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Société - Presse

Classement de la liberté de la presse : le Liban remonte légèrement, « dégradation inquiétante » aux États-Unis et dans le monde

L'amélioration du classement du Liban est dû aux « espoirs de renouveau politique », note le rapport de RSF.

Des gilets de protection de journalistes à l'intérieur d'une voiture détruite, sur le site d'une frappe israélienne à Hasbaya, au Liban-Sud, qui a tué trois journalistes, le 25 octobre 2024. Photo d'archives AFP/Ali Hankiri

Reporters sans frontières (RSF) a publié vendredi son classement annuel mondial de la liberté de la presse, dans lequel le Liban figure à la 132e place sur les 180 pays et territoires évalués, progressant de huit places par rapport au classement de l'année dernière (140e), à la faveur d' « espoirs de renouveau politique ». Au niveau mondial, RSF alerte plus largement sur les pressions économiques qui menacent la liberté de la presse au niveau mondial, et sur une « dégradation inquiétante » aux États-Unis sous le mandat de Donald Trump, pointant les fermetures massives de médias d'information, la domination des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), et la mainmise des milliardaires.

RSF note au Liban une progression parmi les indicateurs politique, législatif, social et sécuritaire, mais une dégradation dans l'indicateur économique, liée cette année encore aux « effets de la crise financière historique qui frappe le pays (depuis 2019) », obligeant les médias libanais « à effectuer de lourdes coupes budgétaires, affectant leurs activités et la taille de leurs équipes », et « pour de nombreux journalistes et organes de presse basés à Beyrouth (...) à compter sur l’aide internationale ». C'était déjà un tel contexte, doublé du début des affrontements au Liban-Sud dans le sillage de la guerre à Gaza débutée en octobre 2023, qui expliquait notamment le recul au classement entre 2023 et 2024, de la 119e place à la 140e place. 

Pour rappel

Liberté de la presse : « Au Liban, nous restons très loin des standards auxquels nous pouvons aspirer »

« Une véritable liberté d’expression existe dans les médias libanais, mais le secteur reste contrôlé par une poignée de personnes affiliées à des partis politiques ou issues de grandes familles locales » commente le rapport, citant les chaînes LBCI, al-Jadeed, MTV et al-Manar. Le rapport regrette par ailleurs au Liban « la surveillance religieuse qui pèse sur le contenu médiatique » et le fait que « certains sujets demeurent tabous, voire interdits, comme les critiques à l’égard du patrimoine culturel et religieux du pays ». 

« À trois reprises, des journalistes clairement identifiés comme tels ont été ciblés et tués par des bombardements israéliens à la frontière, en 2023 et 2024 » rappelle en outre le rapport. Dans la partie consacrée au Moyen-Orient, RSF condamne dans ce contexte le « nombre choquant de journalistes tués par l’armée israélienne à Gaza » et le fait que « les médias du territoire palestinien ont vu leurs rédactions et équipements détruits, tandis qu’un blocus a étouffé le travail de la presse dans l'enclave ». 

Une situation qui devient « difficile » pour la première fois

D'après le classement de l'ONG, médias et journalistes sont confrontés à des situations « problématiques », « difficiles » ou « très graves » dans les trois quarts des 180 pays évalués. « Pour la première fois », la situation devient « difficile » à l'échelle du monde, souligne RSF, désignant plus particulièrement le poids des contraintes économiques, illustrées par le cas américain. Loin de la Norvège, première du classement pour la neuvième année consécutive, les États-Unis perdent deux places et se retrouvent en 57e position, derrière la Sierra Leone. « La situation n'était déjà pas reluisante » dans le pays, rétrogradé de dix places en 2024, concède auprès de l'AFP la directrice éditoriale de RSF, Anne Bocandé. 

Mais elle s'est encore aggravée depuis l'investiture en janvier du président américain, auteur d' « attaques quotidiennes » contre la presse. « La liberté de la presse n'est plus un acquis aux États-Unis », constatait également plus tôt cette semaine le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dans un rapport sur les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump.

Un équipe de la LBCI agressée lors d'un reportage à Marjeyoun

Un équipe de la LBCI agressée lors d'un reportage à Marjeyoun

Déserts informationnels 

Ce dernier a notamment initié le démantèlement des médias publics américains à l'étranger, comme Voice of America, privant « plus de 400 millions de personnes » d'un « accès à une information fiable », selon l'ONG.

« Le gel des fonds d'aide internationale », via l'Agence américaine de développement USAID, a en outre « plongé des centaines de médias dans une instabilité économique critique » et contraint certains « à la fermeture, notamment en Ukraine » (62e, -1 place). Parallèlement, de « vastes déserts de l'information » se créent aux États-Unis avec la disparition de nombreux titres locaux en proie à des difficultés financières. Ces « pressions économiques », moins visibles que les exactions physiques contre les journalistes, constituent une « entrave majeure » à la liberté de la presse, insiste RSF.

« Dans près d'un tiers des pays du monde », dont la Tunisie (129e, -11) et l'Argentine (87e, -21), « des médias d'information ferment régulièrement, sous l'effet des difficultés économiques persistantes ». Une trentaine de pays se distinguent par ailleurs par « des fermetures massives ayant provoqué, ces dernières années, l'exil de journalistes », comme le Nicaragua (172e, -9) ou l'Afghanistan (175e, +3).  En Palestine (163e,-6), la situation est « désastreuse », selon RSF, qui accuse l'armée israélienne d'avoir « détruit des rédactions et tué près de 200 journalistes », tandis que « l'absence de stabilité politique » en Haïti (112e, -18) « plonge l'économie des médias aussi dans le chaos ».

Asphyxie 

Plus généralement, l'économie du secteur est « mise à mal » par les GAFAM, dont les plateformes, « largement non régulées, captent une part croissante des revenus publicitaires » et participent à « la prolifération de contenus manipulés ou trompeurs ». La liberté d'informer est aussi « de plus en plus entravée par des conditions de financement opaques ou arbitraires », comme en Hongrie (68e, -1) où « le gouvernement asphyxie les titres critiques via la distribution inéquitable de la publicité d'État ». 

Même dans des pays « bien positionnés » comme la Finlande (5e) ou l'Australie (29e, +10), la concentration des médias, « menace pour le pluralisme », reste « un point de vigilance ». Ainsi, en France (25e, -4), une « part significative de la presse nationale est contrôlée par quelques grandes fortunes », relève RSF, s'interrogeant sur « l'indépendance réelle des rédactions ».

La situation de la liberté de la presse est qualifiée de « très grave » dans 42 pays, dont sept font leur entrée dans cette catégorie (Jordanie, Hong-Kong, Ouganda, Éthiopie, Rwanda, Kirghizistan et Kazakhstan). L'Éryhtrée reste en dernière position, derrière la Corée du Nord et la Chine. 

RSF réalise ce classement à partir « d'un relevé quantitatif des exactions commises envers les journalistes » et « d'une étude qualitative » auprès d'experts.

Reporters sans frontières (RSF) a publié vendredi son classement annuel mondial de la liberté de la presse, dans lequel le Liban figure à la 132e place sur les 180 pays et territoires évalués, progressant de huit places par rapport au classement de l'année dernière (140e), à la faveur d' « espoirs de renouveau politique ». Au niveau mondial, RSF alerte plus largement sur les pressions économiques qui menacent la liberté de la presse au niveau mondial, et sur une « dégradation inquiétante » aux États-Unis sous le mandat de Donald Trump, pointant les fermetures massives de médias d'information, la domination des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), et la mainmise des milliardaires.RSF note au Liban une progression parmi les indicateurs politique, législatif, social et sécuritaire, mais une...
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