
Capture d'écran de l'entretien du responsable du Hezbollah Nawaf Moussaoui, le 4 mars 2025 à la chaîne al-Mayadeen.
Au lendemain d'un entretien de l'ex-député Nawaf Moussaoui, responsable du dossier des ressources et des frontières au sein du Hezbollah, dans lequel il critiquait la conduite du parti chiite durant la guerre contre Israël, le quotidien an-Nahar a fait part mardi de possibles « mesures disciplinaires sévères » prises par le directoire du Hezbollah à son encontre. Contacté mercredi par L'Orient-Le Jour, l'intéressé a toutefois formellement démenti cette information qu'il qualifie de « complètement fabriquée et sans fondement ».
Durant l'entretien qu'il a accordé à la chaîne pro-iranienne al-Mayadeen, Nawaf Moussaoui a notamment affirmé que le Hezbollah « a été vaincu (lors de la guerre contre Israël) en raison de ses propres insuffisances », regrettant longuement les « erreurs et failles tactiques » du parti durant le conflit. Nawaf Moussaoui a notamment regretté l’explosion des appareils de communication du parti – bipeurs et talkie-walkies qui ont fait au moins quarante morts, dont un enfant, et plus de 2 900 blessés les 17 et 18 septembre derniers -, ainsi que les assassinats de Hassan Nasrallah et de Hachem Safieddine, lors de bombardements d’une ampleur inédite sur la banlieue sud de Beyrouth, respectivement le 27 septembre et la nuit du 3 au 4 octobre. Il a imputé ces « revers » aux propres insuffisances du parti chiite, « et non à l'intelligence d'Israël ».
Sans préciser ses sources, an-Nahar a affirmé que Nawaf Moussaoui serait possiblement sous le coup d'une suspension de son adhésion, d'une révocation de ses fonctions, voire d'une expulsion définitive, à la faveur d'une « vague de mécontentement » ayant secoué les cercles du parti dans la foulée de ces propos.
« Il y a une grande partie du journalisme aujourd'hui, surtout lorsqu'il émet des informations liées au Hezbollah, qui n’est que fabrication », accuse M. Moussaoui. « Le Hezbollah a, à plusieurs reprises, affirmé que s'il souhaite s'exprimer sur un sujet, il le fait lui-même, en publiant un communiqué », rappelle-t-il, qualifiant les informations de « falsifiées et sans fondement » dans le but de « s'en prendre à moi sur le plan personnel ».
Le quotidien expliquait que son information était « d'autant plus crédible » que le Hezbollah avait déjà sanctionné Nawaf Moussaoui par le passé. Ce dernier avait en effet remis sa démission en juillet 2019 « à la demande » de la formation, pour « accumulation d'erreurs commises », notamment après un incident au cours duquel il avait tiré avec d'autres hommes armés en direction d'un commissariat de police sur fond de dispute avec son gendre en raison du divorce de celui-ci avec la fille de M. Moussaoui.
« Proportions excessives »
Même son de cloche d'une source proche du Hezbollah qui affirme que « l'information d'an-Nahar est inexacte ». « Nawaf Moussaoui a exprimé une opinion personnelle, un point de vue qui lui est propre, avance-t-elle. « Nous respectons l'opinion (de Nawaf Moussaoui), même si nous aurions préféré que le débat reste interne avant qu'une position définitive ne soit adoptée sur la question. » « En principe, aucune mesure n'a été prise. L'affaire a pris des proportions excessives. Ce qui est rapporté dans les médias ne correspond pas à la réalité », conclut la source.
Quant à Ghaleb Abou Zeynab, membre du conseil politique du Hezbollah, il a déclaré lors d'un entretien sur la plateforme Spot Shot mardi qu'« avec tout le respect (qu'il doit) à sayyed Nawaf Moussaoui, ses récentes déclarations ne sont qu'une appréciation personnelle et une lecture individuelle ». Il a ajouté que ce « qui s'est passé au sein du parti ne relève ni d’un manquement ni d’une insuffisance, et nos jeunes (du Hezbollah) ont fait ce qu'ils devaient faire. »
Ce parti ne doit plus avoir le droit d’exister dans notre, tant qu’il porte des armes offertes par un pays étranger. Arrêtons de discuter de la manière d’en finir avec ces mercenaires et passons aux actes. Les accords ont été conçus pour être appliqués et respectés POINT. Il faut aussi dissoudre le parti national syrien, il n’a rien à faire sur notre territoire.
11 h 35, le 06 mars 2025