
Un drone portant un drapeau du Hezbollah à Aramta, au Liban-Sud, lors d'un défilé militaire organisé en mai 2023 pour commémorer la libération du Sud de l'occupation israélienne. Photo d'illustration Anwar Amro/AFP
Un réseau de soutien logistique au Hezbollah associant l’Espagne, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni a été démantelé entre l’été 2024 et la semaine dernière, rapporte Le Figaro. Selon le quotidien français, ce réseau s’adonnait à « l’achat de matériel pour la fabrication de drones et que l’ensemble des éléments acquis auraient pu permettre la fabrication de plusieurs centaines, peut-être jusqu’à un millier, d’engins de mort ».
À l’été 2024, la garde civile de Catalogne a détecté des achats suspects de matériaux et de composants entrant dans la fabrication de drones capables de transporter plusieurs kilogrammes d’explosifs par des individus d’origine libanaise via des entreprises espagnoles qu’ils contrôlaient. Selon les enquêteurs cités par Le Figaro dans un article paru vendredi, les produits achetés en Espagne avaient vocation à être expédiés au Liban.
« Dans les éléments achetés par le réseau de soutien logistique au Hezbollah, on a ainsi retrouvé des systèmes de guidage électronique, des hélices de propulsion, des dizaines de moteurs à essence, plus de deux cents moteurs électriques. Sans oublier plusieurs tonnes de résines et de produits permettant de confectionner des fuselages, des ailes et d’autres pièces de drones », rapporte le quotidien français. Les enquêteurs soupçonnent aussi que des éléments de la même provenance auraient déjà été utilisés pour des drones lancés par le Hezbollah contre Israël. Ils ont également découvert que des achats de composants ont également été réalisés dans d’autres pays européens et ailleurs dans le monde.
Interpellations en Espagne et Allemagne...
La garde civile de Catalogne a également détecté l’installation de l’un des acteurs du trafic en Allemagne et sollicité l'intervention du Bundeskriminalamt (BKA, police judiciaire allemande) et du Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, service de renseignement intérieur). Le 14 juillet 2024, quatre interpellations sont effectuées simultanément dans les deux pays. La garde civile interpelle trois individus d’origine libanaise à Barcelone et dans la commune limitrophe de Badalone. Dans la capitale catalane, les suspects vivaient sans attirer l’attention dans une rue du centre, à deux pas de la basilique de la Sagrada Familia. « Deux personnes sont libérées et placées sous contrôle judiciaire avec retrait du passeport, interdiction de quitter le territoire espagnol et convocations régulières devant la justice », ajoute le quotidien français, notant que la troisième est placée en détention provisoire.
L’ordonnance prise par le juge espagnol confirme que l’individu, de nationalité libanaise, est bien soupçonné d’avoir collaboré avec le Hezbollah en achetant « des matériaux qui pourraient être convertis en armes de guerre pouvant être utilisés contre des cibles civiles et militaires en Israël et en Europe ». Selon une source parisienne, ce réseau n’avait toutefois pas de projets terroristes en Europe. Une information confirmée par le juge espagnol, qui indique que la « destination finale » des biens acquis « serait le Hezbollah au Liban ».
Pour la justice espagnole, le suspect incarcéré, Firas A.H., 38 ans, « fait partie d’un groupe d’individus d’origine libanaise installés en Espagne et en Allemagne, liés à des degrés divers à l’organisation terroriste ». Selon Le Figaro, ce groupe était sur le point de « procéder de manière imminente à l’expédition par transport maritime au Liban d’une énorme quantité de composants essentiels pour la construction d’avions sans pilote, avec le risque qui en découle pour la sécurité collective et celle des citoyens d’Israël en particulier ». Des « composants essentiels », au moins plusieurs dizaines, qui ont donc pu être interceptés avant usage.
Selon le parquet fédéral allemand, un citoyen libanais, Fadel Z., a également été interpellé par le BKA le 14 juillet 2024 à Salzgitter (Land de Basse-Saxe). Il indique aussi que le suspect avait rejoint le Hezbollah au Liban « au plus tard à l’été 2016 » et avait acheté en Allemagne depuis le début de 2024 « des composants pour la construction de drones militaires, en particulier des moteurs ». Des composants qui « devaient être exportés au Liban et utilisés là-bas dans des attaques terroristes contre Israël », indique l'enquête.
L'enquête qui s'est poursuivie a permis de découvrir de nouveaux fils. Le 1er avril, la garde civile espagnole a interpellé à Barcelone, dans l’appartement déjà perquisitionné en juillet 2024, trois nouveaux suspects : deux ont été placés sous contrôle judiciaire et le troisième, poursuivi pour appartenance à une organisation criminelle, financement d’activités criminelles et trafic de faux documents, a été incarcéré.
... mais aussi en France et au Royaume-Uni
Après la branche allemande, les polices française et britannique sont intervenues dans l'enquête. La Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) a ainsi arrêté un suspect. Selon le Parquet national antiterroriste, il a été mis en examen et placé en détention après l’ouverture d’une information judiciaire en date du 4 avril 2025. Il est poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des actes de terrorisme, ayant pour objet un ou plusieurs crimes d’atteintes aux personnes.
De son côté, la police antiterroriste britannique a annoncé le 3 avril que deux hommes avaient été interpellés. Au nord de Londres, un individu de 39 ans soupçonné d’être membre d’un groupe interdit (depuis 2019, le Hezbollah, classé comme groupe terroriste, est interdit au Royaume-Uni), de préparer des actes de terrorisme et d’être impliqué dans le financement du terrorisme. Le second suspect, âgé de 35 ans, est accusé d’appartenir à une organisation interdite. Les deux hommes ont été libérés sous caution jusqu’à la mi-juillet 2025.
Je ne comprend pas pourquoi ils passeraient par l’Europe vu que tous ces composants proviennent probablement de Chine. Ce n’est pas logique…
07 h 38, le 13 avril 2025