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Détenus et disparus libanais en Syrie : quelques libérations, beaucoup de questions et de désillusion - Détenus en Syrie

Idriss Farès n'a jamais su pourquoi il avait été arrêté en Syrie

Quand une visite de famille, en Syrie, tourne au cauchemar.

Idriss Farès n'a jamais su pourquoi il avait été arrêté en Syrie

Illustration: Jaimee Lee Haddad.

Idriss Farès

Âge : 41 ans

Lieu de résidence : Kamed al-Laouz, Békaa-Ouest

Date de l’arrestation : 14 novembre 2024

Lieu de l’arrestation : poste de contrôle syrien, Sûreté générale syrienne

Durée de la détention : 24 jours

Détention : « Branche Palestine »

Date de libération : 8 décembre 2024, chute du régime Assad

Le 14 novembre 2024, en pleine guerre entre le Hezbollah et Israël au Liban, Idriss Farès se rend pour la première fois en Syrie. Il y va avec un ami pour prendre des nouvelles d’une partie de sa famille paternelle qui vit à Saboura, dans le gouvernorat de Rif Dimashq, dans le Sud-Ouest syrien. Mais ce qui devait être un court séjour se transforme en cauchemar éveillé : passé la partie libanaise du poste-frontière de Masnaa, cet enseignant d’arabe se fait arrêter par la Sûreté générale syrienne. Idriss ne saura jamais pourquoi.

« Ils pensaient que je travaillais contre la Syrie au Liban… Mais, à chaque fois, ils changeaient de version. L’on me disait que le rapport datait de 2005, une autre officier de 2013, puis de 2015 », raconte ce résident de Kamed el-Laouz dans la Békaa-Ouest, toujours secoué. Le quadragénaire est envoyé dans la « branche Palestine » où il est interrogé plusieurs fois. Idriss demande à nouveau les raisons de sa détention, en vain. Un officier note sur son bras un chiffre et le numéro de la cellule. À l’intérieur, 82 détenus sont entassés dans « 6 mètres de long, 4 mètres de largeur », et Idriss entend les hurlements des hommes sous la torture. « J’étais terrifié. »

Lors d'un autre interrogatoire, l’officier débarque avec un dossier contenant des informations sur lui : ils savent que Idriss est cheikh, connaissent son mentor, lui demandent s’il a travaillé dans un camp de réfugiés. « Je gérais le dossier syrien pour le Courant patriotique libre en 2019 qui m’avait demandé de rassembler des informations. Mais ça je ne l’ai pas révélé… Puis il m’a dit qu’il avait des informations sur le fait que j’étais contre le régime, m'a demandé si je connaissais le nom de Libanais dont je n’avais jamais entendu parler. » L’officier lui lance alors : « Je vais étudier ton cas, si tu mens, je vais te faire la même chose qu’à ce gars-là », montrant un adolescent de 15 ans, accroché en hauteur et dénudé. « Il avait été complètement tabassé. J’ai vu des choses… Les Libanais se font torturer, mais c’est pire quand tu es syrien », assure-t-il.

Idriss passera 24 jours dans cette prison, sans eau potable, mangeant très peu et des denrées périmées. « Je n’ai pas été torturé, mais le problème, c’était aussi les maladies. On avait tous des marques sur nos corps, des problèmes pulmonaires », raconte Idriss, qui dit avoir perdu 20 kilos pendant sa détention. « J’étais tellement affaibli, j’ai cru que j’allais mourir. »

Lorsque les hommes du groupe islamiste sunnite radical Hay'at Tahrir el-Cham (HTC) sont entrés dans la prison la nuit du 7 au 8 décembre, Idriss a d’abord cru à une « attaque contre les détenus », que le « régime était venu pour (les) tuer ». Puis une voix a retenti : « Ce régime de chien a chuté, vous êtes enfin libres. » Avec les autres prisonniers, il descend célébrer dans la capitale, Damas, avant de rentrer au Liban.

Idriss avait perdu son job et a dû en trouver un autre. Il fait face à des problèmes de santé. « La première semaine de ma libération, j’avais l’impression de toujours être là-bas. Maintenant, les images me reviennent. Ce régime est sans merci. » 

Idriss FarèsÂge : 41 ansLieu de résidence : Kamed al-Laouz, Békaa-OuestDate de l’arrestation : 14 novembre 2024Lieu de l’arrestation : poste de contrôle syrien, Sûreté générale syrienneDurée de la détention : 24 joursDétention : « Branche Palestine »Date de libération : 8 décembre 2024, chute du régime AssadLe 14 novembre 2024, en pleine guerre entre le Hezbollah et Israël au Liban, Idriss Farès se rend pour la première fois en Syrie. Il y va avec un ami pour prendre des nouvelles d’une partie de sa famille paternelle qui vit à Saboura, dans le gouvernorat de Rif Dimashq, dans le Sud-Ouest syrien. Mais ce qui devait être un court séjour se transforme en cauchemar éveillé : passé la partie libanaise du poste-frontière de Masnaa, cet enseignant d’arabe se fait arrêter par la Sûreté générale syrienne....
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