Le ministre libanais des Travaux publics et des Transports, Fayez Rassamny, a annoncé jeudi un plan de sécurisation du port de Beyrouth, assurant que le port est étroitement surveillé par l'armée libanaise et les douanes. Et ce deux jours après des informations publiées sur la chaîne télévisée saoudienne al-Arabiya affirmant que le Hezbollah avait eu recours à une nouvelle voie maritime pour acheminer armes et financements au Liban, après la perte de ses routes terrestres et aériennes, après l'offensive israélienne de l'automne dernier puis la chute, le 8 décembre 2024, du régime de Bachar el-Assad. Des informations que le parti chiite a formellement démenties jeudi, par la voix d’un député de son bloc, Hassan Fadlallah.

Renforcer la sécurité au port comprend notamment « l'installation de dispositifs d'inspection avancés similaires à ceux utilisés à l'aéroport de Beyrouth, l'établissement d'un service de sécurité spécial pour le port en coordination avec les autorités compétentes, en plus de l'étude d'un nouveau cadre juridique pour moderniser la gestion du port » a détaillé Fayez Rassamny, précisant qu’il « suivra personnellement la mise en œuvre de ce plan ». « La sécurité au port de Beyrouth est étroitement surveillée par l'armée libanaise, ses services de renseignement et les douanes, dans le cadre d'une coordination continue entre les autorités compétentes », a assuré le ministre à la chaîne al-Arabiya au lendemain d’une visite au port.

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Évoquant le partage des responsabilités au port de Beyrouth, Fayez Rassamny a expliqué que « le contrôle sécuritaire à l'entrée des conteneurs relève de la compétence des douanes. Il est suivi d'inspections supplémentaires effectuées par les services de renseignement de l'armée. Quant à l’administration portuaire, son rôle se limite à la supervision opérationnelle et logistique ».

Allégations « dangereuses et surprenantes »

Mardi soir, la chaîne al-Arabiya réputée proche du pouvoir saoudien affirmait que des unités de la Force al-Quds des gardiens de la révolution iranienne enverraient « armes, équipements et fonds » au Hezbollah via le port de la capitale, « sous la supervision de Wafic Safa », le responsable de l'unité de liaison du Hezbollah, « sans qu’aucune autorité ne procède à des inspections ou ne supervise ces activités ». Ces informations ont notamment été relayées sur la chaîne israélienne i24 News mardi soir par le porte-parole de l'armée israélienne pour les médias internationaux, le colonel Olivier Rafowicz, ainsi que sur le compte X de la chercheuse libanaise critique du Hezbollah, Hanin Ghaddar, basée aux États-Unis, qui s'est alarmée du « risque d'une frappe israélienne sur le port de Beyrouth ».

Le ministre a qualifié ces allégations de « dangereuses et surprenantes », se disant surpris de leur timing, « à ce moment précis ». « Tous les travailleurs du port, de l'administration aux services de sécurité, sont des Libanais qui travaillent dans le cadre de la loi. Toute infraction sera traitée conformément aux règles et leurs responsables seront tenus de rendre des comptes », a-t-il assuré.

Réagissant également jeudi matin, un député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a formellement démenti les « allégations de contrebande d'armes par le port de Beyrouth », appelant la justice à prendre « des mesures légales contre les responsables de ces mensonges ». « Certains s’efforcent de saper les fondements du Liban, pays de diversité et de partenariat, et n'hésitent pas à s'en prendre aux institutions de l'État », a-t-il déploré, invitant les autorités à faire cesser l’agression israélienne et à se conformer à la déclaration ministérielle. « Un point essentiel devrait être ajouté à l'ordre du jour du gouvernement : la fin de l'exploitation du Liban, c'est la que doit être placée la priorité nationale », a ajouté M. Fadlallah. « Certains veulent plonger le pays dans le chaos et répondre aux revendications de l'ennemi, en privant le Liban de ses capacités », a-t-il dénoncé, estimant que cette volonté est liée à « un ordre venant de l'étranger, et n'est pas dans l'intérêt national ». « Les personnes derrière ces campagnes n'apprennent pas des expériences passées », a-t-il regretté, en allusion probable aux Forces libanaises et aux partis insistant sur le désarmement du Hezbollah.

Il n'y a pas de « sources » au Hezbollah

Le bureau de presse du Hezbollah a par ailleurs qualifié jeudi de « fausses et sans fondement » des informations médiatiques attribuées à des sources ou à des responsables du Hezbollah, invitant les médias à le contacter pour obtenir les renseignements nécessaires. « Récemment, certains médias ont fait circuler des informations attribuées à des sources ou à des responsables du Hezbollah ou à des responsables. Ces allégations sont totalement fausses », a souligné le bureau de presse dans un communiqué. « Il n'existe pas de sources au Hezbollah et les positions du Hezbollah sont exclusivement publiées par le biais de déclarations officielles ou de ses responsables dans les médias du Hezbollah, sur les sites web officiels et ceux du parti », ajoute le communiqué. Outre les informations concernant le port de Beyrouth, une « source du Hezbollah » avait récemment confié à l'agence Reuters que le parti était prêt à négocier avec le président libanais Joseph Aoun sur son désarmement.