
Capture d'écran de l'entretien du membre du conseil politique du Hezbollah, Ghaleb Abou Zeynab, accordé à la chaîne al-Jadeed le dimanche 23 février, après les funérailles de Hassan Nasrallah.
L’absence remarquée du chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, aux funérailles populaires de Hassan Nasrallah dimanche 23 février a provoqué un nouvel épisode de tension entre le Hezbollah et son ancien allié chrétien. Ghaleb Abou Zeynab, membre du conseil politique du Hezbollah, a dit « comprendre (l'absence de Gebran Bassil) d’un point de vue politique, mais pas sur le plan personnel », lors d’un entretien accordé à la chaîne al-Jadeed le soir même de cet événement qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes.
« J’ai cherché Gebran (Bassil) et j’ai été surpris de ne pas le voir (lors des funérailles), même si bien sûr une délégation du CPL (les députés Salim Aoun et César Abi Khalil, NDLR) s’y est rendue » a avancé Ghaleb Abou Zeynab, l’un des principaux architectes de « l’accord de Mar Mikhaël ». Signé le 6 février 2006 par le fondateur du CPL Michel Aoun et le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah, l'accord avait scellé l’entente éminemment politique entre les deux partis, depuis largement érodée voire enterrée, qui avait permis dix ans ans plus tard à Michel Aoun d'accéder à la magistrature suprême. La veille de sa commémoration cette année, Gebran Bassil affirmait ainsi, à l’heure de la formation du gouvernement, que le CPL n'est « pas l'allié du Hezbollah. »
« D’un point de vue personnel, et au regard (…) de ce qu’a fait sayyed Hassan Nasrallah pour Gebran (Bassil) personnellement, et plus généralement pour le CPL, oui, il aurait dû y être (…), et parmi les premiers » a lancé Ghaleb Abou Zeynab. Avant de résumer : « Je peux comprendre (son absence) d’un point de vue politique, ça passe, mais pas sur le plan personnel. ».
Pendant la journée de mardi, le chef du CPL s'est toutefois rendu sous la « tente de Achoura » installée dans la banlieue-sud de Beyrouth, pour présenter ses condoléances aux proches de l'ancien secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, et à son successeur éphémère Hachem Safieddine, tout deux tués dans une frappe israélienne. Le député Mohammad Raad et le fils de Hassan Nasrallah étaient présents, selon les photos publiées sur le compte X de Gebran Bassil. Selon l'Agence nationale d'information, le leader druze Walid Joumblatt, lui aussi absent pendant les funérailles, s'est également rendu mardi dans la banlieue sud de Beyrouth pour présenter ses condoléances. Une délégation du mouvement Amal, ainsi qu'une autre composée des députés partis ou radiés du CPL – Elias Bou Saab, Ibrahim Kanaan et Alain Aoun, le député Hassan Mrad (proche du 8 Mars), ont également fait le déplacement, selon l'ANI, qui évoque aussi des membres des Forces de sécurité intérieure et de la Sûreté générale, ainsi que des délégations venues de factions alliées du Hezbollah en Irak, en Tunisie, au Yémen, au Nigeria et en Iran.
قدم رئيس التيار الوطني الحر جبران باسيل العزاء بالسيدين الشهيدين حسن نصرالله وهاشم صفي الدين في الضاحية الجنوبية، على راس وفد نيابي كبير من التيار الوطني الحر. pic.twitter.com/k7eM2AN8oP
— Gebran Bassil (@Gebran_Bassil) February 25, 2025
« Où étaient-ils ? »
Les relations entre les deux formations se sont progressivement dégradées depuis la fin du mandat de Michel Aoun en octobre 2022. Le CPL reproche notamment au Hezbollah d'avoir soutenu la candidature de Sleiman Frangié, chef du mouvement Marada, pour la présidence de la République, aux dépens de celle de Gebran Bassil, opposant sur la scène chrétienne de M. Frangié. Mais c’est surtout « le front de soutien » à Gaza ouvert par le Hezbollah au lendemain de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, et les deux mois de guerre ouverte sur le Liban entre septembre et novembre 2024 qu’il a entraînés, qui a définitivement creusé un fossé entre les deux partis.
Mentionnant le fait que le CPL s'est rendu aux funérailles et « s'est tenu aux côtés de la Résistance et de son public pendant la guerre » entre le Hezbollah et Israël, Martine Najem Kteily, vice-présidente aux affaires politiques du parti aouniste, a répondu à Ghaleb Abou Zeynab en retournant les accusations : « Où étaient-ils lorsque le CPL a été victime d’injustices sous le mandat du président Aoun ? Où étaient-ils lorsqu’il s’agissait de protéger le partenariat à la présidence de la République, face à l’imposition du gouvernement Mikati et au mépris de la volonté des chrétiens ? » a-t-elle lancée sur X.
L' « erreur stratégique » du Hezbollah
Le CPL reproche notamment au Hezbollah de ne pas avoir soutenu l'édification d'un État, le dossier de la lutte contre la corruption, ou encore le boycott par les ministres proches des aounistes du Conseil des ministres durant la période de vacance présidentielle qui a suivi le mandat de Michel Aoun.
Mardi, dans son intervention devant le Parlement avant le vote de confiance au gouvernement de Nawaf Salam, Gebran Bassil est revenu à la charge contre le Hezbollah, estimant qu'il a « commis une erreur stratégique lorsqu'il a ouvert le front de soutien à Gaza ». « Le Hezbollah a perdu la légitimité nationale lui permettant de combattre Israël tout seul, ce qui a fait que le terme de ‘résistance’ a été retiré de la déclaration ministérielle », a-t-il lancé.
Par ailleurs, et alors que selon des internautes, les deux députés CPL présents aux funérailles, Salim Aoun et César Abi Khalil, auraient été hués et qualifiés de « traîtres », sans publier d'images à l'appui, Martine Najem Kteily et Michel Abou Najem, journaliste et porte-parole du CPL, ont démenti ces informations à L'Orient-Le Jour.
Le nabot est tout simplement un lâche.....
09 h 24, le 26 février 2025