
Les mariées selon, de gauche à droite : Élie Saab, Georges Hobeika, Rami Kadi et Zuhair Mrad. Photos DR/Montage Jaimee Haddad/L’OLJ
La saison des mariages est de retour et avec elle les nouvelles collections des créateurs. Qui d’autre que les maîtres libanais de la haute couture pour réaliser cette robe d’un jour dont on parlera toute une vie ? Le mariage, dans notre partie du monde, est en effet un événement d’importance qui trouve en ces grands talents ses références absolues. Les prototypes sont déjà sortis des ateliers. Des plus romantiques aux plus audacieux, ils reflètent des visions et des sensibilités qui vont à la rencontre des rêves les plus divers.
La mariée d’Élie Saab, une œuvre d’art intemporelle. Photo DR
Élie Saab, ou si les statues étaient de soie…
Élie Saab a imaginé une galerie de statues et son image mentale de la mariée est celle d’une œuvre d’art intemporelle. Les courbes classiques d’une robe de bal ivoire s’épanouissent à la lumière et révèlent de subtiles applications florales. Une colonne cristalline laisse entrevoir une peau lumineuse. Ses scintillements soulignent des épaules nues ou se glissent entre les plis d’une sur-jupe. Une robe cloche qui cache son jeu au repos s’anime avec le mouvement d’une abondance de fleurs d’organza, de paillettes et de perles. Le tulle à bretelles ficelle évoque un marbre fluide et laiteux jusqu’à ce que ses cent bourgeons vaporeux imitent un envol dans la brise. Un fourreau lisse, sans bretelles, imite une statue académique si elle était de soie.
La magie ici est dans l’effet de surprise que produisent les transformations au fur et à mesure que les silhouettes commencent à changer de posture et se déplacer. Une cascade de tulle, parsemée de feuilles scintillantes, se détache pour révéler un jupon fuselé. Un corsage structuré et tressé devient dramatique avec une jupe de soie-chiffon ou une traîne de dentelle façon sirène. Les voiles sont brodés ou épurés, les manches étincelantes peuvent aussi laisser les bras sans ornement. Les boléros drapés avec art glissent des épaules pour souligner des lignes de décolleté à couper le souffle.
Entre luxe et personnalisation, la mariée devient muse et la robe obéit à des critères académiques. La grâce hiératique se fait miracle dès qu’elle se met en mouvement.
Beauté intemporelle de la mariée de Georges Hobeika. Photo DR
Irréalité chez Georges Hobeika
De son côté, la Maison Georges Hobeika situe sa collection à la croisée d’une élégance intemporelle et d’une modernité subtile. Les références à l’art célèbrent ici la féminité et subliment la beauté dans chaque détail.
Coupes affinées et matières luxueuses, crêpe de soie, dentelle de chantilly et tulle vaporeux se déclinent dans une palette de couleurs douce et romantique. Le blanc classique s’offre des variations de l’ivoire au beige, rehaussé de broderies aux reflets blanc perlé et platine, accentuant un effet de transparence et d’irréalité. La collection explore une grande diversité de styles : des robes courtes pleines de fraîcheur, des modèles empreints de mouvement et des réinventions de la robe de mariée traditionnelle avec une touche artistique. Des épis de blé, symboles de prospérité, des inspirations puisées à même la nature, lignes organiques et cieux étoilés, soufflent à travers les broderies une vision onirique.
À travers cette collection, Georges Hobeika redéfinit la robe de mariée contemporaine avec maîtrise, poésie et créativité.
La mariée de Rami Kadi, romantisme et sophistication intemporels. Photo DR
Effets lunaires chez Rami Kadi
Ce n’est pas ce genre au final très codifié de la robe de mariée qui allait intimider l’espiègle Rami Kadi. Le jeune couturier féru de prouesses techniques et d’effets 3D insolites a toujours une audace d’avance pour chahuter les conventions. En novembre 2024, il lançait sa première collection de prêt-à-porter nuptial. Cette ligne, baptisée « Unveiled », un nom qui joue sur l’idée de la révélation et du retrait du voile ne recule, comme tout ce que fait Kadi, devant aucune complexité. Conservant dans chaque pièce l’esprit de l’artisanat dans la couture, cette série de quinze robes distinctes se met à la portée d’un public plus large. Fabriquées à partir de tissus luxueux, agrémentées d’embellissements délicats et de touches novatrices propres à la maison, elles reflètent son éthique audacieuse. La collection incarne un romantisme et une sophistication intemporels. Entre autres exemples, une robe sirène blanc cassé ornée de fleurs complexes en fil de raphia ; un ensemble en crêpe et satin avec des accents de plumes sans cruauté ; une robe bustier avec plis de soie et châle ; ainsi qu’une robe de bal à décolleté carré entièrement brodée de fils et de paillettes en rayons… Une collection clairement polyvalente agrémentée de touches contemporaines, comme les perles de cristal en forme de cœur sur une robe blanc cassé à fente latérale. L’ensemble évoque des références lunaires ou célestes accentuées dans les photos éditoriales par un maquillage de la palette « Moon » de Charlotte Tilbury. Cette ligne annonce un nouveau chapitre pour la maison avec son intention de luxe accessible, entre modernité, inclusivité et glamour radieux.
La mariée de Zuhair Murad, entre luxe et sensualité. Photo DR
Le rêve floral de Zuhair Murad
Romantisme, toujours, chez un Zuhair Murad qui célèbre à travers sa collection nuptiale une idée de l’amour tout en majesté. Entre luxe et sensualité, le tour se joue dans le chatoiement des sequins. Bustes, bustiers et décolletés plongeants affinent les silhouettes avant de se dégager à la taille, produisant des volumes dramatiques.
À la fois lumineuse et rayonnante, l’ampleur éthérée des robes en dentelle célèbre un univers poétique emprunté à la délicatesse des pétales et au scintillement des cristaux. Des broderies florales éclosent, parsemées le long du tulle de soie. La silhouette parfaite d’une robe fourreau est exaltée par une sur-jupe, pour le meilleur de la séduction. Et pour parfaire le tout, de longs gants transparents viennent habiller les bras d’un effet vaporeux.
Le satin duchesse se façonne en drapés minutieux sur un décolleté cœur précieux et se libère pour une silhouette solennelle. Les broderies cristallines s’imposent, tantôt clairsemées, tantôt concentrées, dans un jeu de lumière maîtrisé.
Blanc pur, ivoire délicat, incarnat subtilement poudré... chaque nuance s’imprime sur la toile de ce rêve floral. « Et sous ces parures divines, chaque mariée devient une muse intemporelle, l’incarnation d’un amour qui scintille à l’infini », souligne le couturier.
Quel art , quelles beautés ,on dirait des sculptures en cire Et quelle fierté!!!
05 h 57, le 17 avril 2025