
Un iftar dans le village de Khiam, au Liban-Sud, au milieu des décombres des bâtiments bombardés par l’armée israélienne, le 15 mars 2025 durant le cessez-le-feu. Photo Rabih Daher/AFP
Malgré les cessez-le-feu au Liban et à Gaza, Israël a repris lundi soir ses bombardements massifs sur l’enclave palestinienne et poursuit ses frappes ciblées au Liban-Sud. Ces hostilités, de loin les plus violentes depuis l’entrée en vigueur de la trêve le 19 janvier à Gaza, ont fait 413 morts rien que mardi, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les attaques israéliennes au Liban-Sud depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre ont, elles, coûté la vie à au moins 102 personnes. Cette poussée de fièvre à Gaza et, dans une bien moindre mesure, au Liban-Sud fait craindre le pire à de nombreux Libanais, alors que de nombreux villages frontaliers ont été entièrement rasés, compliquant le retour des riverains.
Pour Zeinab, résidente à Tyr, « la guerre ne s’est jamais vraiment terminée, ni au Liban ni à Gaza ». « L’escalade au Liban-Sud est une poursuite de la guerre menée par Israël contre le Liban », estime l’enseignante de 60 ans. Elle « s’attendait à ce que la guerre reprenne » à Gaza. « L’État libanais n’aura rien par la voie diplomatique, et la guerre va se poursuivre jusqu’à ce que le gouvernement libanais accepte un accord de paix et une normalisation avec Israël (...). Nous devons reprendre la résistance », analyse-t-elle, en allusion au Hezbollah qui a subi de lourdes pertes militaires durant ce conflit. L’armée israélienne, elle, occupe encore cinq points au Liban-Sud et refuse de s’en retirer, malgré la trêve en cours.
« Se préparer à une nouvelle résistance »
Pour Faten Sabah, activiste de 55 ans qui habite à Nabatiyé, une chose est sûre : « L’escalade montre que l’ennemi israélien ne veut pas que la vie redevienne normale dans les villages du Liban-Sud. » Selon elle, Israël pratique la « politique de la terre brûlée ». Et de s’insurger : « Je ne comprends pas comment on a mis en place un cessez-le-feu (au Liban) tout en laissant à l’ennemi la liberté de faire ce qu’il veut. L’État libanais doit défendre les habitants », dit-t-elle, en reprenant la rhétorique du Hezbollah depuis le cessez-le-feu.
Lors de la mise en place du cessez-le-feu, Israël s’était réservé le droit d’intervenir à tout moment en cas de violation des termes de la trêve par le parti chiite. Un prétexte qui justifierait les frappes israéliennes quasi quotidiennes au Liban, malgré la trêve.
Face à la reprise des bombardements massifs sur Gaza, Faten est partagée « entre la colère et les larmes (...) Ce qui se passe est indescriptible (...) Des massacres y sont commis et le monde laisse faire (...) On ne peut pas faire confiance à Israël qui a le feu vert des États-Unis », lance-t-elle.
« La guerre n’est pas encore terminée », abonde Samir. « Les habitants du Sud doivent se préparer à une nouvelle résistance. Nous n’avons plus rien à perdre. L’ennemi israélien tue et vole nos terres », lance cet habitant du Liban-Sud.
Une logique qui s’applique également, selon lui, à Gaza. « Abou Ammar (nom de guerre de l’ancien dirigeant palestinien Yasser Arafat) a signé un accord (avec Israël, en 1993 à Oslo) et ils ont continué à lui faire la guerre. Quant à Abou Mazen (nom de guerre du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas), il fait tout ce qu’Israël demande, alors que ce dernier refuse d’accorder des droits aux Palestiniens, regrette-t-il. On ne peut pas se passer de la résistance. »
Ils disent que la guerre n’est pas finie et ils ont bien raison de le penser. Cependant, seraient ils prêts à sacrifier ce qui reste de leurs biens et des membres de familles pour servir un parti vendu qui n’en a cure d’eux ni de leurs vies? Si oui, alors bonne continuation, on ne peut plus rien pour eux. Pourvu qu’ils ne viennent pas nous reprocher le dernier round en nous portant responsables des morts et des destructions dues à leur aveuglement et leur sectarisme sans borne.
12 h 44, le 20 mars 2025