Monsieur le président,
Je viens vous faire part d’une peine approfondie.
Alors, je l’écris en comédie,
Ne vous inquiétez surtout pas,
Ce n’est pas une vraie histoire,
juste un jeu de mots avec les figurines de l’histoire.
Napoléon et Louis, peu importe leur air,
Se réveillent aujourd’hui d’un sommeil infini.
– Quelle honte, Louis ! Napoléon lui dit,
Encore engourdi par les efforts d’aujourd’hui.
– Mais quelle stupeur ! l’autre surgit,
Toujours la même école, dans un monde reconstruit !
On enseigne le subjonctif, les accords et les vers,
Mais où sont les leçons pour apprendre à se faire ?
Savoir-faire, savoir-être, savoir-vivre aussi,
Mais que vaut ce savoir s’il n’est qu’un écrit ?
– Et moi qui pensais qu’en ouvrant l’école,
Charlemagne avait permis la connexion de neurones !
L’enfant conjugue, mais sait-il construire ?
Il récite, mais sait-il s’unir ?
Il apprend par cœur des pages figées,
Mais où sont les clés pour les transformer ?
Louis, furieux, se retourne et s’exclame :
– Le monde évolue, la machine
« s’engramme »
L’avenir se tisse dans des codes et des chiffres,
Et l’école, elle, elle reste en larmes.
– On leur apprend l’histoire, mais l’histoire se répète,
Toujours les mêmes erreurs, et encore pire les mêmes défaites.
– Sait-on leur enseigner à gérer leur argent ?
À bâtir un futur en étant prévoyant ?
– Sait-on leur apprendre à s’aimer, à se comprendre,
À vivre heureux plutôt qu’à attendre ?
À être libres dans leurs choix et leurs actes,
Plutôt qu’à réciter des phrases intactes ?
Tout agacé, Napoléon se lève, s’étire et philosophe :
Parce qu’être citoyen, c’est d’abord se connaître,
Comprendre les autres et apprendre à être.
Dans un monde où la seule constante est le changement,
Pourquoi notre école reste-t-elle figée dans le temps ?
Où est l’éducation à l’art, comme une arme ?
Le rôle de la femme dans un monde de mâles ?
Apprenons à l’enfant le monde de demain,
Que l’amour est plus fort que de s’éparpiller en chemin.
Peut-être ainsi cessera-t-il de pisser
Dans les territoires divisés,
ou d’hurler radioactif,
méprisant ainsi physique, chimie, voire même biologie.
Qui suis-je, après tout, sinon citoyenne,
Une femme de cette terre, une rêveuse incertaine ?
Car oui, Napoléon et Louis sont choqués,
Mais moi, mon rêve, c’est de nous voir débloqués.
Monsieur le président, vous me direz que j’exagère.
Non, je ne suis pas pessimiste,
Réaliste à peine.
Si l’éducation est la lumière du peuple,
Ne la laissons pas se perdre sous le vent du siècle.
Alors, je vous écris du fond du passé,
Pour qu’enfin l’avenir puisse exister.
Très cher président je sais je vous exaspère.
Mais je vous présente mes respects les plus sincères,
D’une simple citoyenne, d’une personne de cette terre,
D’un passé, d’un présent, d’un futur espérant.
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