
Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, lors de la 10e conférence annuelle du parti, à Sin el-Fil, le 16 mars 2025. Photo tirée du site tayyar.org
Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a affirmé samedi que sa formation politique aouniste ne comptait pas saboter le travail du nouveau gouvernement de Nawaf Salam, dont elle ne fait pas partie, dans son deuxième discours en 48 heures, après celui prononcé vendredi soir à l'occasion d'un dîner visant à lever des fonds.
« L'opposition ne boude pas et ne sabote pas. L'opposition encourage le gouvernement (...) à réussir, parce qu'elle surveille, questionne, avertit et corrige. Elle n'objecte pas pour objecter, elle ne rejette pas pour rejeter, elle a des alternatives. Nous aurons un gouvernement fantôme qui suivra chaque ministère objectivement, aidera le ministre, l'encouragera là où il le souhaite et le critiquera là où il le faut », a déclaré le chef du CPL lors de la 10e conférence annuelle du parti qui s'est tenue à Sin el-Fil, dans la banlieue de Beyrouth.
« Deux raisons »
M. Bassil, gendre de l'ancien président Michel Aoun, a expliqué que son parti s'était retrouvé dans l'opposition « pour deux raisons ». « La première est que notre liberté de décision ne nous permet pas d'accepter que quelqu'un nous impose des choix comme d'autres l'ont accepté », a-t-il souligné, faisant un parallèle avec les événements de 2005, lorsque le général Aoun, fondateur du parti, était revenu au Liban après 15 ans d'exil en France et s'était placé dans l'opposition. « Nous sommes hors du gouvernement car ils ne veulent pas de nous à l’intérieur, parce qu'ils ont peur de notre liberté de décision sur le plan national (...) », reléguant au second plan le fait que le CPL a été un allié du Hezbollah jusqu'à ce que de profonds désaccords minent cette alliance « depuis 2022 ». « Nous avons prouvé que nous sommes les seuls à ne pas avoir été influencés par les pressions sur le Liban », s'est-il vanté. Le député de Batroun a aussi enjoint « tous ceux qui ont fait échouer le Liban par leur haine de Michel Aoun et du CPL à sortir de cette haine et ne pas provoquer un nouvel échec pour le Liban et son nouveau président ». Il a également appelé à l'unité des forces politiques, qui fait face à de « menaces existentielles », évoquant l'occupation israélienne de plusieurs positions au Liban-Sud et les développements en Syrie.
Gebran Bassil a ainsi critiqué « l'occupation israélienne » qui s'est étendue sur une nouvelle zone près de Houla, au Liban-Sud, dans « un silence international et une acceptation intérieure ». « Cela place le Liban face au danger du projet expansionniste israélien, ce que l'accord de cessez-le-feu et la résolution 1701 n'ont pas arrêté », a-t-il dit dans une référence à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui a mis fin à une guerre en 2006 entre le Hezbollah et Israël et qui doit encore être complètement appliquée. « Le danger existentiel (qui menace le Liban) doit être abordé sous sa forme globale, de l'Égypte à la Jordanie, de la Palestine à la Syrie, de l'Irak au Liban, et cela nous pousse à lancer un appel à tous pour se réunir et formuler un projet national qui préserve l’existence, celle du Liban, de l'entité et de l'État », a-t-il ajouté.
Commentant les récents développements en Syrie, notamment les massacres de civils qui ont eu lieu en marge d'affrontements entre combattants loyaux à l'ancien président Bachar el-Assad et les nouvelles forces syriennes des rebelles islamistes qui l'ont renversé, Gebran Bassil a évoqué une « scène syrienne tragique » qui « place les Libanais face au défi de protéger la diversité » et donc, par extension, leur « identité ». Plusieurs milliers de personnes ont fui les combats dans l'ouest syrien pour se réfugier au Liban-Nord. « Le Liban ne peut pas demeurer une arène de rivalité sectaire alimentée par la Syrie et la région, épargnez-nous les conflits civils », a-t-il lancé.
Décentralisation
Le général Michel Aoun a été élu à la présidence de la République en 2016 après plus de deux ans de vide présidentiel, lié à des tensions politiques. En 2022, à la fin de son mandat, pendant lequel a éclaté la crise économique et financière que traverse toujours le pays, de nouvelles tensions ont bloqué l'élection présidentielle pendant plus de deux ans. Une situation qui a finalement abouti à l'élection d'un autre général, le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun. Bien que le CPL ait été opposé à cette candidature, il a néanmoins apporté ses voix, créant la surprise, mais n'a pas accordé sa confiance au nouveau gouvernement, dont il avait pourtant appuyé la candidature de son chef, Nawaf Salam.
Gebran Bassil a aussi plaidé pour une décentralisation administrative et financière. « Le Liban doit rester un État centralisé dans ses décisions politiques, dans les domaines des Affaires étrangères et de la Défense, mais il ne peut continuer sans une décentralisation poussée. La décentralisation n'est ni la partition ni la séparation, mais plutôt un développement équitable qui profite à toutes les régions », a-t-il expliqué.
Il s'est enfin fait l'avocat d’une « laïcité globale, et non une laïcité sélective », car cela reviendrait à l'élimination de la communauté chrétienne, et mis en garde contre « toute atteinte à la loi électorale » qui fausse la représentation communautaire du pays dans les institutions.
LE POV PTI GENDRE....
09 h 29, le 18 mars 2025