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Nos Lecteurs ont la Parole

Chou fi ma fi ? Ne var ne yok ?

L’éditorial d’Issa Goraieb, il y a quelques jours, m’inspire cette contribution. L’article en question se termine par l’anecdote sur ce Libanais qui aurait mis en déroute un ordinateur en lui lançant la fameuse expression libanaise « chou fi ma fi ? »

Quoi de neuf ? »

L’ordinateur désorienté n’en était pourtant pas à sa première épreuve car, de l’autre côté de la Méditerranée, on raconte qu’un Stambouliote aussi, lui aurait demandé « qu’y a-t-il, qu’y a-t-il pas ? », en utilisant l’expression bien turque « ne var ne yok ? » qui correspond mot à mot à l’expression libanaise. Ni l’un ni l’autre ne pensaient à mal. Le Libanais voulait être « khoch boch » (sans façon) avec l’outil informatique, le Turc voulait juste faire « hoș beş » avec lui (discuter un peu), mais, apparemment, l’ordinateur ne l’entendait pas de cette oreille.

« Chou fi ma fi ? » et « khoch boch » ! Voilà donc deux bonnes expressions libanaises empruntées au turc, mais la liste est longue : ouda/chambre (oda), boya/peinture (boya), séda/simple (sade), barki/peut-être (belki), karakon/poste de police (karakol), tanjara/casserole (tencere), karakoz/boute-en-train (karagöz), bouz/glacé (buz), kamar/ceinture (kemer), pour n’en citer que quelques-uns, avec parfois des glissements de sens comme dans chachma (toilettes) déformation de çeşme, fontaine en turc, et deghré (tout droit) dérivé de döghrü, c’est juste en turc.

Et si tous les dialectes arabes ont emprunté au turc, ils ne l’ont pas fait de la même manière. C’est le cas, par exemple, du koubri, pont en égyptien, et de kezlok, lunettes en syrien, respectivement köprü et gözlük en turc, que d’autres dialectes n’ont pas empruntés.

Cela dit, l’influence turque sur les dialectes arabes est sans commune mesure avec celle de l’arabe littéraire sur la langue turque elle-même. Aujourd’hui encore, en dépit du travail assidu entrepris depuis bientôt un siècle pour désimbriquer les deux langues, les mots d’origine arabe continuent à être légion dans la langue turque. Ils se comptent par milliers, dans tous les domaines de la vie.

Néanmoins, et on aurait pu espérer le contraire, le lexique arabe extensif du turc et les nombreux emprunts au turc dans les différents dialectes arabes ne facilitent que marginalement l’apprentissage du turc pour les arabophones.

En effet, occultés par le grand nombre de suffixes que le turc leur adjoint, les mots d’origine arabe dans cette langue non sémitique, très agglutinante, sont difficiles à repérer pour un néophyte, et quand bien même ce dernier s’y retrouverait, leur sens lui échapperait à cause des longues séries de suffixes, des déclinaisons multiples et de la syntaxe du turc complètement inversée par rapport à l’arabe.

Par contre, il existe un petit pays méditerranéen dont la langue est parfaitement à portée de main. Il s’agit de Malte. Et pour peu qu’on parle aussi l’italien, le maltais, ce délicieux dialecte arabe écrit en alphabet latin, est compréhensible pour un arabophone, du premier coup d’œil à l’écrit, et au bout de quelques mois à l’oral.

Toufic ABICHAKER

Ancien chef interprète de l’OMS

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L’éditorial d’Issa Goraieb, il y a quelques jours, m’inspire cette contribution. L’article en question se termine par l’anecdote sur ce Libanais qui aurait mis en déroute un ordinateur en lui lançant la fameuse expression libanaise « chou fi ma fi ? »Quoi de neuf ? »L’ordinateur désorienté n’en était pourtant pas à sa première épreuve car, de l’autre côté de la Méditerranée, on raconte qu’un Stambouliote aussi, lui aurait demandé « qu’y a-t-il, qu’y a-t-il pas ? », en utilisant l’expression bien turque « ne var ne yok ? » qui correspond mot à mot à l’expression libanaise. Ni l’un ni l’autre ne pensaient à mal. Le Libanais voulait être « khoch boch » (sans façon) avec l’outil informatique, le Turc voulait juste faire « hoș...
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