Pour la première fois depuis la chute de Bachar el-Assad, des Syriens s'apprêtent à commémorer samedi le soulèvement de 2011, dont la répression a déclenché la guerre civile, lors de manifestations à Damas et dans les autres grandes villes. Dans la capitale, une manifestation est prévue sur la place des Omeyyades, où durant les années de répression seuls se rassemblaient les partisans de l'ex-président.

Les militants ont aussi appelé à des rassemblements à Homs et à Hama, dans le centre du pays, et à Idleb, dans le nord, sous le slogan « La Syrie est victorieuse ». « Nous manifestions toujours pour l'anniversaire de la révolution à Idleb, mais aujourd'hui nous allons célébrer la victoire au coeur de Damas », a affirmé à l'AFP Qader al-Sayed, un Syrien de 35 ans présent dans la capitale. « C'est un rêve devenu réalité », a-t-il ajouté.

La guerre civile en Syrie a commencé par des manifestations pacifiques le 15 mars 2011, qui ont rassemblé des milliers de personnes contre le pouvoir de Bachar el-Assad, avant d'être brutalement réprimées. Ce 14e anniversaire est le premier depuis la chute de l'ex-président, chassé du pouvoir le 8 décembre par des groupes rebelles menés par des islamistes radicaux. Ahmad el-Chareh, qui dirigeait le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), est devenu en janvier président par intérim du pays.

Ahmad el-Chareh a signé jeudi une déclaration constitutionnelle pour une période de transition de cinq ans, jusqu'à la mise en place d'une nouvelle constitution. Cette déclaration a été critiquée pour donner trop de pouvoirs au président par intérim et ne pas protéger suffisamment les minorités.

Son annonce est intervenue peu après des massacres commis dans l'ouest de la Syrie, qui ont fait 1.476 morts, pour la plupart des membres de la minorité alaouite dont est issu l'ancien président, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. « Cela fait 14 ans que les Syriens sont descendus dans les rues lors de manifestations pacifiques, pour réclamer de la dignité, de la liberté et un avenir meilleur », a souligné vendredi l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen.

En dépit de la guerre civile, « la résilience des Syriens et leur quête de justice, de dignité et de paix se poursuit. Ils méritent à présent une transition qui en soit digne », a-t-il ajouté dans un communiqué, en appelant à « la fin immédiate de toute violence et la protection des civils ».