
Entre rêve et réalité, les silhouettes Dior sont évanescentes. Photo Dior
Comme une apothéose de son parcours à la direction artistique de Dior qu’elle semble sur le point de quitter, Maria Grazia Chiuri emmenait le 15 avril la collection automnale de la maison de l’avenue Montaigne à Kyoto. Dans les sentiers du jardin To-ji, à l’ombre de la plus haute pagode du Japon qui s’élève au-dessus des toits comme une prière verticale, des variations poétiques autour du kimono se déployaient en broderies florales, soies, velours, denims et franges.
Au croisement des traditions et des excellences, les silhouettes conçues par Maria Grazia Chiuri pour la collection Dior Fall 2025 expriment la symbiose essentielle entre le savoir-faire français du tailleur et les principes de construction propres au kimono. Jouant avec les longueurs, les effets de volume et de texture, les vestes incarnent cette rencontre alchimique. Une impulsion qui se retrouve également sur les pantalons portefeuille, qui enveloppent la silhouette avec précision.
Pensées pour accompagner le corps en mouvement, certaines pièces s’offrent des détails ultracontemporains empruntés au vestiaire sportswear, comme les cordons de serrage, les fermoirs techniques, les brides et les zips qu’on trouve notamment dans un modèle en jacquard de soie aux reflets irisés.
La collection automnale de la maison de l’avenue Montaigne à Kyoto. Photo Dior
Traduisant cette hybridation, l’incontournable veste en denim adopte les formes classiques du vêtement japonais, tout comme les mailles, inspirées par la rigueur et la méticulosité de l’origami. Tel un hommage à la passion de Christian Dior pour les fleurs et les jardins, les motifs végétaux – esquissés, brodés, teints – s’épanouissent sur les robes longues, les tuniques et les ensembles, devenant alors un langage en soi, unissant les cultures par le prisme de la beauté et de la sensibilité.
Par son choix du Japon comme nouvelle escale merveilleuse de son odyssée créative, la directrice artistique recherchait une rencontre alchimique entre héritage et réinvention. L’imaginaire singulier du Japon se révèle au fil des clichés de Yuriko Takagi, fidèle collaboratrice de la maison auprès de laquelle elle s’attache à capturer la beauté, entre poésie et grâce.
Prolongeant le lexique de la collection, les souliers pensés par Maria Grazia Chiuri ponctuent les ensembles avec subtilité. Les ballerines se rehaussent de rubans qui soulignent délicatement la cheville, ou se muent en bottes souples magnifiant l’allure. Revisitées, les sandales se parent de cuir tressé, ou sont parfois dotées d’une épaisse semelle (en bois) qui rappellent les geta japonaises.
Orné de branches de cerisiers qui se dévoilent sur les tenues, le sac Dior Book Tote se fait l’écrin de compositions florales mettant en lumière l’art virtuose de l’ikebana. Ultimes surprises, le chapeau kasa traditionnel, réinterprété par Sawa Vaughters pour ce défilé, parachève certaines silhouettes, tandis que les bijoux – les colliers, les bagues ou encore les boucles d’oreilles asymétriques – transcrivent la richesse et les splendeurs du monde végétal, célébrant cette fascination partagée par Dior et le Japon.
Dans une atmosphère onirique, où semblent cohabiter le rêve et la réalité, les silhouettes Dior, évanescentes, étaient mises en scène au gré d’envoûtants jeux de miroirs, de regards et de réflexions. La fusion harmonieuse des savoir-faire japonais et de la couture française se raconte à travers une ode à l’excellence et aux artisanats d’exception, par le prisme des liens indéfectibles qui unissent, depuis les débuts de la maison, Dior et le Japon en une fascination partagée.