
La plaque en pierre dégradée dans le village de Jarmak, à Jezzine. La photo du président de la République est complètement recouverte par les inscriptions. Photo envoyée par la municipalité
Une plaque commémorative à l’effigie du président de la République Joseph Aoun, comportant sa photo et le nom de la rue (qui porte son nom), ainsi que la pancarte bleue de la rue elle-même, ont fait l’objet d’un acte de vandalisme dans le village de Jarmak, caza de Jezzine (Liban-Sud). Vers 16h ou 16h30 environ dimanche, un ou des inconnu(s) ont gribouillé sur la plaque en pierre le nom du « sayyed martyr Hassan Nasrallah », en référence à l’ancien secrétaire général du Hezbollah assassiné par Israël le 27 septembre 2024, confirme à L’Orient-Le Jour le président du conseil municipal de Jarmak, Nabil Chedid.
Sur la photo qu’il a envoyée de la plaque commémorative dégradée, on constate que le visage du président a été recouvert de blanc de manière à le rendre méconnaissable, et que le logo du Hezbollah, dont une lettre est présentée comme une main portant un fusil, vient recouvrir la photo. Sur la pancarte bleue officielle de la rue, le nom du général Joseph Aoun est remplacé par « Sayyed Nasrallah ».
Le village de Jarmak est voisin de celui de Aïchiyé, la localité d’origine de Joseph Aoun. « Cette plaque commémorative existait avant l’élection du général Joseph Aoun à la présidence de la République, alors qu’il était commandant en chef de l’armée, et la rue a été nommée ainsi par décision municipale », explique Nabil Chedid.

Joseph Aoun a été élu à la tête de l’Etat le 9 janvier dernier, après plus de deux ans de vacance présidentielle. En fin de semaine dernière, des manifestants du Hezbollah ont incendié une voiture de la Finul sur la route de l’aéroport de Beyrouth, et leurs mouvements ont été réprimés par l’armée durant les jours qui ont suivi. Hassan Nasrallah devrait être officiellement inhumé lors d’une cérémonie le 23 février prochain.
Bien que l’acte de vandalisme contre la plaque à l’effigie de Joseph Aoun ait eu lieu en pleine journée, aucun témoin n’a pu en identifier les auteurs. « Le propriétaire du café d’en face avait quitté les lieux vers 15h, personne n’a donc rien vu », explique le président du conseil municipal. Il appelle les autorités « à identifier les responsables de ces actes le plus rapidement possible ». « Je ne sais pas qui ils sont, ni à quelle communauté ils appartiennent, mais leur objectif est à coup sûr de provoquer la discorde en s’en prenant à la personne du chef de l’Etat, par un acte aussi irresponsable que stupide », ajoute-t-il.
Le Hezbollah dénonce
Alors même que la municipalité a déjà procédé au nettoyage de la plaque en pierre et s’apprête à remplacer le panneau en métal, certains ont dénoncé cet acte de vandalisme contre un président fraîchement élu. La plus importante réaction est venue du Hezbollah lui-même, qui a dénoncé l’acte de vandalisme, le considérant comme « visant par excellence à semer la discorde, d’autant plus que son timing est très délicat, à la veille de l’échéance du retrait israélien du Liban-Sud ».
« Cet acte répréhensible est en totale contradiction avec les principes du parti et ceux de son ancien secrétaire général et martyr de la nation, sayyed Hassan Nasrallah », poursuit le texte. Estimant que cet acte de vandalisme « vise à nuire à la relation du parti avec le président de la République », le communiqué du Hezbollah appelle à « faire échouer ce plan de discorde ».
La députée des Forces libanaises de Jezzine, Ghada Ayoub, a estimé sur X que cet acte « est répréhensible à tous les niveaux, parce qu’il cible l’un des symboles de l’unité nationale et de la protection de la Constitution ». Elle a appelé les forces de sécurité « à arrêter et pénaliser au plus vite les responsables de cet acte, étant donné la portée du crime contre le pays dans son intégralité ».
De son côté, le moukhtar du village, Farès Khattar, a qualifié cet acte « d’irresponsable, à un moment où les efforts devraient être concentrés sur le retour des déplacés des villages du Sud », après la guerre entre Israël et le Hezbollah, dont le cessez-le-feu a été prolongé jusqu’au 18 février. « Il faut éviter à tout prix d’entrer dans le jeu de ceux qui cherchent à semer la discorde », a-t-il poursuivi.
Au lieu de s’offusquer, le Hezbollah ferait mieux de ranger ces quelques chiens enragés issus de ce qui reste comme partisans
08 h 01, le 18 février 2025