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Politique - Liban

La banlieue sud de Beyrouth de nouveau sous le feu israélien

Joseph Aoun appelle Washington et Paris à exiger un « arrêt immédiat » des attaques ; les habitants entre fatalisme et colère.

Un homme sur le lieu de la frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo AFP

Un avion de chasse israélien a bombardé dimanche après-midi un bâtiment de Hadath, dans la banlieue sud de Beyrouth, menacé environ une heure auparavant par l'armée israélienne, dans un rare avertissement depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, fin novembre 2024. Aucune information n'était immédiatement disponible concernant d'éventuelles victimes. Par contre, les tirs en l'air visant à alerter les habitants ont fait selon les médias locaux six blessés.

Sur des vidéos montrant depuis différents angles le bombardement, on peut entendre le vrombissement d'un avion de chasse et voir clairement au moins trois missiles s'abattre sur leur cible. Un incendie s'est déclaré sur les lieux mais a été rapidement circonscrit, selon des médias locaux, tandis qu'une épaisse fumée s'élevait au-dessus du quartier. 

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La frappe a touché « une installation abritant des missiles de précision du Hezbollah qui représentaient une menace pour la sécurité d'Israël », ont déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Israel Katz dans un communiqué conjoint, cité par le quotidien Haaretz. Des sources de sécurité contactées par la radio de l'armée israélienne avaient accusé peu auparavant le Hezbollah d'avoir « stocké des armes » dans le bâtiment frappé par l'aviation. L’armée israélienne a pour sa part expliqué que « des mesures ont été prises pour éviter de blesser des civils, notamment la diffusion d’un avertissement préalable aux habitants ainsi que l’utilisation de munitions de précision ». Concernant le lieu pris pour cible, elle a indiqué qu’il s’agissait d’une « infrastructure utilisée pour le stockage de missiles de précision appartenant au Hezbollah ». Des médias libanais indiquaient que le lieu touché est une salle utilisée pour les commémorations de Achoura. Elle se situait dans la zone dite de Jamous.

La radio de l'armée israélienne, citant ses sources, précise que l'armée avait prévenu les États-Unis avant de mener sa frappe.

La France et les États-Unis face à leurs « responsabilités »

Le chef de l'Etat Joseph Aoun a condamné la frappe dans un bref communiqué publié sur son compte X. Il a appelé la France et les États-Unis, parrains de l'accord de cessez-le-feu et faisant partie du comité normalement chargé de la surveillance de l'application de l'accord, à « assumer leurs responsabilités et forcer Israël à mettre immédiatement un terme à ses attaques ». Le Premier ministre Nawaf Salam a de son côté condamné la « terreur qu'Israël inflige aux gens dans leurs maisons, alors qu'ils veulent retrouver une vie normale », selon un communiqué publié sur X par le Grand Sérail. Il a appelé les « États qui parrainent l'accord de sécurité pour la cessation des hostilités à prendre des mesures pour mettre fin à ces attaques et accélérer le retrait total d'Israël du territoire libanais ». Le ministre libanais des Affaires étrangères Joe Raggi a, lui, assuré qu'il « poursuivra ses contacts » pour mettre fin aux violations israéliennes de la trêve.

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Avant la frappe, dont la détonation a été entendue à des kilomètres à la ronde, trois tirs d'avertissement, avec un drone, ont été lancés sur la zone menacée.

L'avis d'évacuation pour la cible de la frappe, un hangar, a été publié par le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, sur son compte X. Il appelait à l'évacuation de « toute personne se trouvant dans l’immeuble marqué en rouge sur la carte jointe, ainsi que dans les bâtiments voisins », désignant sur une carte un hangar qu'il expliquait être une « installation appartenant au Hezbollah ». De tels avertissements étaient courant en octobre et novembre 2024 durant la guerre ouverte entre le Hezbollah et Israël.

Il s'agit de la troisième frappe visant la banlieue sud de Beyrouth depuis le cessez-le-feu, le 27 novembre 2024, qui a mis fin à plus d'un an de guerre entre le parti chiite et l'Etat hébreu. La première avait eu lieu le 28 février à Hadath avec un avertissement préalable similaire, faisant au moins un blessé, tandis que la seconde s'est déroulée dans la nuit du 30 mars au 1er avril, sans avertissement, faisant au moins quatre morts.

« Je n'en peux plus »

Après la publication de l'ordre d'évacuation, les habitants du secteur ont pris la fuite, alertés notamment par des tirs en l'air nourris. Khadija Husseini, qui vit le long de la route de l'aéroport, dans la banlieue sud de Beyrouth, raconte à L'Orient-Le Jour qu'elle dormait lorsqu'elle a été réveillée par les tirs. « Je me suis réveillée, j'ai vu que j'avais des dizaines de messages sur WhatsApp sur l'avis d'évacuation... j'ai fait mon café et attendu la frappe, qu'est-ce que je pouvais faire d'autre », lâche-t-elle, fataliste. 

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En larmes, Zahra Sbeity, 16 ans, a expliqué quant à elle qu'elle vit « dans un état de peur constant » depuis la frappe du 1er avril sur la banlieue sud menée sans avertissement par l'armée israélienne. « Je n'arrive pas à dormir et je vérifie constamment le compte X d'Avichay » Adraee, le porte-parole de l'armée israélienne, explique-t-elle. « Je n'en peux plus ». 

Ghinaj Abou Khalil, qui habite à Jamous et restée chez elle après l'avertissement, a déclaré quant à elle qu'elle était devenue « engourdie et immunisée ». « Avant la guerre (entre Israël et le Hezbollah), je prenais peur au moindre claquement de porte, mais aujourd'hui, j'entends une frappe sans même sursauter. Les choses ont pris une tournure terrible après la mort du Sayyed (Hassan Nasrallah, ancien chef du Hezbollah, tué le 27 septembre 2024) ».

Houssam Breité, qui a dû conduire sa fille de 5 ans et sa femme hors de la banlieue sud après l'avertissement afin qu'elles « n'entendent pas la frappe et ne se rendent pas compte de ce qui se passe », critique pour sa part la politique de la diplomatie des autorités libanaises. S'exprimant depuis Aïn el-Mreissé, il estime que « l'État n'a jamais défendu les chiites contre les attaques israéliennes, c'est pourquoi nous avons dû nous armer. Il en a toujours été ainsi », soulignant que l'affaiblissement du Hezbollah a rendu la situation pire.

Un avion de chasse israélien a bombardé dimanche après-midi un bâtiment de Hadath, dans la banlieue sud de Beyrouth, menacé environ une heure auparavant par l'armée israélienne, dans un rare avertissement depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, fin novembre 2024. Aucune information n'était immédiatement disponible concernant d'éventuelles victimes. Par contre, les tirs en l'air visant à alerter les habitants ont fait selon les médias locaux six blessés. Sur des vidéos montrant depuis différents angles le bombardement, on peut entendre le vrombissement d'un avion de chasse et voir clairement au moins trois missiles s'abattre sur leur cible. Un incendie s'est déclaré sur les lieux mais a été rapidement circonscrit, selon des médias locaux, tandis qu'une épaisse fumée s'élevait au-dessus du quartier.  ...
commentaires (15)

Lamentable! Si l’état veut comme il le prétend assurer le monopole des armes, alors après le bombardement (de la banlieue ou ailleurs): Pourquoi ne pas commencer simplement par un cordon de sécurité de l’armée excluant le HB?

kindarji joseph

16 h 12, le 28 avril 2025

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Commentaires (15)

  • Lamentable! Si l’état veut comme il le prétend assurer le monopole des armes, alors après le bombardement (de la banlieue ou ailleurs): Pourquoi ne pas commencer simplement par un cordon de sécurité de l’armée excluant le HB?

    kindarji joseph

    16 h 12, le 28 avril 2025

  • L'erreur originelle fut d'accepter que le Hezbollah ne désarme pas (...) A partir de là, ce dernier a pris le contrôle du Liban et on sait ce qu'il en est advenu. Comme souligné précédemment, un jour, la paix sera signée entre Israël et le Liban et le plus tôt sera le mieux, au bénéfice des 2 pays et de leurs populations.

    Frank Nouma

    12 h 31, le 28 avril 2025

  • DES MISSILES ENCORE DANS BEIRUT. LE DESARMEMENT ? UNE BLAGUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 19, le 28 avril 2025

  • Si les habitants vivant sous le contrôle de ce parti vendu veulent vraiment vivre en paix, ils devraient tout faire pour pousser le HB à déposer ses armes et non à les délocaliser d’une région à une autre, mettant ainsi en danger les civils qui eux, à force de lavages de cerveaux sont convaincus que ces armes les protègent. C’est très curieux de les voir encore défendre des armes offertes par un pays étranger pour les sacrifier alors qu’ils ont une chance de voir pacifiiez leurs régions en acceptant la protection de leur seule armée nationale pour enfin vivre en paix.

    Sissi zayyat

    09 h 40, le 28 avril 2025

  • Le crime serait de stocker des missiles et munitions parmi les habitations

    Bardawil dany

    09 h 20, le 28 avril 2025

  • yaani entre ce que rapportent les medias libanais.... et ceux israeliens, vaut mieux se fier a l'avis d'une cartomancienne pour s'assurer de la verite

    L’acidulé

    09 h 10, le 28 avril 2025

  • ...mais ou sont l Arabie saoudite,Kuwait,UAE...etc...dans tout ca? "leur frères de religion" sont bombardés chez nous au Liban,non?

    Marie Claude

    08 h 44, le 28 avril 2025

  • Le président Aoun devrait en premier traiter lieu traiter le problème à la source et exiger du Hezbollah de rendre tous les armes qu’ils cachent au milieu de la population civile en prenant toit le monde en otage. En attendant , les israéliens continueront à dénicher ces cachés et à les bombarder.

    Ziad CHOUEIRI

    08 h 19, le 28 avril 2025

  • La diplomatie ne sert à rien quand on a affaire à des monstres assoiffés de sang, qui ne respectent ni lois ni leurs propres engagements. Tôt ou tard, cette guerre reprendra. Que tout le monde, ici au Liban, prennent bien note de ce qui se passe. Surtout les "souveraintistes ". Bonne chance...

    Raed Habib

    08 h 15, le 28 avril 2025

  • Il y a une seule solution pour arrêter les attaques: la dissolution pure et simple de "l'aile militaire" du Hezbollah. Mais tant que ce dernier continuera à suivre la politique iranienne consistant à vouloir rayer Israël de la carte, nous ne connaîtrons aucun répit. Il est grand temps que le Liban cesse de se considérer comme responsable unique de la "libération de la Palestine"! L'Autorité palestinienne a accepté l'existence de l'Etat hébreux, et nous continuons à considérer la Palestine d'avant 1948 comme "territoires occupés" ! Sommes-nous plus Arabes que les Egyptiens ou les Jordaniens?

    Georges MELKI

    07 h 31, le 28 avril 2025

  • "La France et les États-unis face à leurs responsabilités ", oui, mais le Liban aussi ! Missiles de précision pu non, le message israélien est clair : pas de paix au Liban avant le DÉSARMEMENT COMPLET du Hezbollah. Les tergiversations du pouvoir sont dangereuses et incompréhensibles. Par crainte d'une guerre civile, on prépare une guerre tout court. Par contre du Hezbollah, on provoque Israël. Lequel des deux a le plus grand pouvoir destructeur?

    Yves Prevost

    07 h 08, le 28 avril 2025

  • En l’état actuel des choses, ce criminel de Natanyahu se sent libre de frapper là où bon lui semble. Le refus du hezbollah de livrer ses armes au nord du Litani, lui donne un prétexte en or. La milice est incapable de faire front et l’armée ne dispose pas de l’armement adéquat, car depuis des décennies, l’Etat, dominé par le hezbollah lui interdisait de se renforcer et même de se diriger vers le Sud. Il fallait affaiblir l’armée pour renforcer le hezbollah. Voilà le résultat. En attendant, le malheureux Libanais paie le prix d’une guerre abominable et insensée qui ne le concernait pas.

    Goraieb Nada

    05 h 52, le 28 avril 2025

  • Que la milice assume les consequences de ses actes auprès de sa micro société.

    Moi

    22 h 09, le 27 avril 2025

  • Demander aux USA et à la France de bouger le petit doigt, c'est mieux que rien mais ça sert à quoi ? Ya Geagea, si tu aimes ton pays, ne te trompe pas d'ennemi !

    Fredo

    22 h 07, le 27 avril 2025

  • Quand un état voyou n'est pas empéché, il sévit en impunité.

    PPZZ58

    21 h 10, le 27 avril 2025

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