Le Palais de justice de Baabda. Photo d'archives ANI
L’offensive s’intensifie contre Kulluna Irada (KI), un groupe de pression qui réclame depuis 2019 une restructuration financière permettant une sortie de crise. Déjà la cible d’une campagne hostile dans certains médias, sur les réseaux sociaux et relais d’opinions proches du secteur bancaire, l'ONG fait désormais l’objet d’un signalement judiciaire pour « tentative de déstabilisation du système financier libanais », entre autres griefs. Le signalement a été déposé il y a quelques jours devant le parquet près la Cour de cassation par les avocats Bachir Aazan, Charles Assaad et Jocelyne Karam, agissant à titre privé. Ce procédé ne permet pas d’identifier un probable mandataire. La démarche vise l’organisation ainsi que « toute personne que l’enquête identifiera comme impliquée dans des infractions pénalement répréhensibles ».
Dans le document adressé au juge Jamal Hajar, les avocats affirment que KI a outrepassé ses statuts pour s’engager depuis 2021 dans une action politique « multipliant les attaques contre l’économie nationale et sapant la confiance dans les marchés financiers libanais ». KI est en outre accusé d’avoir propagé des allégations infondées « sur une prétendue faillite du secteur bancaire », incitant, selon les allégations des avocats, les déposants à retirer précipitamment leurs fonds.
Ils soupçonnent, sans fournir d’élément dans le texte, KI d’avoir exercé des pressions sur le gouvernement libanais afin qu’il fasse défaut sur sa dette en devises en mars 2020. Enfin, les trois avocats accusent l’ONG d’opérer comme une « organisation secrète » en ne divulguant pas l’identité de ses bailleurs, et l’usage qu’elle fait de ses fonds.
« Détourner l'attention »
Dans un communiqué publié sur son site internet, KI rejette en bloc l’ensemble des accusations « qui sont allées jusqu'à des attaques personnelles contre ses membres » et se réserve le droit d’entamer des poursuites judiciaires pour diffamation.
Une source proche de l’organisation dénonce « le recours à un procédé judiciaire dont l’objectif est clairement l’intimidation visant non seulement Kulluna Irada mais, au-delà, toute velléité des nouvelles autorités exécutives de mettre en œuvre la restructuration du secteur bancaire et des finances publiques bloquée depuis cinq ans par de puissants intérêts politiques et financiers. » Et d’ajouter « que cette campagne orchestrée fait porter à l’ONG la responsabilité de l’effondrement survenu en octobre 2019 alors que le commun des mortels sait que Kulluna Irada n’a jamais été au pouvoir et qu’il s’agit surtout de détourner l’attention des vrais responsables des ingénieries financières qui ont catalysé la crise, ainsi que des infractions financières commises après octobre 2019, dont la nature et les auteurs sont parfaitement connus : la Banque du Liban, les banques et les autorités politiques ».
Concernant l’origine de ses fonds, l'ONG réitère qu’elle « est exclusivement financée par ses membres, des Libanais résidents et expatriés » et déclare « agir dans le strict respect de la loi et se tient à la disposition de la justice si nécessaire ».
Nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Dans ce pays tout est possible et les événements nous ont appris à nous méfier de tout et de de tous. A suivre
11 h 36, le 14 mars 2025