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Idées - Appel

Réformes administratives et bancaires : face à la diffamation, défendre l’intérêt public

Réformes administratives et bancaires : face à la diffamation, défendre l’intérêt public

Photo d’illustration Sébastien Bozon/AFP

Dans le but d’instiller un climat d’impunité et de tromper les citoyens à l’approche des nominations financières, administratives et judiciaires ainsi que des élections municipales et parlementaires, certains banquiers et leurs puissants alliés politiques mènent une campagne systématique visant à inverser les récits, à falsifier les faits et à inonder l’opinion publique d’informations trompeuses et de théories du complot. Ces parties financent des outils médiatiques pour diffamer et intimider les journalistes d’investigation, les médias indépendants et les organisations réformatrices. 

Ces campagnes, dont certaines s’apparentent à un assassinat moral, sont destinées à protéger les criminels impliqués dans le crime financier de cette époque : l’effondrement financier du Liban. 

À la lumière de ces développements, nous nous sommes réunis pour souligner notre rejet de ces manœuvres et pour mettre en garde contre leurs graves répercussions sur la liberté des médias, le droit des journalistes à accéder à l’information et à la diffuser, et le droit du peuple libanais à connaître la vérité. 


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Face à cette réalité, nous insistons sur les points suivants :

Premièrement, le danger que représente le financement politique des médias en l’absence de tout contrôle de l’État. Les pouvoirs financiers politiques et bancaires représentent une menace croissante pour les médias au Liban, car certains médias deviennent des outils de propagande qui diffusent des mensonges et promeuvent des récits fabriqués dans le but d’induire l’opinion publique en erreur et de falsifier les faits contrairement aux principes professionnels. Dans certains cas, cette falsification équivaut presque à un assassinat moral. Cela se produit en l’absence de toute intervention du Conseil national des médias audiovisuels, qui a la responsabilité première de contrôler les performances de ces médias et d’empêcher l’abus du privilège de leur licence. Dans sa décision du 5 décembre 2024, le Conseil d’État a déclaré que l’État était responsable de son incapacité à remplir ses devoirs à cet égard et que le mandat des membres du Conseil national des médias avait expiré en 2008, sans que des remplaçants aient été nommés. 

Deuxièmement, la mise en garde contre le danger de la pression exercée par certains médias sur le pouvoir judiciaire dans le but de transformer ce dernier en un outil répressif. Tout en reconnaissant le droit au contentieux et au recours au pouvoir judiciaire, qui est habilité à décourager les abus et l’arbitraire, nous sommes surpris de constater que les rapports et les plaintes contre les partis réformistes et les médias alternatifs sont devenus partie intégrante des campagnes médiatiques et de l’incitation à leur encontre, tandis que certains médias, financés par les mafias bancaires, sont utilisés pour intimider et attaquer tout juge qui rend des décisions allant à l’encontre des intérêts de la mafia. Si l’exagération médiatique financée par ces mafias a largement contribué à semer la confusion dans l’esprit des autorités judiciaires et dans leur capacité à tenir les violations financières pour responsables, ce que nous craignons le plus aujourd’hui, c’est qu’avec la popularité de ces rapports et de ces plaintes, ces mafias passent de la défense à l’attaque dans le sens d’une transformation du système judiciaire en un outil répressif pour imposer leur discours et supprimer toute opposition à ce dernier. 

Troisièmement, l’attaque concentrée sur les institutions réformistes vise la souveraineté de l’État. Nous soulignons que les campagnes axées sur les institutions réformistes visent à priver la société des moyens de changement et de réforme, et à maintenir l’État en proie aux mafias hégémoniques. Si ces campagnes reflètent clairement l’attitude de ces mafias à l’égard de l’État et leur perception de celui-ci, les représentants de l’État doivent traiter ces campagnes avec la même clarté, c’est-à-dire comme une attaque contre eux d’abord, et révéler au public la vérité sur ce qu’elles cachent. Une attaque claire et ciblée contre l’État ne devrait pas être accueillie avec timidité ou à demi-mot, mais avec la même clarté et avec toute la force possible.

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Sur la base de ce qui précède, nous déclarons ce qui suit :

Nous demandons aux autorités, en premier lieu au président de la République et au Premier ministre, de s’attaquer à ces campagnes suspectes, non seulement comme des campagnes visant les droits et les libertés des citoyens, mais aussi comme des attaques visant, avant tout, les chances de réformer l’État et de consolider sa souveraineté, avec tout ce que cela implique en termes de divulgation transparente à l’opinion publique et d’activation de son rôle de contrôle de tous les médias. 

Nous appelons également les pouvoirs publics à mener à bien les réformes institutionnelles promises dans le domaine de la régulation des médias et du pouvoir judiciaire, en vue de responsabiliser les auteurs de crimes financiers et, surtout, de démanteler les réseaux de conflits d’intérêts afin de rétablir la confiance des citoyens dans l’État et de faire valoir les droits de ceux qui ont été soumis au plus grand pillage de notre histoire moderne. 

Nous appelons la Cour de cassation et les autres procureurs et organes judiciaires à s’opposer à l’approche que certains banquiers et leurs puissants alliés tentent d’imposer, en rejetant les assignations judiciaires et de sécurité politisées et en prenant des mesures sérieuses pour poursuivre les personnes impliquées dans les crimes financiers. 

Nous sommes convaincus que le peuple libanais est trop conscient pour se laisser influencer par la désinformation et les campagnes de désinformation, et que ces tentatives d’intimidation ne nous dissuaderont en aucune façon de poursuivre notre lutte pour obtenir justice, démasquer les responsables de crimes financiers et, plus important encore, construire un État capable et juste. 


Signataires :

- Membres du Parlement : Ibrahim Mneimneh ; Paula Yacoubian ; Mark Daou ; Melhem Khalaf ; Yassine Yassine ; Firas Hamdan ; Charbel Massaad ; Najat Saliba ; Michel Douaihy ; Halimé Kaakour.

- Médias : le Syndicat de la presse alternative ; al-Modon ; Daraj ; Radio Sawt al-Chaab ; Raseef 22 ; Lubnan Wal Alam ; Sifr Magazine ; Naqd Media ; Sharika Wa Laken ; Sniper News ; Manateq Net ; Watara Podcast ; Public Source. 

- Associations et ONG : Union des déposants ; Legal Agenda ; Kulluna Irada ; Association libanaise pour les droits des contribuables (Aldic) ; The Policy Initiative ; Association libanaise pour les élections démocratiques (LADE) ; SEEDS ; Centre libanais des droits de l’homme (CLDH) ; Frontiers Rights ; Association des médias pour la paix (MAP) ; Reform ; FEMALE ; SMEX ; l’Initiative Gherbal ; ALEF - Agir pour les droits de l’homme.

- Partis politiques et coalitions de la diaspora : Bloc national ; Change Lebanon ; Le réseau de la diaspora libanaise ; TeamHope ; Taqaddom ; Mouvement pour le changement dans le Sud ; Coalition Watani ; Réseau Mada ; Madinati ; Amd Liban : Terre. Société. État ; Li Haqqi ; Qoudourat ; Observatoire populaire ; Mouvement Usus ; Relebanon ; Mouvement des expatriés libanais-Michigan ; Salon culturel de Livonia-Michigan. 




Dans le but d’instiller un climat d’impunité et de tromper les citoyens à l’approche des nominations financières, administratives et judiciaires ainsi que des élections municipales et parlementaires, certains banquiers et leurs puissants alliés politiques mènent une campagne systématique visant à inverser les récits, à falsifier les faits et à inonder l’opinion publique d’informations trompeuses et de théories du complot. Ces parties financent des outils médiatiques pour diffamer et intimider les journalistes d’investigation, les médias indépendants et les organisations réformatrices. Ces campagnes, dont certaines s’apparentent à un assassinat moral, sont destinées à protéger les criminels impliqués dans le crime financier de cette époque : l’effondrement financier du Liban. À la lumière...
commentaires (2)

Edifiante description . Mais comment / poiurquoi faire confiance aux auteurs et responsables du Collectif ?

L’acidulé

10 h 02, le 23 mars 2025

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Commentaires (2)

  • Edifiante description . Mais comment / poiurquoi faire confiance aux auteurs et responsables du Collectif ?

    L’acidulé

    10 h 02, le 23 mars 2025

  • Il est grand temps de trainer les crapules bancaires devant le tribunal penal pour leurs actes delictueux.: Faillite frauduleuse : en effet, quelqu'en soient les causes invoquees, la quasi totalite des banques Libanaises sont en cessation effective de paiemnt. Plusieurs centaines de milliers de deposants en subissent les consequences. Escroquerie en bande organisee : alors que la quasi totalite des deposants etaient dans l'incapacite d'acceder a laur epargne , quelques privilegies (banquiers, politichiens, hauts fonctionn'aires et juges vereux) ont vu faire fuir leur argent a l'etranger.

    Michel Trad

    02 h 33, le 23 mars 2025

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