au soir même des élections municipales au Liban-Nord (dont Batroun) ce dimanche, M. Khattar assure que « les causes en sont naturelles, en raison du gaz méthane qui se dégage des déchets ».
Pour sa part, Saydeh Nawwar constate que « les incendies dans ce site ne sont pas rares, bien que celui-ci soit particulièrement virulent », soupçonnant que « le feu est utilisé pour réduire le volume des déchets ».
La militante fustige « l’inaction dans le domaine des déchets et dans le domaine environnemental en général », assurant que « le site est dans un état lamentable ».
A la question de savoir ce qui est entrepris pour régler le problème de cette décharge, M. Khattar, qui précise que cette affaire est de la responsabilité de la Fédération des municipalités et pas d’une municipalité en particulier, indique qu’« il existe un projet, depuis 2016, visant à construire une usine de traitement dans la même région, sur un terrain entre Eddé et la ville de Batroun, qui réduirait par le fait même le volume de déchets parvenant au site ».
Or, poursuit-il, « ce projet coûte environ 3,5 millions de dollars suivant les études qui ont été faites, et la crise a obligé la fédération à freiner sa réalisation parce que le budget s’était volatilisé avec la dévaluation de la monnaie nationale » depuis la crise déclenchée en 2019. L’élu souligne que le projet est cependant avancé, que l’usine a été construite bien que pas opérationnelle, et que des équipements sont actuellement pourvus graduellement par l’Union européenne et l’UNICEF en vue de sa mise en fonctionnement à l’avenir.
Entre-temps, la pollution du site se poursuit, et les émanations des fumées toxiques de la décharge asphyxient la région, connue pour son potentiel touristique. Le sujet des déchets ménagers est un casse-tête national, notamment dans les régions hors du Mont-Liban et de Beyrouth, où des solutions durables ont rarement été proposées aux populations, ni par le gouvernement central ni par les autorités locales.
Wlek ma fi a7la men Lebnen! Quoiqu'il advienne....
19 h 30, le 14 mai 2025