Rechercher
Rechercher

Économie - En infographies

En infographies : avec la fermeture de l'USAID, des milliers de bénéficiaires potentiellement affectés au Liban

Entre les fonds engagés et les fonds décaissés, le Liban a reçu plus de 300 millions de dollars d’aide américaine en 2024. 

En infographies : avec la fermeture de l'USAID, des milliers de bénéficiaires potentiellement affectés au Liban

Panneau de USAID à Qortada, Baabda, le 20 février 2025. Photo d'illustration P.H.B

L’onde de choc créée par la décision de l’administration Trump, fin janvier, d’imposer une suspension de 90 jours de la quasi-totalité de l’aide financière vers l’étranger, sous réserve d’un examen de son administration, continue d’ébranler le secteur de l’aide au développement. Si un juge fédéral américain a ordonné une levée temporaire du gel de tous les financements de l’USAID le 13 février, celle-ci ne s’étend toutefois que jusqu’à la fin de la période d’examen. Et l’onde de choc n’épargne pas le Liban. « Des centaines d’employés de l’USAID au Liban ont également été mis en congé sans indemnités », a indiqué Ayad el-Masri, expert en mobilisation de ressources dans le domaine humanitaire.

À lire aussi

Gel de l’aide américaine : des centaines d’emplois au Liban en danger

Quels sont les montants en jeu ?

Les États-Unis ont fourni 22 % de l’aide totale au Liban en 2024, ce qui les place en tête de la liste des donateurs, devant l’Union européenne, selon un rapport de suivi de l’aide publié par les Nations unies au pays du Cèdre. « Le Liban se trouve dans une situation très critique, surtout après un conflit. Les financements étaient déjà rares et les tensions sont encore très vives. La perte de l’aide humanitaire constitue une pression supplémentaire pour les communautés marginalisées du pays », a souligné M. Masri. Plus de 250 millions de dollars ont été déboursés par l’ensemble des agences américaines, dont 225 millions par la seule USAID en 2024, indique le site web américain de suivi de l’aide à l’étranger.

Infographie Jaimee Lee Haddad

La même année, environ 240 millions de dollars ont été promis pour des projets pluriannuels, dont environ 220 millions par l’USAID. « Les projets de l’USAID sont lancés au cours d’une année spécifique et s’étendent en moyenne sur cinq ans. Bien que chaque projet ait des coûts fixes prédéterminés, ceux-ci ne sont pas nécessairement répartis de manière égale sur chaque année de la durée du projet », explique Danny Maalouli, expert en investissement. Par exemple, le programme de soutien communautaire (CSP), une initiative de 100 millions de dollars de l’USAID conçue pour fournir des services essentiels et améliorer les opportunités grâce à une série de projets dans les régions du Nord, du Sud et de la Békaa, a été mis en œuvre de 2018 à 2025. Une répartition annuelle détaillée n’a toutefois pas pu être trouvée.

Quelles sont les institutions affectées ?

Les chiffres publiés sur Foreign Assistance donnent une idée du montant déboursé par l’USAID, notamment à travers des projets dans des secteurs libanais clés tels que l’éducation, l’approvisionnement en eau et l’assainissement, l’agriculture, la santé, avec des fonds également destinés à des interventions d’urgence. Les programmes qui ont reçu le plus de fonds en 2024 comprennent l’assistance alimentaire d’urgence, l’assistance humanitaire et le projet d’éducation Quality Instruction Towards Access and Basic Education Improvement program (Qitabi). Tous les projets ont été gelés à la suite de la décision de l’administration Trump.

Infographie Jaimee Lee Haddad

« Lorsqu’un projet de l’USAID est lancé, les fonds vont à un organisme de mise en œuvre – généralement une société de conseil basée aux États-Unis – qui sera ensuite chargé de l’exécution du projet. Il débourse ensuite ces fonds aux bénéficiaires concernés, tels que les ONG et d’autres organisations », explique M. Maalouli.

Les principaux partenaires de mise en œuvre de l’agence au Liban comprennent des agences des Nations unies telles que le Programme alimentaire mondial, des entreprises de développement international telles que Chemonics International, Development Alternatives Inc, des institutions éducatives mondiales telles que World Learning Inc, et des institutions locales telles que la Lebanese American University (LAU) et l’Université américaine de Beyrouth (AUB).

Infographie Jaimee Lee Haddad


Infographie Jaimee Lee Haddad

En revanche, un autre grand bénéficiaire de l’aide américaine, l’armée libanaise, ne devrait pas être affecté par la décision de Donald Trump. Début janvier, les États-Unis s’étaient engagés à verser 95 millions de dollars pour soutenir les Forces armées libanaises (FAL). Or ces fonds ont « déjà été notifiés au Congrès et sont irréversibles », avait expliqué fin janvier Joe Macaron, chercheur et spécialiste du Moyen-Orient, à L’Orient-Le Jour. « Il s’agit d’une initiative de soutien distincte qui ne relève pas du programme d’aide du Pentagone », avait-il ajouté.

Toutefois, l’importance relative de cette aide n’est pas la même selon les institutions. Si certaines organisations font état d’une perte de fonds allant jusqu’à 80 %, selon M. Masri, d’autres sont loin d’être aussi dépendantes ; par exemple, l’aide versée à la LAU en 2021 équivalait à environ 4 % de son budget cette année-là.

D’autres agences des Nations unies, comme le Fonds international d’urgence pour l’enfance (Unicef) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), risquent d’être fortement touchées par l’arrêt de l’aide, mais l’impact total n’a pas encore été déterminé.

Combien de personnes risquent d’être touchées ?

« Si nous estimons qu’au moins 10 projets étaient simultanément en cours en 2024, et que chaque projet nécessite environ 40 à 50 entrepreneurs, cela représente plus de 500 employés actuellement sans emploi », estime M. Maalouli. Mais le chiffre pourrait être en réalité beaucoup plus élevé, même si L’Orient-Le Jour n’a pas été en mesure de le déterminer. Certaines institutions ont ainsi licencié jusqu’à 85 % de leur personnel en une seule journée, précise M. Masri.

Depuis 2000, l’USAID a accordé plus de 10 000 bourses à des étudiants libanais. « Près de 87 000 étudiants ont bénéficié directement ou indirectement de cette aide, car le soutien américain ne se limite pas aux bourses, mais s’étend à la rénovation des écoles et au soutien des enseignants », note M. Maalouli.

Zoom sur l'Actu

Comment, en deux semaines, Trump a marqué le Moyen-Orient de son sceau

Lancé en 2023, l’USAID avait promis 96 millions de dollars pour son projet quinquennal Qitabi 3 afin d’améliorer l’alphabétisation et de promouvoir l’éducation dans tout le pays. Selon le site internet de l’ambassade des États-Unis, le programme visait à « améliorer les résultats d’apprentissage d’environ 350 000 apprenants, à renforcer les pratiques pédagogiques de 25 000 enseignants et à augmenter les taux de rétention dans 1 200 écoles publiques et privées à bas prix ». À cette fin, des centaines, voire des milliers d’étudiants pourraient ressentir l’impact des interruptions de l’aide.

À la LAU et à l’AUB, plusieurs bourses d’études sont également menacées. Si l’on considère une bourse annuelle de 20 000 à 30 000 dollars en fonction des prestations reçues, « nous parlons d’une perte d’environ 1,5 million de dollars en fonds de bourses rien que pour la LAU et l’AUB, sans compter les programmes de bourses plus modestes » pour une cohorte d’au moins 600 étudiants. « L’arrêt de l’aide pourrait compromettre leur capacité à poursuivre leurs études et les obliger à retourner dans les régions défavorisées d’où ils viennent », souligne M. Masri.

« Des établissements entiers de centres de santé publique (PHC) ont également été interrompus et fermés le jour de l’annonce du gel. » Financés par l’USAID et gérés par le ministère de la Santé publique, ces centres rendent généralement les soins de santé accessibles à ceux qui en ont besoin. « Le personnel a été licencié et privé de ses droits et de ses contrats, sans même recevoir de compensation pour le reste du mois », déclare M. Masri.

Enfin, de nombreuses communautés rurales devraient subir les effets de l’arrêt potentiel des aides. « D’énormes investissements dans le secteur agricole et les programmes de subsistance ont été prévus pour plus de 60 millions de dollars entre 2023 et 2024, au profit d’environ 35 000 ménages ruraux. Ces projets devraient générer près de 100 millions de dollars de revenus pour les entreprises agricoles à long terme », a indiqué M. Masri.

L’onde de choc créée par la décision de l’administration Trump, fin janvier, d’imposer une suspension de 90 jours de la quasi-totalité de l’aide financière vers l’étranger, sous réserve d’un examen de son administration, continue d’ébranler le secteur de l’aide au développement. Si un juge fédéral américain a ordonné une levée temporaire du gel de tous les financements de l’USAID le 13 février, celle-ci ne s’étend toutefois que jusqu’à la fin de la période d’examen. Et l’onde de choc n’épargne pas le Liban. « Des centaines d’employés de l’USAID au Liban ont également été mis en congé sans indemnités », a indiqué Ayad el-Masri, expert en mobilisation de ressources dans le domaine humanitaire. À lire aussi Gel de l’aide américaine : des centaines d’emplois au Liban en...
commentaires (2)

SI les details fournis par D Trump etaient vrais.... Les usa seraient stupides de ne pas y mettre le hola.... meme s'ils s'averaient etre vrais a 20 % ( chiffre qui est surement bcp + eleve ) assainir cette situation serait prioritaire. Ceci dit le titre des heureux receptionnaires des aides - associations etc,,,,) ne sont certainement pas signe d'impossiblite de corruption .

L’acidulé

09 h 56, le 23 février 2025

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • SI les details fournis par D Trump etaient vrais.... Les usa seraient stupides de ne pas y mettre le hola.... meme s'ils s'averaient etre vrais a 20 % ( chiffre qui est surement bcp + eleve ) assainir cette situation serait prioritaire. Ceci dit le titre des heureux receptionnaires des aides - associations etc,,,,) ne sont certainement pas signe d'impossiblite de corruption .

    L’acidulé

    09 h 56, le 23 février 2025

  • Avant de nous lancer dans l’augmentation des taxes – déjà commencer : 2025, la taxe eau a DOUBLE ! Bravo pour le politique d’Elon Musk : US aid , ONG( voleurs et centres terroristes). De même pour le Liban + (PLUS) salaires des ex. DÉPUTÉS + femme et filles célibataires. BASTA . Faites un AUDIT-vous verrez : AUCUNE augmentation de taxe n’est nécessaire. Espérons (s’ils OSENT) que le Président et Cie se lancent dans une PERESTROÏKA tant attendu ….

    aliosha

    20 h 02, le 21 février 2025

Retour en haut