
Des colis déchargés d’un avion sur le tarmac de l’Aéroport international de Beyrouth, le 24 juin 2024. Photo d'illustration Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour
Une tentative d'introduire clandestinement au Liban plus de 50 livres or « au profit du Hezbollah », via l’Aéroport international de Beyrouth (AIB), a été déjouée dernièrement, selon un article publié samedi par The Wall Street Journal, dans lequel le média observe que « le relâchement de l’emprise du Hezbollah sur le Liban commence à l’aéroport ». Cette information a été obtenue d’un haut responsable des services de sécurité que la publication américaine ne nomme pas. La date de cette saisie n'a pas non plus été dévoilée.
Selon les cours en vigueur vendredi à la fermeture des marchés, 50 livres or valent environ 2 millions de dollars.
Fin février, une valise contenant 2,5 millions de dollars en liquide « destinés au Hezbollah » avait été confisquée à un homme arrivant de Turquie, dans une première saisie du genre selon une source de sécurité à l'agence Reuters. Sans qu'aucune lien ne soit établi avec le Hezbollah par les autorités britanniques, un mois plus tard, le 20 mars, c'est un passager à destination de Beyrouth qui avait été arrêté à l’aéroport de Heathrow à Londres. Il était en possession de 1,3 million de dollars (un million de livres sterling environ) dans son bagage.
« Beaucoup reste à faire », selon les Américains
Ces saisies ont lieu alors que les autorités libanaises essaient, depuis le début du mandat du président Joseph Aoun en janvier, de réduire l'influence du parti chiite sur les institutions publiques, notamment l'AIB et le port de Beyrouth. Une tâche qui est notamment passée par la nomination de nouveaux responsables chargés de l'aéroport et de l'Aviation civile, et par l'interdiction des avions en provenance d'Iran, qui avait provoqué la colère des partisans du parti chiite. L'interdiction était survenue après des menaces proférées par l'armée israélienne d'attaquer l'aéroport en cas d'atterrissage d'avions civils en provenance de Téhéran, par lesquels le Hezbollah a été accusé de faire transiter des fonds.
Selon des responsables américains et israéliens cités par le journal américain, Washington et Tel-Aviv sont « satisfaits » des actions du gouvernement libanais visant à réduire « le contrôle du Hezbollah sur les points d'entrée au Liban », bien qu'ils pointent que « beaucoup reste à faire ». Un « responsable américain faisant partie du comité international chargé de la surveillance de l'application du cessez-le-feu » a ainsi estimé que les résultats actuels « n'auraient pas été atteignables en novembre », au moment de l'entrée en vigueur de la trêve. Une situation notamment rendue possible par l'affaiblissement du parti chiite, tant au niveau de ses capacités militaires que de sa chaîne de commandement, suite à la guerre avec Israël et l'élimination en série de ses cadres, dont Hassan Nasrallah.
La fin des exemptions de fouilles pour certains avions
Selon le WSJ, « des dizaines d'employés de l'aéroport soupçonnés d'être affiliés au Hezbollah ont été démis de leurs fonctions, selon de hauts responsables de la sécurité et de l'armée libanaises ». « Des contrebandiers ont été arrêtés et les lois existantes sont désormais appliquées », a déclaré de son côté le Premier ministre Nawaf Salam au journal. Et selon un membre du personnel, « ses supérieurs ne lui demandent plus d'exempter certains avions et passagers des fouilles ». « L'État est en train d'installer de nouvelles technologies de surveillance intégrant l'intelligence artificielle », a en outre déclaré au journal « un haut responsable de la sécurité ». Des mesures dont s'est félicité M. Salam, qui a affirmé que « pour la première fois dans l'histoire contemporaine du Liban, nous obtenons de meilleurs résultats en matière de lutte contre la contrebande ».
Le conflit entre Israël et le Hezbollah a débuté le 8 octobre 2023, après l'ouverture par le parti chiite d'un front de soutien à Gaza, au lendemain de l'attaque du Hamas contre Israël. L’État hébreu poursuit ses attaques au Liban-sud et dans certaines parties du pays malgré le cessez-le-feu entrée en vigueur le 27 novembre 2024.
« Nous avons reçu des coups très durs avec l'assassinat de nos cadres, de nos dirigeants et la destruction d'une grande partie de notre arsenal », a déclaré au WSJ Ibrahim Moussaoui, un député du parti chiite. Tout en reconnaissant les dégâts, il a affirmé que la branche militaire du Hezbollah disposait de moyens pour se réarmer si elle le souhaitait. « Là où il y a une volonté, il y a un moyen », a-t-il lancé.
Il convient de noter que c'est déjà le Wall Street Journal qui avait accusé début février l'Iran d'introduire au Liban des « valises remplies de dollars ».
S'ils sont tellement riches et possèdent des financements extérieurs, pourquoi ils insistent pour que les autres libanais via l'Etat reconstruisent. Qu'ils le fassent seuls et économisons l'argent du contribuable pour les régions qui ont vraiment besoin.
11 h 06, le 11 mai 2025