
La liste « Beyrouth Madinati 2025 » a présenté officiellement ses candidats mercredi 7 mai 2025 lors d’un rassemblement place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth. Photo L'Orient-Le Jour/Nemtala Eddé.
La liste « Beyrouth Madinati 2025 » a officiellement présenté ses candidats mercredi lors d’un rassemblement de quelques centaines de personnes place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth, à dix jours (18 mai) du scrutin municipal dans la capitale. La liste est soutenue par le Bloc national, dont figurent quatre membres, la coalition Li Watani et le parti Madinati, et bénéficie, dans ce cadre, de l’appui des députés de la contestation Ibrahim Mneimné, Paula Yacoubian et Melhem Khalaf, tous présents lors du rassemblement.
Ces soutiens ont ainsi participé à l’élaboration du projet de réforme porté par la liste, financent en partie sa campagne et ont choisi les vingt-quatre candidats : Lévon Télévizian, Anita Vartanian, Pierre Vartanian, Najwa Baroudi, Sarah Mahmoud, Kristy Asseily, Marie Daou, Paola Rebeiz, Marc Tueini, Lina Jarrous, Georges Kiriakos, Mazen Houssami, Souha Mneimné, Lama Wazzan, Ghina Kassem, Fady Darwiche, Mounir Mabsout, Bilal Ramadan, Amal Chérif, Riyad Arnaout, Zeina Mouqaddem, Ihab Hammoud, Jihane Rizk et Antoine Raheb.
Cette liste se veut l’héritière de la précédente liste Beyrouth Madinati des municipales de 2016, qui avait créé la surprise en récoltant près de 35 % des voix, sans toutefois obtenir de siège.
« Notre principal adversaire est la liste de la coalition de partis », explique à L’Orient-Le Jour Ibrahim Mneimné. « Toutes les tentatives de regrouper les partis pour constituer le conseil municipal ont été infructueuses » pour améliorer le quotidien des habitants, avance-t-il. « Tant qu’il n’y a pas de vision unifiée pour la ville et de programme d’action commun, rien ne pourra avancer », conclut le député.
Les vingt-quatre membres de la liste – composée majoritairement de membres de la société civile (avocats, ingénieurs, experts financiers, entrepreneurs et acteurs sociaux) – se sont engagés à œuvrer pour le développement du réseau de transport public, des trottoirs, de la verdure, à lutter contre la corruption, à garantir la sécurité et à lutter pour la justice, à l’heure où l’enquête sur la double explosion du port en 2020 qui avait ravagé des pans entiers de la capitale peine encore à avancer.
« Les habitants ne demandent qu'une ville sûre »
Cette liste observe la parité de genre ainsi que la parité confessionnelle. « Le problème n’est pas la parité confessionnelle, mais le système des quotas entre partis », explique à L’Orient-Le Jour Fady Darwiche, tête de liste, à l’heure où les surenchères confessionnelles fusent de toutes parts sur fond de crainte d’une rupture de la parité islamo-chrétienne au sein du conseil municipal de la capitale. Selon une coutume non écrite, celui-ci est formé de 12 membres chrétiens et de 12 musulmans.
« En garantissant la parité confessionnelle, nous empêchons le débat de stagner à ce stade, qui fait le nid des partis politiques traditionnels », commente Michel Helou, secrétaire général du Bloc national et ancien directeur exécutif de L’Orient-Le Jour. Même son de cloche pour Paula Yacoubian, qui dit « craindre que les partis arrivent encore une fois à convaincre les électeurs de voter pour eux juste parce qu’ils garantissent la parité confessionnelle ». « Les habitants ne demandent qu’une ville sûre, avec de la verdure, des trottoirs et des égouts » explique-t-elle.
C’est le cas de Jawad Makarem, père de famille, venu une nouvelle fois soutenir une liste de la contestation à des élections. « On sent un vent de changement et on y croit : en 2016, personne ne pensait qu’une liste en dehors des partis traditionnels puisse percer, et aujourd’hui les listes de la contestation sont prises au sérieux partout », se félicite-t-il. Dimanche 4 mai, lors des municipales au Mont-Liban, la contestation a toutefois été éclipsée.