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Culture - Évènement

À l’IMA, « un acte de solidarité culturelle, intellectuelle et humaine » pour l'écrivain dissident Boualem Sansal

Un événement exceptionnel se tiendra ce soir à 19h30 à l'Institut du monde arabe à Paris rassemblant des écrivains du monde entier, pour marquer leur engagement avec l’auteur détenu en Algérie depuis la mi-novembre et lui exprimer leur amitié.

À l’IMA, « un acte de solidarité culturelle, intellectuelle et humaine » pour l'écrivain dissident Boualem Sansal

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Photo Joel Saget/AFP

Daniel Pennac, Laure Adler, Roberto Saviano, Marie Ndiaye, Erik Orsenna, Catherine Cusset, Pierre Assouline, Kamel Daoud, Karina Sainz Borgo, Catherine Cusset, Pascal Bruckner, Camille Laurens, Paule Constant, Erri de Luca et de nombreux autres auteurs de renom ont répondu présent à l’invitation de Jack Lang et d’Antoine Gallimard. Les deux présidents, respectivement de l’Institut du monde arabe et des éditions Gallimard, ont eu à cœur d’organiser une soirée exceptionnelle pour évoquer la situation de Boualem Sansal et son œuvre. Animé par François Busnel, l’événement à l'IMA de ce mardi 18 février, à 19h30 heure de Paris, invite différentes auteurs à s’exprimer autour d’une citation de Camus, « Sans liberté, point d’art ; l’art ne vit que des contraintes qu’il se donne à lui-même, il meurt des autres. » ( Actuelles, IV). La soirée sera ponctuée de lectures, d’intermèdes musicaux et de la diffusion d’images d’archives inédites.

L'auteur franco-algérien de 75 ans, critique du pouvoir algérien, est détenu depuis le 16 novembre dernier. Il aurait été appréhendé à l'aéroport d'Alger, à sa descente de l’avion qui le ramenait de France. Il est poursuivi en vertu d'un article du code pénal algérien qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire national, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ».

D’une voix vibrante, Jack Lang dissipe d’emblée un éventuel malentendu. « Je ne veux pas politiser notre initiative en faveur de Boualem Sansal, elle ne vise pas à mettre en cause tel ou tel gouvernement, ou tel ou tel responsable. M. Gallimard et moi avons souhaité réunir des écrivains qui avaient à cœur d’exprimer leur amitié, leur affection, leur soutien et leur admiration pour un autre écrivain, aujourd’hui privé de liberté, en dehors de toute question politique ou diplomatique », explique l’ancien ministre.

À de nombreux égards, le sujet lui tient particulièrement à cœur. « Je suis personnellement lié à l’Algérie et au peuple algérien. Je suis né à la conscience civique à l’époque de la guerre d’Algérie, j’ai combattu le colonialisme et je me suis réjoui de l’indépendance du pays. J’ai noué des liens avec de très nombreux écrivains, cinéastes, hommes ou femmes de culture de ce pays. J’aime l’Algérie, j’aime ce peuple. Je souhaite qu’il puisse grandir en donnant la liberté à Boualem Sansal », dit-il. « Il y a trois ans, nous avons présenté des peintres contemporains de l’Algérie, dans quelques jours, une semaine sera dédié à la musique traditionnelle algérienne. Bientôt, une grande exposition rassemblera le grand peinte Benanteur et Claude Monet. Nous sommes en pleine harmonie avec le peuple algérien, et les combats qu’il a menés, sa culture, sa sensibilité. Nous ne voulons en aucune manière que la réunion de ce soir puisse contribuer a affecter les liens entre les deux peuples, entre les intellectuels et les créateurs des deux nations », insiste Jack Lang.

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Secrétaire générale des éditions Gallimard depuis 2019, Karina Houcine rappelle que depuis l’incarcération de Sansal, les nouvelles de Boualem Sansal sont à la fois régulières et inquiétantes. « Nous avons quelques informations de ses proches, mais malheureusement aucun calendrier judiciaire n’a été encore communiqué, c’est très angoissant. Il a un certain âge, il est malade, et il est entre l’hôpital et la prison de Koléa, à quelques kilomètres d’Alger », précise-t-elle.

« Nous espérons être plus informés dans les prochains jours. Ce que nous souhaitons aujourd’hui, c’est d’accomplir un acte de solidarité culturelle, intellectuelle et humaine, autour d’un immense écrivain, aujourd’hui empêché de s’exprimer », affirme vivement de son côté le président de l’IMA.

« Le pouvoir du verbe »

Boualem Sansal est publié chez Gallimard depuis son tout premier livre, Le Serment des barbares (1999). « Toute la maison d’éditions est bouleversée. Sansal est sans doute un des écrivains avec lequel les liens sont les plus étroits, il était logé chez nous, rue de l’Université. C’est un homme très aimable, apprécié de tous, des jeunes femmes de l’accueil aux différentes services ; il se sentait chez Gallimard comme à la maison », se souvient Karina Hocine. D’aucuns ont pu souligner le manque de réactivité de l’État français face à l’incarcération de l’auteur franco-algérien. « La relation franco-algérienne semblait particulièrement dégradée à ce moment-là, mais la France s’est très vite mobilisée . Notre maison d’édition agit à travers ses écrivains, qui ont manifesté une solidarité unanime. Elle est également très active avec les éditeurs étrangers avec lesquels nous travaillons », ajoute l’éditrice, en insistant sur le travail de sensibilisation remarquable qui a été mené. « Nous combattons avec nos armes, celles de la culture, de la liberté d’expression, de la création, et elle n’a pas de frontières. Nos éditeurs partenaires allemands ont été les premiers à organiser des manifestations, à aller voir des politiques et tenter des conciliations. Le 7 mars est prévu à Berlin un événement de soutien très important pour Sansal, un autre se tiendra fin mars à Bruxelles », poursuit Karina Hocine.

Quelle peut être la portée d’un événement comme celui de ce soir ? « Nous agissons avec les armes qui sont les nôtres, les mots, la littérature, peuvent beaucoup. L’incarcération de Boualem dit aussi le pouvoir du verbe. Parfois la parole est si forte qu’elle emmène les hommes en prison. Nous espérons que ce moment entre écrivains permettra d’ouvrir quelques fenêtres, si ce n’est la porte de la prison de l’écrivain », confie la secrétaire générale tout en réglant les derniers détails d’une soirée chargée d’enjeux, de tristesse et d’émotion.

Daniel Pennac, Laure Adler, Roberto Saviano, Marie Ndiaye, Erik Orsenna, Catherine Cusset, Pierre Assouline, Kamel Daoud, Karina Sainz Borgo, Catherine Cusset, Pascal Bruckner, Camille Laurens, Paule Constant, Erri de Luca et de nombreux autres auteurs de renom ont répondu présent à l’invitation de Jack Lang et d’Antoine Gallimard. Les deux présidents, respectivement de l’Institut du...
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Pour bien comprendre la démocratie populaire algérienne : un diplomate de l'ambassade de France à Alger doit demander la permission de la Police ou du gouvernement algérien s'il veut se déplacer à la prison où est incarcéré Boualem Sansal . Un diplomate français d'Alger s'était déplacé en Kabylie pour féliciter les pompiers venus de France. Il s'était fait raccompagner fissa par la police

Dorfler lazare

13 h 01, le 18 février 2025

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  • Pour bien comprendre la démocratie populaire algérienne : un diplomate de l'ambassade de France à Alger doit demander la permission de la Police ou du gouvernement algérien s'il veut se déplacer à la prison où est incarcéré Boualem Sansal . Un diplomate français d'Alger s'était déplacé en Kabylie pour féliciter les pompiers venus de France. Il s'était fait raccompagner fissa par la police

    Dorfler lazare

    13 h 01, le 18 février 2025

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