
Des motocyclistes font la queue dans une station-service à Beyrouth en juin 2023. João Sousa/L’Orient-Le Jour
Le gouverneur de Beyrouth, Marwan Abboud, a décidé d’interdire la circulation des motos de 19h à 5h du matin dans la zone administrative de Beyrouth, avec certaines exceptions soumises à des conditions spécifiques, a annoncé vendredi le département des relations publiques de la municipalité de Beyrouth dans un communiqué, et ce à partir du 24 février.
Cette décision fait suite à une augmentation des vols et des pickpockets au Liban, souvent commis à l’aide de motos. Une source sécuritaire a déclaré à L’Orient Today plus tôt cette semaine que 87 vols violents ont été recensés en janvier, contre 66 le mois précédent, marquant une augmentation de 32 %. Le vol à la tire a quant à lui explosé, avec 63 cas enregistrés en janvier 2025 contre 35 en décembre 2024, soit une hausse de 80 %. Comparés à la moyenne mensuelle de l’ensemble de l’année 2024, ces chiffres montrent une augmentation encore plus marquée, avec une hausse d’environ 85 % des vols et 133 % des pickpockets.
En 2022, 289 000 motos étaient enregistrées, selon la société privée Information International, mais ce chiffre ne représente qu’environ 20 % du nombre total de motos circulant sur le sol libanais, la majorité n’étant pas immatriculées, a rapporté vendredi le quotidien Nidaa al-Watan. « Le nombre de motos a clairement augmenté au cours des deux dernières années, avec un taux d’importation atteignant environ 50 000 motos par an ou plus, portant le nombre approximatif de motos à environ un million et demi », a ainsi déclaré Mohammad Chamseddine, chercheur à Information International, à ce journal.
Exemptions
La liste des exemptions à cette interdiction comprend les motos appartenant à « divers organismes de sécurité, administrations et institutions publiques, municipalités, unions municipales, institutions indépendantes et missions diplomatiques ».
De plus, l’interdiction ne s’applique pas aux motos utilisées par des entreprises et institutions privées, les sociétés de tourisme, les restaurants assurant régulièrement des services de livraison ainsi que les agences de presse et les médias, journalistes, photographes, journaux et magazines. Une règle qui demeure valable que ces motos appartiennent à l’entreprise ou aux employés eux-mêmes, à condition que les conducteurs portent des cartes prouvant leur emploi après 19h, tamponnées par l’entreprise ou l’institution, et accompagnées d’un titre de séjour valide pour les étrangers, sous réserve que la moto réponde à toutes les exigences légales.
Sont également exemptées de l’interdiction les motos appartenant au personnel médical et infirmier, aux pharmaciens, aux ingénieurs, aux pompiers, à la Défense civile, à la Croix-Rouge, aux autorités sanitaires ainsi qu’aux employés des institutions dont la nature du travail exige qu’ils restent en service au-delà des heures d’interdiction, sous réserve qu’ils puissent en apporter la preuve.
Par ailleurs, le communiqué précise que les conducteurs de moto non exemptés de l’interdiction, mais qui sont contraints par une nécessité absolue d’être sur la route après 19h, doivent soumettre une demande écrite au bureau du gouvernorat, accompagnée de documents d’identification légaux, expliquant les raisons impérieuses de leur présence nocturne. La demande sera ensuite étudiée et une décision sera prise quant à la possibilité de leur accorder une autorisation exceptionnelle.
Réactions
Hamad Tleiss, qui conduit fréquemment sa moto à Beyrouth, s’oppose fermement à cette décision : « Il y a beaucoup de gens qui utilisent des motos et n’ont pas d’alternative, car elles permettent d’éviter les embouteillages et d’arriver plus rapidement à destination. » Pour ce vingtenaire, « cette décision va créer de nombreux problèmes pour les motocyclistes, en particulier ceux qui travaillent à Beyrouth », proteste-t-il, précisant toutefois soutenir l’obligation d’immatriculation.
Pour autant, cet employé de la société de livraison Toters, souhaitant témoigner anonymement, qualifie cette décision de « positive », permettant de « lutter contre les vols et les pickpockets ». Et d’insister : « J’espère que l’État appliquera cette mesure et ne laissera circuler aucune moto pendant la nuit. » Pour ceux dont la moto est le véhicule de travail, il rappelle que cette décision ne prend effet que la nuit. Lui-même a pris l’habitude d’arrêter son travail et de rentrer chez lui tous les jours à 21h à cause des vols qui se multiplient.
Enfin, un habitant de Beyrouth souhaitant rester anonyme et qui fait partie des catégories exemptées a déclaré qu’il allait probablement demander une autorisation afin de pouvoir circuler, en espérant que « cela sera facile et rapide à obtenir ». Lui estime que « théoriquement, cela pourrait être un moyen de réduire les vols, mais nous devons encore voir comment cela sera mis en place et appliqué ».
Concrètement, cette mesure va pousser les mobylettes vers les banlieues qui vont se prendre en pleine gueule lesdits vols. Une première mesure serait de confisquer les mobylettes non enregistrées et d'en contrôler l'importation. Aujourd'hui, les FSI n'arrêtent même pas les motards sans casque....
08 h 41, le 08 février 2025