
Le sérail gouvernemental, dans le centre-ville de Beyrouth. Photo Mohammad Yassine / L'OLJ
Après bientôt un mois d'âpres négociations, la fumée blanche est enfin apparue du côté du palais de Baabda ce samedi 8 février.
Après une annonce qui semblait imminente jeudi, un imbroglio de dernière minute sur l'identité du cinquième ministre chiite a retardé l'échéance jusqu'à samedi. Ce cinquième ministre est finalement Fadi Makki, ministre du Développement administratif.
Entre les « critères » établis par Nawaf Salam et les « quote-parts » exigés par les différentes formations politiques, nombreux ont été les désaccords sur la répartition des 23 portefeuilles ministériels, en particulier celui des Finances. De quoi retarder jusqu'à ce 8 février la nomination de ce nouveau gouvernement qui rassemble des personnalités issues de nombreuses composantes du spectre politique, allant des Forces Libanaises (FL) au tandem chiite Amal-Hezbollah, assorties d'anciennes figures de précédents gouvernements et quelques indépendants. À noter qu'aucun des noms du gouvernement sortant de Nagib Mikati n'a été reconduit dans ce nouveau cabinet ministériel, qui marque par ailleurs le passage du Courant Patriotique Libre (CPL) dans l'opposition, après avoir été le parti le plus représenté dans le dernier, avec cinq portefeuilles.
À compter de ce samedi, ce premier gouvernement de l'ère Joseph Aoun dispose de 30 jours pour obtenir la confiance de la chambre des députés. Voici la liste des ministres qui le composent :
- Vice-président du Conseil des ministres : Tarek Mitri

Originaire de Tripoli, Tarek Mitri a occupé entre 2005 et 2011 plusieurs postes ministériels dans quatre gouvernements libanais successifs, notamment ceux de l’Environnement, du Développement administratif, de la Culture et de l’Information. Il a également assumé par intérim les fonctions de ministre des Affaires étrangères avant de devenir le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Libye de 2012 à 2014. Il succède à ce poste à Saadé Chami, affilié au Parti national-socialiste syrien (PSNS).
- Ministre des Finances : Yassine Jaber

Sa désignation est sans doute celle qui a fait le plus couler d'encre ces dernières semaines. Réclamé par le tandem chiite malgré les protestations de l'opposition, le portefeuille-clé des Finances a finalement été attribué à Yassine Jaber, qui fait partie de la quote-part du Mouvement Amal. Après ses fonctions à l’Économie et au Commerce entre 1995 et 1998, puis aux Travaux publics et Transports de 2004 à 2005, l'homme d'affaires a fait un passage remarqué au sein de la commission parlementaire des Finances et du Budget pendant plus d'une décennie en tant que parlementaire jusqu'en 2022. Il succède à Youssef Khalil (Amal).
- Ministre de la Culture : Ghassan Salamé
Le nouveau ministre de la Culture, Ghassan Salamé. Photo d'archives L'OLJ.
Géopolitologue de renom et professeur à l’Université de la Sorbonne et à Science-Po Paris, Ghassan Salamé avait occupé ce même poste de ministre de la Culture de 2000 à 2003 au sein du gouvernement de Rafic Hariri. En 2003, il fut l'envoyé spécial de l'ONU en Irak avant de jouer le même rôle en Libye de 2017 à 2020. Il succède à Mohammad Mortada, affilié au Hezbollah.
- Ministre de l'Intérieur : Ahmad Hajjar
Le nouveau ministre de l'Intérieur, le général Ahmad Hajjar. Photo armée libanaise
Titulaire du grade de général, Ahmad Hajjar a passé 38 ans de service au sein des Forces de Sécurité Intérieure (FSI). Il succède à Bassam Maoulaoui, affilié au parti sunnite du Courant du futur.
- Ministre des Affaires étrangères : Joe Raggi
Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Joe Raggi. Photo Ennashr
Nommé en lieu et place d'Abdallah Bou Habib (CPL), Joe Raggi a été chargé d’affaires du Liban à Amman et a largement contribué au développement des relations entre le Liban et la Jordanie. Avant d’entrer dans le corps diplomatique, il avait travaillé dans les années 1980 comme journaliste à L’OLJ. Il fait partie de la quote-part des Forces Libanaises. Il succède à Abdallah Bou Habib, ministre de la quote-part du CPL.
- Ministre de l'Environnement : Tamara Elzein

Docteure en chimie physique, Tamara Elzein était devenue en juillet 2022 la première femme à être nommée à la tête du Conseil national de la recherche scientifique au Liban (CNRS-L), puis de la Commission des Sciences de l'Unesco en novembre 2023. Elle succède à Nasser Yassine et fait partie de la quote-part du Mouvement Amal.
- Ministre de la Défense : Michel Menassa
Le nouveau ministre de la Défense, Michel Menassa. Photo fournie par l'armée libanaise.
Officier libanais à la retraite, le général de brigade Michel Menassa, succède à Maurice Slim au ministère de la Défense. Il a notamment occupé le poste d’inspecteur général au ministère de la Défense nationale et a également travaillé au Palais présidentiel.
- Ministre de l'Économie : Amer Bsat
Le nouveau ministre de l'Economie, Amer Bsat. Photo tirée du profil officel de M. Bsat sur le site du Middle East Institute
Titulaire d'un doctorat en économie à l'Université de Colombia aux États-Unis, Amer Bsat est responsable mondial des marchés émergents chez BlackRock, où il travaille depuis 2013. Entre 1991 et 1998, il a été économiste principal au Fonds Monétaire International (FMI), où il a participé à la négociation de programmes de premier plan avec la Russie, l'Ukraine et l'Égypte.
Il fait partie de la quote-part du Premier ministre et succède à Amine Salam, affilié au mouvement Azm, fondé par le Premier ministre sortant Nagib Mikati.
- Ministre du Tourisme : Laura el-Khazen Lahoud
Laura el-Khazen Lahoud. Michel Sayegh/Archives L'OLJ
Laura el-Khazen Lahoud est diplômée en mathématiques de la London School of Economics et Political Sciences, elle est directrice exécutive de l’hôtel Al Bustan à Beit Méry, sur les hauteurs de Beyrouth, qui a été fondé par son grand-père, et elle s'occupe également de l’organisation du Festival International de musique classique. Elle est également membre du conseil d'administration du C.A.T. Group, un groupe d'entrepreneurs spécialisé dans les services d'ingénierie et de construction. Elle succède à Walid Nassar.
- Ministre de l'Éducation : Rima Karamé
La nouvelle ministre de l'Éducation, Rima Karamé. Photo tirée de la page officielle de Mme Karamé.
Originaire du Akkar, Rima Karamé est une professeure spécialisée en gestion de l’éducation et dans les politiques éducatives. Professeure associée et présidente de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), elle est également directrice du projet « Tamam », une initiative régionale pour l'amélioration durable des écoles. Elle fait de la quote-part du Premier ministre et succède à Abbas Halabi, affilié au Parti social progressiste (PSP) de Taymour Joumblatt.
- Ministre de l'Énergie et de l'Eau : Joe Saddi
Le ministre de l'Énergie et de l'Eau, Joe Saddi. Photo LinkedIn
Homme d'affaires, Joe Saddi occupe depuis 2014 le poste de président du conseil d'administration pour le Moyen-Orient de Strategy&, faisant partie du réseau PwC (anciennement Booz & Company). Il a notamment dirigé d'importants programmes de privatisation dans les secteurs du pétrole et de l'électricité au Moyen-Orient et conseillé plusieurs gouvernements sur la réorganisation de compagnies pétrolières nationales. Il fait partie de la quote-part des Forces Libanaises et succède à Walid Fayad, affilié au CPL.
- Ministre des Affaires sociales : Hanine Sayyed
La nouvelle ministre des Affaires sociales, Hanine Sayyed. Photo tirée du compte W de Mme Sayyed.
Économiste de formation et diplômée des universités de Stanford et de Columbia, Hanine Sayyed est experte des questions de protection sociale au sein de la Banque mondiale (BM) pour la région du Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Elle a notamment coordonné la réponse de la BM à la crise syrienne entre 2011 et 2017. Elle fait partie de la quote-part du Premier ministre et succède à Hector Hajjar, affilié au CPL.
- Ministre des Travaux publics et des Transports : Fayez Rassamny
Le nouveau ministre des Travaux publics et des Transports, Fayez Rasamny. Photo tirée du compte Facebook de M. Rasamny
Fayez Rassamny est un homme d'affaires dans le secteur de l'automobile. Il est notamment devenu directeur général de la société Rymco et d'Al Samrya Motors. Il fait également partie de la quote-part du PSP et succède à Ali Hamiyé, affilié au Hezbollah.
- Ministre de l'Industrie : Joe Issa el-Khoury

Joe Issa el-Khoury a occupé des postes à responsabilité dans plusieurs banques d'investissement, dont Merill Lynch, le groupe Saradar et a assuré la présidence de M1 Groupe, une holding basée à Beyrouth qui détient des parts dans plusieurs sociétés dans les domaines des télécommunications, de l'énergie et de l'immobilier. Il a occupé par ailleurs le poste de secrétaire général de « Ittihadiyoun », une association fédéraliste au Liban. Il fait partie de la quote-part des Forces Libanaises et succède à Georges Bouchikian (Tachnag).
- Ministre de l'Agriculture : Nizar Hani

Titulaire d’un doctorat en sciences agricoles et alimentaires de l’Université Saint-Esprit de Kaslik, Nizar Hani occupe depuis 2010 la fonction de directeur de la réserve naturelle des Cèdres du Chouf. Il a notamment travaillé en tant que conseiller au ministère de l'Environnement entre 2012 et 2020 et avait remporté une distinction de l'Unesco pour ses projets en faveur de la préservation des écosystèmes au Liban en 2013. Il fait partie de la quote-part du PSP et succède à Abbas Hajj Hassan, affilié au mouvement Amal.
- Ministre de la Jeunesse et des Sports : Nora Baïrakdarian
La ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Baïrakdarian. Photo tiree d'internet
Nora Bairakdarian est professeur de relations internationales et chef du département des relations internationales à la Faculté de droit et de sciences politiques de l'Université libanaise et membre du conseil scientifique de l'école doctorale de droit, de sciences politiques, administratives et économiques. Elle est maître de conférences en relations internationales au département de sciences politiques et d'administration publique de l'AUB. Elle est membre du Conseil économique, social et environnemental du Liban pour un second mandat et présidente de la Commission de la science, de la technologie et de l'innovation au sein du Conseil. Elle succède à Georges Kallas (indépendant).
- Ministre des Télécommunications : Charles Hage

Charles Hage est co-fondateur et directeur exécutif de la compagnie de télécommunications Mada Communications International. Il est ancien président et membre fondateur de la Fondation maronite dans le monde. Il succède à Johnny Corm.
- Ministre des Déplacés et ministre d’État pour la technologie d’information et l’intelligence artificielle : Kamal Chéhadé
Ministre des Déplacés et ministre d’État pour la technologie d’information et l’intelligence artificielle, Kamal Chéhadé. Photo tirée d'internet
Président des affaires juridiques et réglementaires du groupe Emirates Telecommunications. Il fait partie de la quote-part des Forces Libanaises et succède à Johnny Corm (Marada).
- Ministre du Travail : Mohammad Haïdar
Le Dr. Mohammad Haïdar, ministre du Travail. Photo tirée du site de l'AUB.
Directeur du département de médecine nucléaire à l’hôpital universitaire de Beyrouth. En 2013, le Dr. Haidar a été nommé à l'AUB en tant que professeur assistant, et a gravi les échelons académiques pour devenir professeur associé en 2018 (2018-aujourd'hui). Il fait partie de la quote-part du Hezbollah et succède à Moustapha Bayram, affilié au Mouvement Amal.
- Ministre de la Santé : Rakan Nassereddine
Le Dr. Rakan Nassereddine, nouveau ministre de la Santé. Photo Facebook
Il fait lui aussi partie de la quote-part du Hezbollah et succède à Firas Abiad, affilié au Courant du futur. Rakan Nassereddine est un médecin spécialisé en chirurgie vasculaire qui exerce à l’AUBMC. Il est également chercheur dans son domaine.
- Ministre de l'Information : Paul Morcos
Paul Morcos, ministre de l'Information. Photo tirée de Facebook
Paul Morcos est un avocat, professeur de droit, fondateur et président du bureau Justicia Beirut Consult, qui contribue entre autres à la sensibilisation dans le domaine légal, par le biais d’un réseau d’organisations gouvernementales et non-gouvernementales élargi. Il succède à Ziad Makari, affilié au Marada.
- Ministre du Développement administratif : Fadi Makki
Fadi Makki, ministre du développement administratif. Photo tirée du site du BCG
Fadi Makki est partenaire et directeur du Behavioral Science Lab du Boston Consulting Group et du département du personnel et de l’organisation de l'entreprise. Il est le fondateur de Nudge Lebanon et a été le premier chef de la première unité d'analyse comportementale au Moyen-Orient - B4Development (anciennement Qatar Behavioural Insights Unit) - au sein du comité suprême pour la livraison et l'héritage, où il a également été conseiller du secrétaire général. Il copréside actuellement le groupe consultatif technique de l'OMS sur les connaissances et les sciences comportementales pour la santé et est professeur adjoint à la HBKU au Qatar. Il succède à Najla Riachi.
- Ministre de la Justice : Adel Nassar
Le ministre de la Justice Adel Nassar. Photo tirée du site du cabinet Raphael et Associés
Adel Nassar est un avocat inscrit aux barreaux de Beyrouth et de Paris. Fils d’Amine Nassar (président du Conseil supérieur de la magistrature dans les années 1980 sous le mandat d’Amine Gemayel), il a étudié à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth, à l'Université Paris II et à Harvard, à Boston. Il a contribué à la rédaction du projet de loi libanaise sur le gaz et le pétrole et aux travaux de la commission parlementaire chargée de la modernisation du Code de commerce. Sa pratique se concentre sur l’arbitrage, la banque, la construction, le droit des sociétés et du commerce, ainsi que la finance. Il siège au conseil d’administration de plusieurs entreprises, y compris de grandes compagnies d’assurance multinationales.
On saute des anciens ministères maudits d’avance à un ministère comportant des gens capables, instruits, honnêtes jusqu’à preuve du contraire, et qui ont fait leurs preuves. cerise sur le gateau pas de tiers de blocage, ce n’est pas peu dire ! Alors espérons des jours meilleurs. Le pays en a vivement besoin après la dictature des armes vendues.
08 h 50, le 11 février 2025