
Des réfugiés syriens se sont abrités au siège de la municipalité de Tal Biré, dans le Akkar, le 10 mars 2025. Photo Matthieu Karam/L’Orient-Le Jour
Les ministres libanais des Affaires sociales et des Déplacés, respectivement Hanine Sayed et Kamal Chéhadé, ont plaidé samedi dans des entretiens distincts au retour des réfugiés syriens dans leur pays, à l'heure où cette question est au cœur des discussions entre Beyrouth et Damas.
Dans une interview accordée au média panarabe al-Mashhad, M. Chéhadé a affirmé qu'il « incombe à la communauté internationale d'aider au retour des Syriens dans leur pays et d'aider à construire l'économie syrienne, ce qui est dans l'intérêt de la région dans son ensemble et des pays arabes ». « S'il y a de l'instabilité dans certaines zones syriennes, cela signifie qu'il y a une instabilité dans la région, et cela ne justifie pas non plus le manque de considération sérieuse pour le retour des Syriens dans leur patrie », a-t-il poursuivi.
Menace existentielle
Pour le ministre des Déplacés, cette question « devrait être discutée entre les deux pays, comme ce fut le cas dans l'accord sur la démarcation des frontières parrainé par l'Arabie Saoudite ». Il a également appelé à ce que les discussions se poursuivent « sur toutes les questions épineuses entre les deux pays ». « La position officielle libanaise est que la présence de Syriens en grand nombre constitue un fardeau économique et une menace existentielle pour le Liban, et que cela constitue une instabilité pour tous les pays arabes, et qu'il est dans leur intérêt de faire rapatrier les Syriens », a-t-il rappelé. En ce qui concerne l'expression « menace existentielle », M. Chéhadé a expliqué que « le gouvernement a adopté cette expression dans sa déclaration ministérielle et que le Parlement l'a ratifiée ». Il a enfin appelé les pays arabes et occidentaux à coopérer avec le Liban à ce sujet.
Même son de cloche du côté de la ministre des Affaires sociales. Dans une interview publiée samedi dans le journal al-Akhbar, Hanine Sayed a affirmé que 24 % des réfugiés syriens au Liban – soit environ 400.000 personnes sur plus de 1.5 million au total, selon les estimations du Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) – seraient prêts à rentrer en Syrie, à condition de recevoir une assistance pour leur réinstallation.
Plan de retour
« J’ai demandé au HCR d’élaborer un plan de retour et de l’appliquer en utilisant le budget alloué à la réponse humanitaire pour les réfugiés syriens au Liban. (...) J’estime que le coût de la première phase de ce plan sera d’environ 200 millions de dollars », a souligné Mme Sayed, ajoutant qu'une partie de cette somme pourrait être financée par l'aide perçue par une partie des réfugiés dans le cadre des programmes d’assistance au Liban. « Les réfugiés reçoivent actuellement une aide dont nous pouvons utiliser une partie pour faciliter leur retour volontaire», a-t-elle dit.
Mme Sayed a précisé que ce « retour volontaire » devra se faire vers des « zones d'accueil » propices à la réinstallation des réfugiés. « Nous devons identifier les zones d’accueil en Syrie, couvrir les frais de transport et garantir un soutien financier aux familles pendant les quatre à cinq premiers mois après leur retour », a-t-elle expliqué, tout en indiquant que la mise en application de ce projet était supervisée par une commission interministérielle regroupant les ministères des Affaires étrangères, de la Justice, des Affaires sociales, du Travail, de l’Intérieur et de la Défense, en coopération avec le HCR. « Le HCR dit souvent que le moment n’est pas opportun pour leur retour, mais son président Filippo Grandi m’a affirmé que nous étions sur la même longueur d’onde à ce sujet », s'est-elle félicitée.
Nouvelle vague de réfugiés au Akkar
La ministre a également abordé la question de la nouvelle vague de réfugiés syriens provoquée par les massacres perpétrés début mars dans la région alaouite sur le littoral syrien, qui ont coûté la vie à plus de 1.500 civils, essentiellement alaouites, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Ces violences ont provoqué l'arrivée au Liban d'au moins 15.479 Syriens, répartis sur 24 localités à majorité alaouite du Akkar, dans le nord du pays, où ils séjournent chez des familles ou dans des hangars, d'après le dernier rapport de la Chambre de gestion des catastrophes.
« Le Liban n’est pas un pays d’asile permanent, mais de transit, et cette règle doit s’appliquer à tous les groupes », a commenté la ministre. Et d'ajouter : « Nous avons accueilli des réfugiés fuyant l’ancien régime syrien, mais après quatorze ans sans plan de retour, nous devons tirer des leçons de cette expérience. La situation en Syrie est encore incertaine, mais il est possible que le nouveau régime parvienne à inclure toutes les factions. »
Réhabilitation des infrastructures détruites par la guerre
Concernant la reconstruction des régions détruites par les bombardements israéliens au cours de la guerre entre le Hezbollah et Israël en 2023/2024, Hanine Sayed a indiqué que le Liban recevra une première tranche de 250 millions de dollars de la Banque mondiale en avril pour « réhabiliter les infrastructures », en misant également sur de nouvelles conférences de donateurs pour obtenir des financements supplémentaires.
La ministre ambitionne, par ailleurs, de réduire la dépendance des familles libanaises aux aides sociales en favorisant leur autonomisation économique. Son objectif est de « créer des opportunités d’emploi et de renforcer les compétences des bénéficiaires », notamment à travers des formations et l’accès à des micro-crédits. Elle a ainsi annoncé un plan de refonte du programme « Aman », principal dispositif d’aide aux familles pauvres, en renforçant les contrôles pour éviter la fraude et en priorisant les foyers les plus vulnérables.
.. Tjs du blablabla affreux, pas d actions. On s en fout des syriens, qu'ils rentrent chez eux.POINT. On appelle Trump pour ca ?
21 h 59, le 31 mars 2025