
Le président syrien par intérim Ahmad el-Chareh lors d’un entretien à Reuters au Palais présidentiel à Damas, le 10 mars 2025. Khalil Ashawi/Reuters
Le président par intérim de la Syrie, Ahmad el-Chareh, a déclaré, lundi 10 mars à Reuters, que les massacres de civils alaouites constituaient une menace pour sa mission d’unification du pays, et a promis de punir les responsables, y compris ses propres alliés si nécessaire.
Dans sa première interview accordée à une agence de presse internationale, après que des centaines de personnes ont trouvé la mort au cours de quatre jours d’affrontements entre des groupes armés alaouites et les nouvelles autorités islamistes sunnites de Syrie, M. Chareh a accusé les groupes pro-Assad « soutenus par des étrangers » d’avoir déclenché l’effusion de sang, tout en reconnaissant que des exactions et actes de vengeance s’en étaient suivis.
« La Syrie est un État de droit. La loi suivra son cours pour tous », a-t-il déclaré à Reuters depuis le palais présidentiel de Damas, où résidait Bachar el-Assad jusqu’à ce que les forces de M. Chareh le renversent le 8 décembre, forçant le dirigeant évincé à se réfugier à Moscou. « Nous nous sommes battus pour défendre les opprimés, et nous n’accepterons pas que le sang soit versé injustement ou qu’il n’y ait pas de comptes à rendre, même parmi ceux qui nous sont les plus proches », a poursuivi M. Chareh.
S’il a imputé la flambée de violence de ces derniers jours à une ancienne unité militaire loyale au frère d’Assad et à une puissance étrangère non précisée, il a reconnu qu’en réaction « de nombreuses parties ont pénétré sur la côte syrienne et de nombreuses violations ont été commises ». Et d’ajouter : « C’est devenu une occasion de se venger de griefs refoulés depuis des années », tout en précisant que la situation avait été largement maîtrisée depuis.
M. Chareh a déclaré que 200 membres des forces de sécurité avaient été tués lors des troubles, tout en refusant de préciser le nombre total de victimes dans l’attente d’une enquête, qui sera menée par un comité indépendant annoncé dimanche avant son interview. L’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé au Royaume-Uni, a déclaré que jusqu’à dimanche soir, 973 civils alaouites avaient été tués dans des attaques de vengeance, après des combats au cours desquels plus de 250 combattants alaouites et plus de 230 membres des forces de sécurité avaient trouvé la mort.
« Ma poitrine se serre dans ce palais »
Après des années passées sur le terrain à la tête d’un mouvement de guérilla qui s’est détaché d’el-Qaëda, ce fils d’un nationaliste arabe, âgé de 42 ans, s’est exprimé doucement, élevant parfois à peine sa voix au-dessus d’un murmure au cours de cet entretien réalisé dans la nuit de lundi à mardi, après la rupture du jeûne du ramadan. Son entourage, composé de jeunes hommes barbus, semblait encore s’adapter au protocole dans le siège opulent du pouvoir. « Pour être honnête, ma poitrine se serre dans ce palais. Je suis étonné de voir à quel point le mal contre la société émane de tous les coins », a-t-il confié.
Les troubles de ces derniers jours, les plus sanglants depuis l’éviction d’Assad, constituent son plus grand revers dans sa quête de légitimité internationale, de levée totale des sanctions occidentales et d’affirmation de son autorité sur un pays fracturé par 14 années de guerre. Ses forces sont entrées dans la capitale en promettant de gouverner pour toutes les communautés de Syrie – sunnites, alaouites, druzes, chrétiens, chiites, kurdes et arméniens – tout en essayant d’apaiser les inquiétudes nationales et étrangères concernant ses antécédents d’islamiste extrémiste.
Il a rapidement accueilli un flot de dignitaires étrangers et, avec son cercle proche, a parcouru la région pour s’attirer des soutiens. Mais trois mois plus tard, la joie suscitée par l’éviction d’Assad a été largement remplacée par l’inquiétude suscitée par les importants défis qui se posent à l’intérieur du pays. L’économie reste en lambeaux, de grandes parties du pays, y compris le Nord-Est riche en pétrole, échappent au contrôle de l’État et Israël a adopté un ton de plus en plus menaçant, appuyé par des frappes aériennes, des incursions et la saisie de territoires. M. Chareh a reconnu que les violences de ces derniers jours risquaient de faire échouer sa tentative de rassembler la Syrie. Elles « auront un impact sur cette voie », a-t-il affirmé, mais il s’est engagé à « rectifier la situation autant que possible ».
Pour ce faire, M. Chareh a mis en place un comité indépendant – le premier organe qu’il a créé et qui comprend des alaouites – chargé d’enquêter sur les meurtres dans un délai de 30 jours et d’amener les auteurs de crimes à rendre des comptes. Un second comité a été créé « pour préserver la paix civile et la réconciliation, et arrêter le sang qui coule toujours plus », a-t-il ajouté.
M. Chareh a refusé de répondre à la question de savoir si des combattants djihadistes étrangers et d’autres factions islamistes alliées ou ses propres forces de sécurité étaient impliqués dans les massacres, déclarant que ces questions relevaient de l’enquête. Des Syriens ont diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos explicites d’exécutions par des combattants, dont certaines ont été vérifiées par Reuters, notamment une vidéo montrant au moins 20 hommes morts dans une ville. M. Chareh a affirmé que la commission d’enquête examinerait ces images.
Les meurtres ont profondément ébranlé les villes côtières de Lattaquié, Banias et Jableh, obligeant des milliers d’alaouites à fuir vers des villages montagneux ou à franchir la frontière avec le Liban. M. Chareh a déclaré que les loyalistes d’Assad appartenant à la 4e division du frère d’Assad, Maher, et une puissance étrangère alliée avaient déclenché les affrontements jeudi « pour fomenter des troubles et créer des discordes communautaires ». Il n’a pas identifié la puissance étrangère, mais a pointé du doigt « les parties qui ont perdu en vertu de la nouvelle réalité en Syrie », une référence apparente à l’Iran, allié de longue date d’Assad, dont l’ambassade à Damas est toujours fermée. Téhéran a rejeté toute suggestion d’implication dans les violences. L’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie ont fermement soutenu Chareh dans le contexte des violences, tandis que l’ancien allié d’Assad, la Russie, a exprimé sa profonde inquiétude et que l’Iran a déclaré qu’aucun groupe ne devait être « opprimé ». Washington a pour sa part blâmé les « terroristes islamistes radicaux, y compris les jihadistes étrangers ».
« Notre porte est ouverte »
M. Chareh a déclaré que la sécurité et la prospérité économique de la Syrie étaient directement liées à la levée des sanctions américaines imposées contre Bachar el-Assad. « Nous ne pouvons pas établir la sécurité dans le pays avec des sanctions toujours en place contre nous. » Il n’y a cependant pas eu de contact direct avec l’administration de Trump au cours des presque deux mois qui ont suivi l’entrée en fonction du nouveau président, dans un contexte de scepticisme quant au passé djihadiste du nouvel homme fort de Damas. Interrogé sur les raisons de cette absence de communication, il a répondu que « le dossier syrien ne figure pas sur la liste prioritaire de l’administration américaine ». Et d’ajouter : « Vous devez leur poser la question à eux. La porte de la Syrie, elle, est ouverte ».
Entre-temps, des pourparlers sont en cours avec la Russie au sujet de sa présence militaire dans les deux bases militaires stratégiques de la Méditerranée, la base navale de Tartous et la base aérienne de Hmeimin. M. Chareh a déclaré que Moscou et Damas ont convenu de réexaminer tous les anciens accords bilatéraux, mais qu’il n’y avait pas eu encore assez de temps pour entrer dans les détails. « Nous ne voulons pas qu’il y ait une rupture entre la Syrie et la Russie, et nous ne voulons pas que la présence russe en Syrie représente un danger ou une menace pour quelque pays que ce soit dans le monde, et nous voulons préserver ces relations stratégiques profondes », a-t-il déclaré. Les liens avec Moscou sont si importants que « nous avons toléré les bombardements (russes) durant la libération et ne les avons pas ciblés directement afin de laisser la porte ouverte aux rencontres et au dialogue », a-t-il révélé. M. Chareh a refusé de confirmer s’il avait demandé à Moscou de lui remettre Bachar el-Assad. La Russie a été un allié de la Syrie pendant des décennies et un fournisseur essentiel de carburant et de céréales. Reuters a rapporté la semaine dernière que Moscou avait envoyé un pétrolier rempli de diesel à la Syrie en dépit des sanctions américaines.
Alors que le contrôle du gouvernement est faible dans le sud de la Syrie, où Israël s’est emparé de territoires, a proclamé une zone démilitarisée, et menacé de prendre pour cible les forces de M. Chareh si elles s’y déployaient, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a qualifié lundi Chareh de « terroriste jihadiste de l’école d’el-Qaëda qui commet des actes horribles contre une population civile ». M. Chareh a qualifié les menaces israéliennes de plus en plus belliqueuses et les commentaires de M. Katz d’« absurdités ». « Ils sont les derniers à pouvoir parler », a-t-il déclaré, rappelant qu’Israël a tué des dizaines de milliers de personnes à Gaza et au Liban au cours des 18 derniers mois.
Des délégations, des ministres Allemand, Français etc., venus s’assurer de la VICTOIRE : REMPLACER une DICTATURE par une DÉMOCRATIE. Que de félicitations ! Puis Feu Vert au GROUPE,( placé par les israélo - Occidentaux ), des diplômés HAKIM : d’ Universités d’Idlib, Homs, Raka , Yale, Oxford , tel aviv. QUEL PLAISIR RECOMMENCER : Égorger, Massacrer, Tuer – souvenir depuis 2012. Aujourd’hui 1000 alaouites, chrétiens, musulmans, femmes, enfants, hommes TUER en quelques heures ! OR, Chareh promet de punir ceux qui ont « versé le sang INJUSTEMENT » Vivement APPLAUDI par l’Occident LIBRE.
10 h 37, le 11 mars 2025