
Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, lors du dîner annuel de son parti à l'hôtel Habtoor, près de Beyrouth, le 14 mars 2025. Photo Facebook / Tayyar.org
Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, a réaffirmé que son parti était bel et bien passé du côté de l'opposition, après avoir été écarté du gouvernement formé par Nawaf Salam. « Aujourd'hui, nous ne sommes pas seulement le Courant patriotique libre, nous sommes l'opposition patriotique libre. Nous ne sommes pas une partie de l'opposition, nous sommes l'opposition. Nous sommes l'opposition libanaise », a déclaré M. Bassil, lors du dîner annuel vendredi de son parti à l'hôtel Habtoor près de Beyrouth.
M. Bassil a également estimé que le CPL a toujours été « une opposition à l'occupation syrienne et israélienne du Liban (...) ainsi qu'une opposition à l'atteinte à la souveraineté (...) ». « Nous n'avons jamais fait partie du système. Nous communiquons avec lui bien sûr pour faire passer des projets au sein du gouvernement et des lois au Parlement, mais nous ne pouvons pas en faire partie (...) L'opposition du CPL sera différente aujourd'hui parce qu'elle intervient après 14 ans au sein du pouvoir (...) Nous nous sommes battus pour l'électricité, ils nous ont empêché de travailler et nous en ont fait porter la responsabilité. Cette fois-ci, ils porteront la responsabilité de ce dossier », a-t-il encore dit.
Le CPL ou des ministres qui lui sont proches ont occupé le ministère de l'Énergie depuis 2008, sans pouvoir rétablir le courant plus de quelques heures par jour.
« Vrai et faux » 14 mars
Gebran Bassil a par ailleurs critiqué la 20e commémoration des événements du 14 mars 2005 qui ont suivi l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et conduit à la fin de la présence armée syrienne au Liban. « Le CPL représente le vrai 14 mars 1989 de la liberté, de la souveraineté et de l'indépendance, les autres représentent un faux 14 mars », a-t-il déclaré, en référence à la Guerre de libération contre l'armée syrienne, en 1989 en pleine guerre civile, par Michel Aoun, fondateur du CPL et alors commandant en chef de l'armée. La plupart des partis dits «souverainistes» ont marqué vendredi les 20 ans du 14 mars 2005, journée d'un rassemblement massif à Beyrouth contre la tutelle syrienne, qui a mené au départ des troupes du régime de Hafez el-Assad quelques semaines plus tard.
« Notre chef est issu de l'armée et non pas des milices (...) le monde entier s'est opposé à lui jusqu'à l'écarter du pouvoir en 1990, lorsque des avions syriens et israéliens ont survolé le palais de Baabda et les décisions saoudiennes et américaines s'imposaient sur le Parlement, tandis que la décision libanaise était en exil », a déclaré M. Bassil dans une allusion à l'exil de Aoun en France.
« Le monde a décidé de l'écarter et les forces de l'intérieur s'y sont alliés (...). Le 17 octobre 2019 (date du début de grandes manifestations contre le pouvoir, ndlr), tout le monde s'est mis d'accord pour encercler le président. Ils ont lancé une révolte (...) et tiré uniquement sur le CPL (...) », a-t-il reproché, alors que les slogans contre M. Bassil, beau-fils de Michel Aoun, devenu chef de l'État, étaient virulents lors de ce soulèvement.
« En 2025, les consulats et les représentants (des pays étrangers) ont émis des décisions venues de l'étranger, tous ont plié, sauf nous », a-t-il encore dit, en référence à l'élection du président Joseph Aoun et de la désignation de Nawaf Salam au poste de Premier ministre.
Le leader du CPL a par ailleurs évoqué la situation en Syrie, en proie la semaine dernière à des massacres confessionnels dans les régions du littoral, estimant que le pays « est en train de suivre les pas de l'Afghanistan ». «Comment ne pas pleurer lorsque l'on voit des gens qui ont peur pour leur vie, leur seul crime étant leur appartenance religieuse ? (...) Est-ce cela la démocratie et les droits de l'homme en Syrie (...) L'Islam est une religion de paix (...) », a souligné Gebran Bassil.
Il a par ailleurs dénoncé « un danger existentiel, non seulement pour les alaouites, les druzes, les chrétiens et les chiites mais également pour les sunnites ». « Nous nous opposons à tout ce qui met notre identité en danger et contre le complot régional qui veut changer notre identité et notre démocratie », a-t-il ajouté.
Concernant les prochaines élections législatives, prévues au printemps 2026, M. Bassil a annoncé le lancement d'une campagne de donations « pour que la décision du CPL puisse rester libre ».
C’est insupportable cette mauvaise foi. Il faut vraiment qu’aux prochaines élections on n'entende plus parler de ce parti et de ses minables représentants
08 h 03, le 19 mars 2025